Ficool

Chapter 15 - 20 ans plutôt | dernière partie

Et puis, quelques instants après, vous êtes arrivé. Tu es venu me faire une bise à la joue. Ton visage était celui de quelqu'un qui avait veillé toute la nuit, la veille avait été longue.

Tu m'avais demandé si la soirée s'était bien passée et si je m'étais bien amusé. Mais ça se voyait que tu voulais juste dormir. Donc tu es monté à l'étage, tu avais sûrement envie de dormir.

Puis c'était au tour de papa de rentrer. Il a aussi fait la même chose, un bisou, et il est monté pour se coucher. À la différence que lui, il a donné un pourboire à Rebecca pour être restée jusqu'à votre retour.

— « Merci d'avoir attendu que nous rentrions. Nous sommes épuisés, donc si tu peux encore rester quelques minutes… pas grand-chose, juste pour qu'il finisse son petit déjeuner », a-t-il dit à Rebecca.

Mais elle ne voyait pas d'inconvénients à rester un peu plus avec moi. Mais moi, je ne voulais pas prendre cette chance. Papa et toi, vous étiez endormis, je pouvais enfin faire des choses que je voulais vraiment.

Cependant, Rebecca n'avait pas l'intention de me laisser.

— « Bon, c'est bon Rebecca, tu peux partir », ai-je dit avec un ton menaçant, mais caché sur un visage d'enfant.

Rebecca a répliqué en souriant :

— « Désolé, mais tu dois d'abord finir ton petit déjeuner, petit GRÉY. »

J'avais une grande collection d'animaux sans maître. Exclusivement des chiens et des chats… Je les avais rassemblés dans un ancien restaurant qui avait brûlé. Donc c'est là que je partais pour m'exercer. Chacun de ces animaux était un peu comme moi, incompris. J'aimais les faire souffrir, ça m'amusait et, pour être honnête avec toi, j'avais juste envie de les tuer mais aussi de comprendre pourquoi je ressentais ce désir.

Lorsque je suis arrivé au refuge que j'avais fait, j'ai emmené Mika. Elle adorait les animaux, et moi je voulais être accepté par elle. Malgré qu'elle était la jumelle de Maya, Mika avait un esprit plus adulte. On se comprenait. Cependant, Mika était toujours accompagnée de Maya. Je leur avais montré tous les animaux que j'avais sauvés. Et que je voulais aussi sauver. Mais elle n'était pas vraiment impressionnée.

— « GRÉY, ne me dis pas que tu nous as fait revenir ici pour voir des animaux que personne ne veut ? » dit Mika .

J'ai répondu calmement :

— « Oui, mais ils sont adorables, non ? Et tu aimes les animaux adorables ? » ai-je essayer de convaincre Mika comme un vendeur.

— « Oui, c'est vrai qu'ils sont adorables, mais nous ne sommes pas parties en cachette pour venir les voir ? » dit Mika.

Avec une voix reflétant la discrétion Maya s'exprima en disant :

— « Mika a raison, GRÉY. C'est Bien, mais c'est pas vraiment amusant comme jeu. Si c'est comme ça, on va retourner chez nous… »

Ses phrases se perdait dans les murs brûlé de ce lieu. Les chats, et les chiens vivaient en armoni . Une preuve peut-être de l'humanité des animaux.

J'ai soupiré et fermer les yeux, puis j'ai ouvert un œil en disant :

— « Ok, donc vous n'allez pas voir la surprise que je vous ai faite… »

En entendant ça Mika et Maya se sont regarder.

— « Une surprise ? C'est quoi ? »

J'ai souris .

— « D'abord, vous me demandez pardon… » ai-je dit.

Mika répliqua aussitôt en disant :

— « Non, pas si la surprise est nulle. »

— « Oh ok, donc au revoir les jumelles, je vais profiter de ce cadeau pour moi tout seul. » ai-je en fonfaronant .

— « Bon, ok, désolé GRÉY d'avoir été sarcastique. » ont-elles dit.

Je les avaient demander de me suivre, nous nous sommes approfondis dans le lieu . Laissant les animaux malades, ce que je voulais montrer n'était simple mais dangereux pour les enfants. Je n'avais jamais fait entrer quelqu'un ici dans ce lieu où les murs ressentent ce que moi je ressens.

Nous avons marcher les jumelles étaient inquiètes et émerveillé. Ont dit que ce sont nos défauts qui nous rendent humains. Alors ce lieu de carnage était mon humanité assumer.

Il y avait une porte devant nous, j'ai ouvert et nous entrer .

