Je poussai la porte de la cabane, encore énergisée par ma séance d'entraînement et l'échange musclé avec Eliot. La fraîcheur relative de l'intérieur fut un soulagement après la chaleur du corps à corps avec le sac de frappe.
Et je la vis.
Tyna était assise sur le bord de son lit, enroulée dans un peignoir en éponge, les cheveux encore humides et dégoulinants sur ses épaules. Elle sirotait une grande tasse de quelque chose qui sentait fort et chaud. Elle leva les yeux à mon entrée et m'adressa un sourire las mais radieux.
« Salut, toi. Alors, cette nuit, tu as… » Ma phrase s'arrêta net, mes yeux s'écarquillant alors qu'ils s'attardaient sur elle.
Le peignoir entrouvert laissait voir un spectacle assez… éloquent. Sur la peau mate de sa nuque, un chapeler de marques violettes et rouges s'étalait sans la moindre pudeur. Des suçons profonds, mais aussi les traces nettes et incurvées de dents. Beaucoup de dents. Le même motif se répétait sur son décolleté, descendant vers la naissance de ses seins, à peine cachés par le tissu. Sur ses avant-bras, on voyait l'emprunte pâle mais distincte de doigts qui avaient dû la saisir avec une certaine… intensité.
« Wow. Tyna, » soufflai-je, incapable de détacher mon regard. « On dirait que tu as été attaquée par une meute affamée. »
Elle éclata de rire, un rire riche et joyeux qui fit danser les marques sur sa peau. « Oh, Jenna. Si seulement tu savais. » Elle reposa sa tasse et étira les bras au-dessus de sa tête avec une féline satisfaction, faisant craquer doucement sa colonne. « Une meute, non. Juste un loup. Mais quel loup. »
Je m'assis sur mon propre lit, en face d'elle, fascinée et un peu choquée. « Raconte. Tout. »
Un sourire de chat qui a avalé la crème et le canari aux mêmes moments étira ses lèvres. « Tu es sûre ? C'est un peu… cru. »
« Après la leçon d'Estelle, je pense pouvoir encaisser, » dis-je avec une bravade que je ne sentais pas complètement.
« D'accord. » Elle prit une inspiration dramatique. « Donc, le blond. Sven. De la Meute des Collines Rocheuses. Il a à peine ouvert la bouche qu'il m'avait déjà coincée contre un arbre. Pas de conversation, pas de préliminaires mous. Juste… ça. » Elle pointa un doigt vers les marques sur son cou. « Il a planté ses dents là avant même que je sache son nom. Et putain, Jenna… »
Son regard devint lointain, plein de souvenirs sensuels. « J'ai cru que j'allais m'évanouir. C'était si sauvage, si direct. Il sentait le pin et la foudre. Il m'a juste prise par la main et m'a entraînée hors de la fête, vers les bois. On a à peine fait dix mètres qu'il m'avait déjà sur lui, jambes autour de sa taille, dos contre un pin. »
Je restais silencieuse, hypnotisée par son récit, sentant une chaleur coupable monter en moi.
« Il a déchiré ma culotte, Jenna. Juste arraché le tissu. Il était si fort. Et puis… » Elle baissa la voix à un murmure confidentiel et salace. « … il m'a soulevée et m'a enfoncé en lui d'un seul coup. Je n'ai même pas eu le temps de respirer. »
Je sentis mon propre souffle se bloquer. « Juste comme ça ? Sans… sans préparation ? »
« Oh, j'étais prête, crois-moi, » rit-elle. « La façon dont il me regardait, dont il me touchait… j'étais trempée. Mais c'était brutal. Et incroyable. Il me tenait comme ça, clouée contre l'arbre, et il allait son chemin, profond, très profond. Il grognait dans mon cou, me mordait l'épaule. Je hurlais, mais tellement fort que je pense qu'on a dû m'entendre à l'autre bout du camp. »
Elle se caressa la nuque, comme pour revivre la sensation. « Après le premier round contre l'arbre, on a fini par terre. Dans les feuilles. Il m'a retournée et m'a prise par derrière. Et là… » Elle s'interrompit, cherchant ses mots. « … là, il a vraiment montré qui il était. Il m'a tenu les poignets dans le dos avec une seule main, et de l'autre, il tirait sur mes cheveux pour me cambrer. Il me parlait, tu sais ? Des trucs sales, graves. Qu'il allait me marquer pour toute la saison, que j'allais m'en souvenir à chaque fois que je m'assiérais. »
Un frisson me parcourut. C'était terrifiant. Et terriblement excitant.
« Et tu as aimé ça ? » demandai-je, ma voix à peine audible.
« J'ai adoré ça, » corrigea-t-elle, ses yeux brillant d'un feu sombre. « J'ai jamais été aussi… possédée. C'était pas faire l'amour, Jenna. C'était se baiser. Sauvagement. Primitalement. Comme des bêtes. Et c'est exactement ce que je voulais. »
Elle se leva, laissant son peignoir s'ouvrir un peu plus, révélant d'autres marques sur ses hanches, ses cuisses. « On a fait ça trois fois. À différents endroits. Une fois même près du ruisseau, l'eau jusqu'aux genoux. Il n'en avait jamais assez. Et moi non plus. »
Elle se rassit, un peu essoufflée par le seul fait de raconter. « Il est parti à l'aube. À peine un au revoir. Juste une morsure sur la fesse pour la route. » Elle eut un haussement d'épaules philosophique. « C'est parfait. Pas d'attachement. Juste du bon temps. Et mon dieu, quel bon temps. »
Elle me regarda, son sourire redevenant espiègle. « Alors, ton soir avec Eliot ? Il a été plus… civilisé, j'imagine ? »
Je hochai la tête, un peu sonnée. « Très. Conversation et punch. Rien à voir. »
« Dommage, » dit-elle en claquant la langue. « Mais la saison est longue. Tu trouveras ton sauvageon à toi. » Elle se leva pour aller se sécher les cheveux. « En attendant, je vais essayer de faire disparaître les preuves. Enfin, certaines. Les autres… » Elle passa ses doigts sur une morsure bien visible sur son cou. « … je les garde comme souvenirs. »
Je restai assise sur mon lit, le corps étrangement agité, le récit de Tyna tournant en boucle dans ma tête. C'était brut, objectifant, presque violent. Et pourtant, elle rayonnait d'un bonheur et d'une satisfaction que je ne lui avais jamais vus. Elle avait assumé ses désirs, les plus sombres, les plus primitifs, sans honte.