Ficool

Chapter 12 - Chapitre 12 : Le Choc et le Désir

Cela faisait cinq jours que nous étions à la Clairière. Cinq jours à s'habituer au rythme étrange de cet endroit, entre moments de calme bucolique et nuits de frénésie sauvage. Cinq jours à observer, à me fondre dans le décor.

Mes interactions se limitaient essentiellement à Eliot. Il était gentil, prévenant, drôle. Nous avions pris l'habitude de nous retrouver pour les repas, de discuter, de rire. C'était confortable. Rassurant. Et atrocement ennuyeux. Il me traitait avec un respect qui frisait la déférence depuis notre altercation à la salle de sport, mais il n'y avait pas d'étincelle, pas de feu. Juste une amitié tiède. Et je sentais que j'avais besoin de plus. Bien plus.

Tyna, elle, vivait sa meilleure vie. Sven, le grand blond, était devenu son ombre – ou elle la sienne. On les voyait partout, se dévorant des yeux, se touchant avec une possessivité qui en disait long sur la nature de leurs nuits. Maria, plus discrète, semblait avoir trouvé un petit groupe d'amies avec qui elle passait son temps, à l'écart de l'agitation principale. Et Kaicee… Kaicee rayonnait. Leo, le bêta aux lunettes, était constamment avec elle. Ils se parlaient à voix basse, se tenaient la main, et elle avait ce sourire doux et rêveur que je ne lui avais jamais vu. Elle était persuadée d'avoir trouvé « le bon ». Et je l'enviais un peu.

Ce matin-là, un peu lasse de cette routine et cherchant un prétexte pour sortir, je décidai d'aller à la « pharmacie » du camp – une petite cabane tenue par une guérisseuse où l'on trouvait des tisanes, des baumes et des remèdes naturels. J'avais mal à la tête, sans doute à cause du vin épicé de la veille.

Je pris un chemin détourné, histoire de prolonger la balade, perdue dans mes pensées. Le camp était calme, la plupart des occupants dormant encore des excès de la nuit.

Alors que je m'engageais dans une ruelle étroite entre deux rangées de cabanes, un bruit me fit m'arrêter net. Un bruit sourd, rythmé, entrecoupé de grognements étouffés et de gémissements aigus.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je savais ce que c'était. Ici, ce n'était pas rare d'entendre des ébats derrière les buissons ou dans l'ombre des arbres. Mais celui-ci semblait… plus intense. Plus urgent.

Je jetai un regard furtif au coin de la ruelle.

Et je les vis.

Eux.

Il était là, dos à moi, muscles du dos et des épaules tendus à l'extrême, peau luisante de sueur. Ses mains agrippaient les hanches d'une louve penchée en avant, la tenant fermement contre lui. Ses hanches allaient et venaient avec une force et une vitesse sauvages, sa chair claquant contre la sienne avec un bruit cru qui résonnait dans le silence du matin. La louve, les mains plaquées contre le mur de la cabane, la tête rejetée en arrière, criait à chaque poussée, un mélange de plaisir et de souffrance.

C'était lui. Le beau dieu aux yeux noisette. L'Inconnu qui m'avait transpercée du regard lors de la fête.

Et il était en train de prendre sa compagne avec une sauvagerie qui me coupa le souffle.

Je restais figée sur place, incapable de bouger, de détourner les yeux. C'était obscène. C'était violent. C'était… hypnotisant.

C'est à ce moment-là qu'il tourna la tête. Son regard, noyé dans le plaisir et l'effort, balaya l'air et se posa sur moi.

Nos yeux se rencontrèrent.

Et il ne cilla pas. Il ne s'arrêta pas. Au contraire. Son regard se fit plus intense, plus sombre, plus chargé. Il continua à bouger, ses yeux plantés dans les miens, comme s'il me défiait, comme s'il me prenait, moi aussi, dans cet acte brutal et intime. Comme si c'était moi qu'il était en train de baiser contre ce mur.

Un afflux de chaleur violent et humiliant m'envahit, montant de mon ventre à mes joues. Je sentis mes jambes trembler, une moiteur coupable et indésirable perler entre mes cuisses. Mon cœur battait à tout rompre, non pas de peur, mais d'une excitation terrifiante et primitive.

La louve, sentant peut-être son attention se détourner, ou percevant ma présence, tourna également la tête. Ses yeux, vitreux de plaisir, se posèrent sur moi. La honte et la colère y brillèrent soudain. Elle se débattit faiblement.

« Arrête… quelqu'un… » gémit-elle.

Mais l'homme – mon inconnu – ignora sa protestation pendant une seconde de plus, ses yeux rivés aux miens, achevant sa course avec un grognement rauque et profond qui sembla me vibrer dans les os.

Puis, enfin, il se retira.

La louve se redressa aussitôt, rabattant sa robe d'un geste furieux et humilié. Elle me jeta un regard noir, plein de haine, avant de tourner les talons et de s'enfuir en courant sans un regard pour lui.

Il resta là, se relevant lentement, ajustant son pantalon sans la moindre gêne. Son regard ne me quittait toujours pas. Il avait un petit sourire torve, satisfait, aux lèvres. Un sourire de prédateur qui venait de faire saillie et qui en était fier.

La panique me submergea enfin. Je pivotai sur mes talons et je m'enfuis, le sang me battant aux tempes, la vision brouillée. Je courus jusqu'à la pharmacie, entrai sans même saluer la guérisseuse, attrapai le premier sachet de tisane que je vis, jetai quelques pièces sur le comptoir et ressortis aussi vite, sans un mot.

Je courus presque jusqu'à notre cabane, slalomant entre les arbres, le visage en feu.

Je claquai la porte derrière moi et m'adossai contre, haletante, comme si je venais d'échapper à un danger mortel.

Qu'est-ce que j'ai vu ?

La scène se rejouait en boucle dans ma tête. La puissance brute de son corps. Le son de la chair contre la chair. Le grognement animal qu'il avait poussé. Et surtout… son regard. Ce regard qui m'avait transpercée, possédée, violée à distance.

C'était répugnant. C'était bestial. C'était irrespectueux envers cette fille.

Et pourtant.

Et pourtant, mon corps avait réagi. Brûlant. Tremblant. Excité malgré moi.

Je fermai les yeux, essayant de chasser l'image, mais elle était gravée au fer rouge sur mes paupières. L'Inconnu n'était plus une simple silhouette séduisante. C'était une force de la nature. Sauvage. Imprévisible. Dangereuse.

Et je savais, avec une certitude terrifiante et excitante, que je n'étais pas au bout de mes surprises avec lui.

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