— « Voilà, j'aime mieux ça… Voici ce que tous les enfants ne doivent pas voir. Tadam ! » ai-je dit comme si j'avais enfin donnait aux Monde le miroir qu'il fallait pour me voir.

Il était la dans cette pièce,un chien blessé comme les autres. Retenue par une corde autour de son coup. Elle était petite et avait deux fonctions. L'empêcher de mordre et ne pas me regarder.

— « Un chien ? Sérieux GRÉY ? Nous, on se tire, on ne veut pas avoir la rage… » dit Mika tandis que Maya acquiesça silencieux.

Les jumelles avaient décider de partir,trouvant que la surprise n'était qu'une perte de temps.

— « Attendez, c'est juste le début de la surprise. Il y a des bâtons pour vous ! » ai-je clamé de toutes mes forces.

Mais elle partait en murmurant des insultes a mon égard. Je les aient regarder partir jusqu'à ce qu'elles n'étaient plus visible.

Je suis sentie rejeté pendant un instant, puis j'ai posé ma main sur un mur brûlé. Le monde est étrange pour. Les murs qui sont ici sont vivants mais parce que il y a un du feu ont le rend responsable. Ils sont abandonnés simplement parce que d'autres choses sont morts. Peut-être que la vraie punition c'est l'existence ? Et que la mort est la libération ?

— « Bon bah tant pis, je vais m'amuser tout seul. » ai-je dit en haussant les épaules.

Dans cette pièce, j'avais mon bâton à la main, puis j'ai mis une laisse à ce chien. Puis j'ai commencé à le frapper avec ce bâton qui était en bois dur. Le premier coup était libérateur. Je me sentais comme exister, comme si chacun de ses coups révélant une nature ou une vérité banni . J'ai tapé encore et encore. Le son des os qui se brise était une langue qui apaisait mon âme. Le chien se débattait mais la coude était solide. Je ressentais les orgasmes parcourir mon corps. Pendant que le sol s'abreuvait de son sang. Les hurlements du chien affolaient les autres animaux. La rage augmentait le plaisir. Il courait et moi je revivait .

J'étais épuiser, mais le chien avait la peau dure. J'ai mal aux mains et malgré cela il continuait de respirer. La pièce était rempli de ce parfum délicat et subtilement merveilleux que procure la mort. Je me suis allonger sur le corps du chien qui mourait petit a petit. J'ai commencé à le carresser comme papa te fesait. Son cœur arrêtait de battre progressivement, son corps était dévasté il y avait des côtes qui étaient sortis ce sont habdomen . C'était beau. Je me suis endormie en écoutant la vie laisser place a la mort. A mon réveil il était déjà mort, je suis allée dans une autre pièce où je gardais mes affaires utiles comment, tige de fer tenue de rechange et un sac poubelle. J'ai utilisé la tige de fer pour ouvrir le corps du chien et prendre ses organes. Je l'ai ai mis dans un bocal puis ouvert mon sac où il y avait les autres organes dans des bocaux.

Et je les aient cacher. Peut-être qu'ils y sont encore au moment où je te parle ?

Quelques temps après je suis partie de là pour la maison.

Lorsque je suis revenu, vous étiez déjà prêts pour le repas. Vous m'aviez demandé où j'étais et je vous avais dit que j'étais chez Mika. Je sais que vous veniez à peine de vous réveiller.

Nous passâmes à table et le moment du repas commença.

Mon père pris la parole avant que l'on ne puisse commencer a manger.

— « Bon, avant de commencer, on fait la prière. Qui commence cette fois ? » a-t-il dit.

Tu n'avais pas l'air très emballée de prier, alors papa avait fait la prière.

— « Mon Dieu, tu es le vrai Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient. Tu nous permets de nous retrouver en ce moment pour partager ce que tu nous as donné. Nous ne sommes rien sans toi. Tu es en nous et ta vie nous transforme en mieux. Car le monde est froid, mais toi tu es la lumière de vie. Nul ne peut te chercher sans te trouver et nul ne peut te trouver sans être changé. » dit père.

J'écoutais les paroles que mon père disait avec appétit, comme si c'était une révélation. Cependant, d'un instant, ma tête a tourné vers toi. Tu avais un visage énervé ou bien juste agacé. Il y avait quelque chose entre vous qui ne sentait pas bon, et j'allais le découvrir.

Papa continua à prier.

— « Merci Seigneur pour ce repas que tu nous fais déguster en famille. Continue à nous garder unis, car nul ne sait ni l'heure, ni l'endroit de sa mort. Protège-nous comme tu l'as toujours fait. Amen. »

Puis nous avons commencé à manger. Mais toi, maman, tu ne mangeais pas tout de suite.

