Le jour du départ arriva, teinté d'une nervosité électrique. Les voitures, une petite caravane de 4x4 et de pick-ups, étaient garées près de la grande maison. Les adieux furent brefs, tendus pour certains, joyeux pour d'autres. Ma mère me serra fort contre elle, son ventre déjà légèrement arrondi pressé contre moi.
« Sois prudente, Jenna, » murmura-t-elle, une lueur d'inquiétude dans ses yeux verts. « Mais… profite. »
Je hochai la tête, incapable de prononcer un mot. Aleksei se tenait un peu en retrait, un sourire satisfait aux lèvres. Je détournai rapidement le regard, de peur qu'il ne lise la haine dans mes yeux. Tyson, heureusement, était absent.
Kaicee et moi montâmes dans le même 4x4, conduit par un ancien silencieux. Le trajet à travers les terres sauvages fut long et silencieux, chacune perdue dans ses pensées. Après une heure de route, nous nous arrêtâmes dans un petit hameau pour récupérer deux autres filles de notre meute.
Tyna et Maria grimpèrent à l'arrière avec nous. Tyna était une brune aux yeux noisette et aux courbes généreuses, avec un sourire facile et un regard malicieux. Maria, plus menue, avait des cheveux de jais et des yeux bleus perçants, empreints d'une timidité qui contrastait avec l'assurance de son amie. Elles nous saluèrent avec enthousiasme, et une complicité immédiate s'installa entre nous quatre. Leurs rires et leurs conversations légères parvinrent à dissiper une partie de l'angoisse qui m'étreignait.
Quand nous arrivâmes enfin à la Clairière des Accouplements, le soleil commençait à descendre derrière les montagnes, drapant le paysage d'une lumière dorée.
L'endroit était plus vaste et plus organisé que je ne l'imaginais. Des dizaines de cabanes en bois rustiques étaient dispersées parmi les arbres, entourant une grande place centrale où un feu de camp était déjà préparé, prêt à être allumé. Des guirlandes de lanternes étaient accrochées entre les branches, créant une ambiance magique. Déjà, une centaine de jeunes loups-garous, venus de différentes meutes, vaquaient à leurs occupations, riant, se saluant, se jaugant. L'air était chargé d'une énergie palpable, un mélange d'excitation, de nervosité et de désir brut.
Des organisateurs – des loups plus âgés et respectés, neutres – nous accueillirent avec des sourires.
« Bienvenue à toutes les quatre, » dit l'un d'eux, un homme à la barbe grisonnante. « Les cabanes sont libres. Choisissez celle qui vous plaît. Les règles sont simples : respect et consentement. Le reste… » Il eut un petit rire. « … est entre vos mains et celles de la Lune. »
Nous choisîmes une cabane un peu à l'écart, nichée contre un gros rocher qui lui offrait un peu d'intimité. Elle était spartiate mais propre : quatre lits superposés, une table, un poêle à bois. Nous déposâmes nos affaires dans un joyeux bazar.
« Une fête est prévue ce soir pour inaugurer ! » annonça Maria, qui avait visiblement déjà discuté avec d'autres arrivants. « Il y aura de la musique, à manger, et… plein de monde à rencontrer. »
Tyna frotta ses mains avec un enthousiasme carnassier. « Parfait. J'ai l'intention de faire connaissance, très… très closely. »
Nous rîmes, et une excitation légère commença à me gagner, malgré les souvenirs encore frais de l'agression de Tyson. Ici, il n'était pas là. Ici, j'étais libre.
Le soir venu, nous nous préparâmes avec des rires et des conseils. Je sortis une robe simple, assez sage, en pensant à une entrée en matière discrète.
Kaicee, qui se maquillait les yeux près de la petite fenêtre, fit la grimace.
« Non, pas ça, » dit-elle en se retournant. « Le premier contact est important. Il faut marquer les esprits. Mets l'autre. La noire. Celle qui est plus… moulante. »
Je hésitai, regardant la robe en question, qui épousait effectivement chaque courbe. C'était audacieux. Trop audacieux ?
« Elle a raison, » enchaîna Tyna, en enfilant une robe rouge qui laissait peu de place à l'imagination. « Ici, on ne fait pas dans la demi-mesure. Soit tu te caches, soit tu assumes. Et toi, Jenna, tu as un corps d'enfer. Montre-le. »
Maria, plus réservée, opina timidement du chef. « Ça te va très bien, la noire. »
Sous leurs encouragements, mes doutes s'envolèrent. Elles avaient raison. Je n'étais pas ici pour me faire oublier. J'étais ici pour reprendre le pouvoir. Sur mon corps, sur mon destin.
J'enfilai la robe noire. Le tissu, élastique et doux, épousait mes hanches, ma taille, la courbe de mes seins d'une manière qui était à la fois inconfortable et terriblement excitante. Je me sentais vulnérable et puissante à la fois.
Quand nous fûmes toutes prêtes, nous nous regardâmes dans le petit miroir accroché au mur. Nous étions… magnifiques. Quatre louves, belles, jeunes, libres, prêtes à affronter la nuit.
Tyna nous regarda, un sourire de féline aux lèvres. « Bon, les filles. Amusez-vous bien. Et ne venez pas me chercher si je rentre tard ce soir. » Son regard était déterminé, plein de promesses audacieuses. Elle avait l'air de savoir exactement ce qu'elle voulait et comment l'obtenir.
Ricanant, nous sortîmes de la cabane et nous dirigeâmes vers la place centrale, où les battements de tambours primitifs et les rires montaient déjà vers le ciel étoilé. La nuit était chaude, l'air saturé de parfums entêtants et de phéromones enivrantes. Le feu crépitait haut, projetant des ombres dansantes sur les visages qui nous entouraient.
Des dizaines de paires d'yeux se tournèrent vers nous à notre arrivée, certains discrets, d'autres francs, d'autres carrément affamés. Mon cœur se mit à battre la chamade, non plus de peur, mais d'anticipation sauvage.
La fête venait de commencer. Et nous étions au centre de tout.