Ficool

Chapter 13 - Chapitre 13 : Le Déjeuner et l'Inconnu

Quatre jours. Quatre jours que l'image de lui, me hantait. Quatre jours que je tentais de noyer ce souvenir dans la routine, les conversations légères avec Eliot et les rires des filles. Mais c'était comme une braise sous la cendre, prête à s'embraser au moindre souffle.

Ce midi-là, décidée à éviter la foule, je me rendis au réfectoire plus tard que d'habitude. L'air était plus calme, moins chargé de rires bruyants et de phéromones agressives. Je cherchai des yeux un endroit où m'installer, et je les vis.

Kaicee était assise à une table, rayonnante, à côté de Leo. Le bêta aux lunettes lui murmurait quelque chose à l'oreille qui la faisait rire aux éclats. Et il y avait une troisième personne, assis de l'autre côté de la table, dos à moi. Une carrure familière, des épaules larges, une nuque bronzée sous des cheveux bruns coupés court.

Mon cœur fit un bond désagréable dans ma poitrine. Non. Pas lui. Pas maintenant.

Mais c'était trop tard pour faire demi-tour sans paraître ridicule. Je serrai mon plateau un peu plus fort et m'approchai, posant mon assiette sur la table avec un bruit un peu trop sec. Je m'assis face à Kaicee, à côté de l'Inconnu.

Kaicee leva les yeux, son visage s'illuminant à ma vue. « Jenna ! Enfin ! Je te présente officiellement Leo, » dit-elle, serrant la main du garçon à côté d'elle. Leo me fit un petit signe de tête timide, un sourire gentil aux lèvres.

« Et ça, » continua Kaicee, geste vers l'homme à côté de moi, « c'est Jared. L'Alpha de Leo. De notre meute à tous les deux, en fait. »

Je sentis le regard de Jared se tourner vers moi. Je fixai mon assiette, soudainement très intéressée par mon ragoût de gibier.

« Jared, voici Jenna, de la Meute Grise Originelle, ma meilleure amie et la fille de mon Alpha. »

Je levai finalement les yeux, incapable de rester impolie plus longtemps. Et je plongeai directement dans ses yeux noisette. Aussi intenses que dans mon souvenir, mais maintenant teintés d'une lueur d'amusement et de curiosité. Un sourire vague jouait sur ses lèvres.

« Enchanté, Jenna, » dit-il. Sa voix était grave, chaude, et elle me traversa comme une décharge électrique.

« De même, » réussis-je à bredouiller, espérant que ma voix ne tremblait pas.

Kaicee et Leo reprirent leur conversation, plongés dans leur petite bulle. Mais je sentais le poids du regard de Jared sur le côté de mon visage. Il ne disait rien. Il me regardait. Juste ça. C'était insupportable. Énervant. Excitant.

Je tournai brusquement la tête vers lui, incapable de supporter la tension plus longtemps.

« Pourquoi tu me fixes comme ça ? » demandai-je, plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

Il ne sourcilla pas. Son sourire s'accentua à peine, plissant le coin de ses yeux.

« Parce que tu es très belle, » dit-il simplement, comme s'il énonçait un fait évident. « Et très attirante. »

La franchise de sa réponse me coupa le souffle. Aucune fioriture, aucun jeu. Juste la vérité, brute. Mon visage s'enflamma instantanément. Je sentis la chaleur monter de mon cou à mes joues. Putain, non. Pas le rougissement.

Je baissai les yeux, cherchant désespérément une parade. Le souvenir de la ruelle me revint en force, comme une armure contre son charme trop direct.

« Attention, » dis-je en relevant le menton, essayant de retrouver une once de froideur. « Ta compagne va se mettre en colère si elle te voit dire ça à une autre. »

J'espérais que la pointe d'accusation dans ma voix le ferait reculer. Je le défiais, lui rappelant la scène dont j'avais été témoin.

Mais Jared se contenta de rire. Un rire bas et détendu, qui semblait venir du fond de la poitrine. « Qui te dit que c'était ma compagne ? » rétorqua-t-il, les yeux plissés par l'amusement. « C'était juste du sexe, pur et simple. Elle avait un besoin. J'étais disponible. C'est tout. »

C'est tout. Les mots résonnèrent, crus et sans appel. Il n'y avait ni honte, ni remords, ni même une once de sentimentalité. Juste une franchise animale, presque déconcertante.

Je le dévisageai, cherchant le mensonge, la faille, dans son regard. Mais je ne vis que de l'honnêteté. Une honnêteté sauvage et un peu effrayante. Il ne jouait pas un jeu. Il disait exactement ce qu'il pensait.

Et contre toute attente, au lieu de me scandaliser, je sentis un nouveau flux de chaleur, différent, me parcourir. C'était choquant, oui. Mais c'était aussi… libérateur. Il n'y avait pas de faux-semblants avec lui. Pas de promesses vides. Juste des pulsions et des désirs, assumés.

Je ne trouvai rien à répondre. Je restais là, à le regarder, les joues en feu, le cœur battant la chamade, complètement désarmée par son audace et sa franchise.

Il soutint mon regard, son sourire s'adoucissant légèrement, comme s'il lisait parfaitement le chaos qu'il semait en moi.

« Le ragoût est bon aujourd'hui, » dit-il finalement, comme si de rien n'était, avant de reprendre sa fourchette.

Je détournai les yeux, perdue, confuse, et terriblement, terriblement intriguée. La braise venait de se transformer en un feu ardent. Et Jared, l'Alpha aux yeux de noisette, venait de jeter de l'huile dessus.

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