Pendant que nous étions en train de manger, toi tu ne le faisais pas, mais tu le fixais pendant qu'il mangeait.

Le temps avait passé, on avait fini de manger. Puis vous m'aviez mis au lit avec une histoire. Même si je trouvais l'histoire du Roi Arthur ennuyante et sans plaisir pour moi, j'ai joué le jeu comme toujours.

+++

Cependant, lorsque papa racontait l'histoire et que toi tu l'accompagnais, j'ai eu envie de vous poser une question…

Mon visage m'avait sûrement trahi, parce que papa s'était arrêté de raconter. Toi tu ne comprenais pas pourquoi, mais lui avait remarqué ce que je cachais au fond de moi. Il m'a dit :

— « Fiston, qu'est-ce que tu as ? » demanda mon père, inquiet.

Aussitôt dit, tu l'avais aussi remarqué.

Je me suis tu, comme à mon habitude, j'avais peur de vous dire ce qui me passait par la tête. Vous dire qui j'étais vraiment. Mais c'était plus fort que moi, j'avais envie de parler, de me libérer et enfin que le serpent n'ait plus à retirer sa chair pour mettre celle des humains.

Maman, tu avais pris l'initiative. Tu m'avais pris dans tes bras, m'avais serré fort avec une tendresse que seules les mères peuvent offrir. J'ai senti ce jour-là de l'amour comme pour la première fois. Et quand je me disais que c'était le sommet, papa est venu s'ajouter à ce moment de bonheur infini. Je me suis mis à pleurer. Vous me disiez que ce n'était pas grave, que quoi qu'il se soit passé je pouvais vous le dire, que nous étions une famille pour toujours.

J'ai dit :

— « Est-ce que nous serons toujours une famille si un jour vous me détestez ? Si un jour je deviens quelqu'un qui vous fait du mal et que l'amour devient faible ? »

Papa répondit :

— « C'est lorsque l'amour nous fait mal qu'aimer prend tout son sens. »

Et tu avais continué :

— « Car l'amour ne disparaît pas… Il vit en nous, et en ce que nous aimons. On ne pourra jamais cesser de t'aimer, même si on le voulait. »

Je me calai dans le lit, le tissu râpeux glissant contre ma peau. La lampe jetait une lueur malade l'air sentait la vapeur, la sueur et quelque chose de plus âpre — une odeur de métal au fond, comme si la pièce goûtait déjà le fer. Vos voix, basses, se mêlaient aux dernières pages lues. Je sentais mon cœur cogner contre mes tempes, lourd comme si quelqu'un frappait de l'intérieur. Ou bien j'hallucinais ?

— « Est-ce que nous serons toujours une famille si un jour vous me détestez ? Si un jour je deviens quelqu'un qui vous fait du mal et que l'amour devient faible ? » dis-je, la voix nouée.

Papa répondit : — « C'est lorsque l'amour nous fait mal qu'aimer prend tout son sens. »

Tes doigts tremblaient légèrement quand tu as posé la main sur mon épaule ; j'ai senti la chaleur de ta paume, sèche et minérale. Ton regard se perdait, mais ta voix revenait comme un coup :

— « Car l'amour ne disparaît pas… Il vit en nous, et en ce que nous aimons. On ne pourra jamais cesser de t'aimer, même si on le voulait. »

Chaque mot semblait coller comme du goudron sur ma langue. Je respirai, et l'air me sembla épais, presque collant. Le silence qui suivit était plein d'attentes, comme une mâchoire qui se resserre.

Dans le présent.

Virginie m'écoutait avec une attention presque hypnotique. Elle souriait, mais son sourire était une lame polie.

— « Pourquoi tu me racontes ça alors que tu m'as dit que tu allais m'expliquer ? » demanda Virginie.

— « En vrai je ne sais pas. Je ne me souviens pas d'un jour qui a changé ma vie, ni d'un traumatisme qui aurait fait de moi un tueur... Rien, je me souviens juste que j'étais déjà comme ça, depuis toujours, » ai-je dit.

Elle sourit et me regarda droit dans les yeux, comme si elle voyait quelque chose qu'elle méprisait.

