3 (Lucy et Evan)
Pendant ce temps, la vie de Lucy et Evan devenait encore plus horrible. À croire qu'ils n'avaient pas besoin de moi pour vivre un enfer. Lucy ne dort plus depuis la battue, elle se réveille en pleine nuit. Et pour ne rien arranger, les journalistes et les influenceurs du web l'ont prise pour cible. Oui, car elle est la première personne à avoir été victime de moi et à être encore là pour en parler.
Cependant, c'était trop. Tout le monde voulait lui parler. Les journalistes essayaient d'innombrables fois de l'inviter sur un plateau, mais rien.
Aujourd'hui, Lucy s'est réveillée un peu tard. En allant au salon, elle vit Evan, il était au téléphone près de la table. Il avait un visage des plus épuisés, l'impression qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Il parlait de quelque chose d'important, au fil de son expérience, un mélange de fatigue et de joie.
Avec la chaise roulante, elle avança vers lui.
— « Chéri, tout va bien ? »
A-t-elle demandé avec un ton calme.
Evan, qui était concentré sur son coup de fil, sursauta légèrement et raccrocha.
— « Oh chérie désolé, j'étais au téléphone et j'ai oublié de venir te mettre sur ta chaise... »
Evan disait ça en allant vers Lucy, les mains en avant. Il vérifia qu'elle s'était bien installée, et pour cela, il s'accroupit.
Pendant qu'il vérifiait, un sourire discret et innocent se dessinait sur ses lèvres. Mais Lucy ne l'avait pas remarqué à l'instant même. Lorsqu'il se mit face à elle, alors son sourire et le regard étonné de Lucy se croisèrent.
— « Pourquoi tu ris ? Est-ce que j'ai quelque chose sur le visage ? » demanda Lucy avec, elle aussi, un sourire, comme si son être répondait à celui d'Evan.
Lucy ne comprenait pas vraiment ce qui poussait Evan à sourire. Mais dans le fond, elle aimait le fait qu'il souriait.
Evan regarda la bague de mariage qu'il avait sur le doigt et dit :
— « Ça fait longtemps que tu ne m'as pas appelé chéri... »
En entendant ces mots, Lucy fut émue. Dans ses yeux, on pouvait ressentir les larmes. Mais elle ne voulait pas les montrer à Evan, et lui ne les remarqua pas car il était vraiment épuisé.
Lucy demanda à Evan la raison pour laquelle il était si fatigué. Evan alla derrière Lucy pour l'emmener voir ce qui faisait en sorte qu'il avait une mine aussi affreuse.
Evan :
— « Tu vois, pendant que tu dormais comme un bébé, chérie... L'homme de la maison, lui, il travaillait... »
Lucy :
— « Ah bon ? Et depuis quand tu aimes travailler, homme de la maison ? »
Evan :
— « Oh non, ne crois pas ça, j'ai toujours la flemme... Mais pendant un court instant, j'ai eu de la force. »
Lucy :
— « Tu as eu de la force ? C'est bizarre, mais je suis à la fois terrifiée et rassurée. »
Arrivés au salon, il y avait sur la table des tas de documents, et des feuilles griffonnées. Cependant, on pouvait comprendre qu'il avait fait des recherches.
Lucy :
— « Tu as fait des recherches sur l'enfantement ? »
Evan :
— « Oui. Je sais que les docteurs ont dit qu'à cause des coups que tu avais reçus au ventre, tu ne pouvais plus enfanter... Je sais. Mais tu m'as aussi dit que si le ciel te donnait une autre chance d'être mère, tu la saisirais. »
Lucy :
— « Non, non, pas maintenant... Je viens à peine de perdre, à la fois mon enfant et ma capacité à en avoir. Et toi, tu veux directement qu'on ait déjà un enfant... »
Evan :
— « C'est juste une solution. Rien de plus. »
Lucy n'eut même pas pris le temps de voir ce que son homme voulait vraiment, qu'elle était déjà partie.
Evan, lui, était déçu. Il pensait que Lucy serait heureuse d'entendre qu'elle avait une autre chance d'enfanter. Mais...
Lucy traversa le salon, devant les yeux presque en larmes d'Evan.
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Pendant ce temps, chez moi
Une heure après que j'eus fini de manger et de me reposer, j'avais sorti un cahier rouge. Celui de mon père. Puisqu'il était un écrivain dans ses heures perdues, il avait toujours un de ces livres-là à la main. Ma mère, elle, trouvait ça énervant. Mais moi... moi je voulais toujours savoir ce qui s'y trouvait. Son amour pour l'écriture s'était accentué lorsqu'il avait pris sa retraite. Il se réveillait parfois la nuit pour écrire dans ce livre rouge.
Mais maintenant, c'est moi qui ai ce livre.
Il était taché de sang et un peu déchiré, mais ce qu'il m'inspirait était encore bien là. Mon père avait beaucoup écrit, il ne restait qu'à peine trente pages.
J'avais ce livre à la main et un stylo dans l'autre. Je n'avais jamais lu ce qui se trouvait dans ce livre, mais je ne voulais pas encore le faire. Pour l'instant, je voulais juste écrire dedans. Mais en l'ouvrant, quelques mots m'ont été faciles :
Un « je t'aime » et un « cours ».
Et à vrai dire, cela m'a donné envie de savoir un peu plus sur le contenu réel du livre. Après tout, j'en avais le droit, depuis déjà une semaine que je gardais ce cahier bien caché dans le sous-sol. J'avais bien mérité de le lire...
Mais il fallait que je le fasse bien. J'ai donc refermé le livre. Car je me suis souvenu que mon père disait toujours : « Si tu fais un péché, tu dois demander pardon à Dieu. »
Alors je me suis mis à genoux, puis j'ai prié. J'ai dit :
— « Dieu... Je m'apprête à lire l'une des choses que mon père nous cachait. Merci de me pardonner pour ça... Et bon, puisque tu pardonnes lorsqu'on prie, pardonne-moi aussi pour les personnes que j'ai tuées. Amen. »
Je me suis levé...