Deux semaines. Deux semaines qui avaient filé à une vitesse incroyable, teintées de la douceur étrange et nouvelle de cette proximité avec Jared. La nuit dans ses bras, après nos confidences au bord du ruisseau, avait été… paisible. Incroyablement paisible. L'image du mâle sauvage et dominateur s'était estompée pour laisser place à celle d'un homme attentif, drôle, et oui, d'un gros nounours une fois les inhibitions tombées. Nous avions passé nos journées à nous découvrir, à rire, à nous entraîner parfois, et nos soirées à parler, enlacés sous les étoiles ou au coin du feu.
Mais demain marquait la fin de tout cela. Le dernier week-end avant le retour à la maison, à la réalité, à Aleksei, à Tyson. Une lourdeur commençait à peser sur mes épaules à cette pensée.
Et il y avait la dernière soirée d'accouplement. La dernière chance. Le dernier choix.
Je le trouvai près des enclos à bois, en train de vérifier l'état d'un arc avec une concentration qui me fit sourire. Il leva les yeux à mon approche, et son visage s'illumina instantanément de ce sourire qui, désormais, faisait battre mon cœur un peu plus vite.
« Coucou… » dis-je, un peu nerveuse, jouant avec un bout de ficelle.
« Coucou toi-même, » répondit-il en posant l'arc. « Tu as l'air toute sérieuse. »
Je pris une profonde inspiration, fixant un point sur son torse pour ne pas avoir à affronter son regard tout de suite. « Tu sais… pour la soirée d'accouplement. La dernière. »
Je levai finalement les yeux. Il me regardait, attentif, sans rien dire, me laissant le temps de rassembler mes mots.
« Cette fois-ci… » Ma voix se fit plus basse, et je sentis la chaleur monter à mes joues. Je détournai le regard, incapable de soutenir le sien plus longtemps. « … je ne dirais rien si tu mets mon nom. »
Le silence qui suivit fut bref mais intense. Je vis son souffle se bloquer, puis une onde de chaleur passer dans son regard. Ses yeux noisette, toujours si expressifs, se firent plus sombres, plus intenses, chargés d'une compréhension parfaite et d'un désir ravivé.
Il ne dit rien tout de suite. Il s'approcha lentement, jusqu'à ce que je puisse sentir la chaleur de son corps, l'odeur familière de bois et de feu qui lui collait à la peau.
« Jenna, » murmura-t-il, sa voix rauque et douce à la fois. « Regarde-moi. »
Je obéis, levant timidement les yeux vers les siens. Il n'y avait plus trace d'amusement, seulement une gravité et une tendresse qui me firent fondre.
« Tu es sûre ? » demanda-t-il, posant une main sur ma joue, son pouce caressant ma peau brûlante. « Vraiment sûre ? Je ne veux pas que tu aies des regrets. Je ne veux pas que tu fasses ça parce que tu penses que c'est ce qu'il faut faire, ou parce que tu as peur de me décevoir. »
Je fermai les yeux un instant, savourant le contact de sa main. Sa préoccupation pour mes sentiments, son refus de prendre quoi que ce soit pour acquis, achevèrent de dissiper mes derniers doutes.
« Je suis sûre, » chuchotai-je en rouvrant les yeux, trouvant enfin le courage de le regarder droit dans les yeux. « Je le veux. Je te veux. »
Un sourire, lent et radieux, illumina son visage. C'était un sourire de bonheur pur, de triomphe doux, si différent de ses sourires arrogants d'avant.
« Dans ce cas, » dit-il en se penchant pour déposer un baiser doux et bref sur mes lèvres, une promesse, « considère que c'est fait. »
Il resta là, son front contre le mien, nos respirations mêlées.
« Mais sache une chose, » ajouta-t-il, sa voix redevenant sérieuse. « Pour moi, ce ne sera pas juste une dernière nuit. Pas juste de l'accouplement. »
Mon cœur fit un bond. « Non ? »
« Non, » confirma-t-il, ses yeux plongés dans les miens. « Ce sera un commencement. »
Ces mots résonnèrent en moi, chassant les dernières ombres de l'incertitude. Ce n'était pas une fin, mais un début. Quelle que soit la réalité qui nous attendait au-dehors, cette nuit serait à nous.
Je hochai la tête, un sourire enfin libre aux lèvres. « Un commencement. »
Il m'embrassa de nouveau, plus profondément cette fois, scellant notre pacte dans le silence du bois, sous le ciel de la dernière semaine, alors que tout, autour de nous, était sur le point de changer.