— « Tu n'es pas un serpent, non... Le serpent lui est obligé de vivre ainsi, toi tu es juste un monstre. Un enfant que j'aurais dû avorter, une malédiction vivante. Tu ne pourras jamais changer ; tue-toi et tu seras peut-être un bâtard, car pour l'instant tu n'es rien. Sale chien !! »

Ses mots tombèrent, nets, tranchants. Ils résonnèrent dans ma poitrine comme des coups. J'ai senti le sang battre fort, puis un froid glacial m'a saisi derrière les yeux. La pièce sembla se rétrécir : on voyait les fibres des draps, on entendait le bois du lit qui travaille, on sentait la poussière remuer. Chaque insulte était une petite entaille qui me préparait.

— « Je sais... Maman, » ai-je murmuré, si bas que même la pierre aurait eu du mal à m'entendre.

Je marchai, lentement, comme abattu. Ma jambe était lourde, comme enfoncée dans du ciment. À mesure que j'avançais, l'air semblait se charger d'un gout ferrugineux — presqu'un avant-goût. Soudain, tout devint clair : il fallait que nous en finissions, juste une fois, pour la dernière fois. Une résolution sourde prit toute la place, épaisse et froide.

Je me retournai, le monde devenait lent, comme si une couche de gel enveloppait les sons. Je la regardai. Elle était là, vulnérable et dédaigneuse à la fois. Mes doigts se refermèrent dans le vide avant de chercher sa nuque.

— « Si c'est ainsi, alors je serai là quand tu mourras. » ai-je dit.

La phrase sortit comme une promesse qui claque. Ma voix était étrangement calme — l'œil calme d'un orage.

Je m'approchai d'elle avec violence. Ma main agrippa sa gorge ; la peau sous mes doigts céda un peu, tiède. À travers le tissu de sa robe, je sentis la pulpe molle de sa peau, son pouls affolé qui battait comme un tambour désordonné. Son rire mourut dans un hoquet. Elle toussa, crachant un petit filet de sang au coin des lèvres. L'odeur métallique remplit mes narines et sembla réveiller quelque chose en moi.

— « Tu ne comprends pas que j'ai envie de changer ? J'ai envie de devenir comme tu l'as toujours voulu... » dis-je.

Virginie ricana, puis toussa encore, ses doigts cherchant à éloigner ma main. Son cou plissa sous la pression ; j'entendis ce petit craquement sec — le cartilage qui cède sous l'étreinte. Les sons étaient amplifiés : le frottement de sa robe contre mes doigts, la respiration convulsive, le raclement viscéral de la gorge. Sa peau, sous ma main, devint vite plus chaude, puis humide. Une mèche de ses cheveux colla à ma paume.

— « Oh si GRÉY, je te comprends parfaitement… » dit-elle, mais sa voix se perdit, plus faible, et je vis sa poitrine se contracter comme un animal pris au piège. Son regard, large et dilaté, cherchait encore une porte.

— « Tu as raison, » ai-je dit, avec un sourire.

Je lui bâillonnai la bouche ; le tissu quitta sa dentition, collant un goût âcre de salive et de sang sur ma langue. Sa mâchoire se contracta contre le bâillon ; des bulles de salive mousseuse s'échappèrent aux coins. Mes doigts s'enfoncèrent, cherchant un appui, pressant les artères. Le monde de Virginie devint une succession d'ombres et de râteliers : je sentais ses veines vibrer sous ma paume, comme des cordes tendues.

La gorge fit un bruit humide, un raclement sourd. Son souffle était réduit à des éclats, des bulles qui éclataient sous la peau. Petit à petit, la couleur de sa peau changea — d'un rose soufflé à une teinte violacée qui s'étendait comme une tache d'encre. Des veines bleutées se dessinaient, en relief, autour de son cou. Un filet brun-rouge glissa entre mes doigts, se mêlant à la sueur sur ma paume. L'odeur du sang, piquante, occupera désormais l'air.

Elle se débattait, mais ses mouvements perdaient en force ; ses ongles griffaient mon poignet, puis la paume se refermait sur elle-même, comme si la vie se retirait, lente et râpeuse. Son visage se déformait, chaque muscle tiré comme une corde. Je compris, d'un coup brutal, que la vie avait un son : un gargouillis profond et lent, transformé en un chuchotement étouffé.

Je suis seul… Cette pensée me traversait l'esprit comme des coups de marteau, encore et encore. J'avais peur. Oui, c'est là que j'ai compris que j'avais peur de moi. J'avais peur de ne plus pouvoir changer, et pire, peur de ne plus pouvoir être mort.

Les sons se découpèrent : le frottement des draps, le souffle qui faiblit, le cliquetis lointain d'un objet tombant. Ma main serrait, puis desserrait parfois, comme pour tester la résistance d'un fruit trop mûr. J'entendais l'air passer par des petits orifices qui se rétrécissaient, liquide, rauque, un sifflement qui devenait râle. Le goût du sang, métallique et presque sucré, emplissait ma bouche, me collait aux dents.

Est-ce que la vie est plus importante que la mort ? Je commençais à sentir le monde rétrécir, à voir les détails minuscules : les rides de la peau au coin de l'œil, une miette de pain sur sa lèvre, une dent légèrement ébréchée. Ces images me traversaient, mêlées aux pensées sur la punition, la rédemption et l'absence de désir de me punir. J'étais pris entre la conscience et l'instant, comme un couteau qui tourne.

Elle cherchait à respirer, cherchant une bouchée d'air comme une prière silencieuse que j'étais le seul à comprendre. Les larmes ruisselaient sur ses joues, traçant des sillons sales car des traces de sang s'y mêlaient. Elle se déchirait la peau en essayant de se dégager, ses ongles laissant des stries rougeâtres sur mes poignets. À un moment, un petit râle guttural s'échappa, suivi d'un jet plus important de sang qui éclaboussa ma paume et le tissu du vêtement, formant une tache qui s'agrandissait, humide et sombre.

Je sentis la peau céder sous mes doigts, parfois, comme si la chair elle-même acceptait qu'on lui retire un peu de sa chaleur. Son regard, déjà trouble, devint lisse, comme un lac sur lequel on aurait jeté du sable. Ses yeux se mirent à couler ; j'aperçus le blanc envahi d'une rosée sanglante. Sa mâchoire se relâcha ; une langue pâle apparut entre ses lèvres entrouvertes.

Son corps eut une série de convulsions — petites secousses, comme si des fils invisibles la parcouraient pour la dernière fois. Chaque convulsion expulsait un souffle plus pauvre, plus court. Le silence qui suivit fut épais, presque liquide. Quand le dernier souffle s'échappa, il avait le goût d'une boucle qui se ferme : un petit bruit mou, puis plus rien. Mes doigts sentirent la main se relâcher, la chaleur s'échapper, et le monde perdit une teinte.

Je restais un instant, immobile, comme figé dans une sculpture. La pièce sentait le fer, la sueur, la peau brisée et quelque chose d'acide — la lente putréfaction qui commence dans la chaleur. Des gouttes de sang s'étaient dispersées sur le lit, séchant déjà en croûtes noires sur les draps. En essuyant ma main sur le drap, j'y laissai des traits rouges et visqueux. Le tissu fit un bruit humide.

Ma respiration était rapide, mais la panique avait quelque chose de facile à dompter : elle n'éclaircissait pas, elle anesthésiait. Je sentais une étrange lucidité, froide et nette. J'observai les petites choses : un cil collé sur sa joue, un talon de chaussure dans un coin qui n'avait rien à voir, une mèche de cheveux restée coincée entre mon annulaire et ma paume, imbibée de sang comme un petit drapeau sombre.

Je compris ce que je craignais et ce que je cherchais : la certitude. La mort laisse des détails concrets ; la vie laisse des questions. J'eus peur de ne plus pouvoir changer et d'être, pour toujours, cette chose qui sait ce qu'elle fait.

Et puis, dans cette sorte de flottement, les mots de Virginie me revinrent, comme un écho glacial :

— « Est-ce ainsi que tu vas partir ?

Combien d'hommes as-tu laissés entrer dans ton corps… dans ton cœur ?

Tu réalisais que tu n'avais pas le pouvoir magique de transformer la bête en prince.

Un jour, tu étais au bord du rouleau, et il est arrivé. Avec lui, tu pouvais enfin te sentir femme.

Même si parfois tu n'avais pas assez d'amour pour t'aimer toi-même, il te le prêtait toujours. Il t'aimait assez… pour vous deux.

Tu étais heureuse. Tu avais fui le capitaine pirate et trouvé celui qui était là pour toi.

Tu l'aimais, et tu détestais le capitaine pirate, parce qu'à travers lui, tu avais goûté à ce bonheur dont on parle à voix basse.

Mais quelle surprise lorsque tu as découvert que le capitaine et celui que tu voyais comme idéal ne formaient qu'une seule et même personne… et que tu ne pourrais vivre que si tu les aimais tous les deux.

N'est-ce pas ce que tu voulais ? Tu ne l'as pas cherché ?

Alors essuie tes larmes. Dis-lui ce qu'il veut entendre.

Dis-lui que tu l'aimes. Dis-lui tout… sauf la vérité. »

Ces phrases flottaient, désormais sans autorité, comme si elles appartenaient à un monde qui ne m'atteindrait plus.

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