12 (Un cauchemar).
La grotte était pleine à craquer de restes humains.
Des cheveux collés aux parois, des doigts secs comme du bois, des orbites vides qui semblaient les fixer. Les agents avançaient pas à pas dans ce charnier. Chaque pas écrasait un morceau de chair séchée, et ce craquement résonnait dans la caverne… puis dans toute la forêt. Un bruit gluant, visqueux, comme si la grotte elle-même respirait.
L'odeur était insoutenable. Ils avaient exigé des masques pour continuer. Même Richard, d'ordinaire le plus bavard, s'était tu. Les chiens, eux, refusaient d'avancer, grognant contre l'obscurité.
Soudain, un grésillement. Pas la radio des policiers. Une autre.
Les torches se braquèrent vers le son. Personne. Rien… sauf un corps pendu au plafond. Et c'était de lui que venait ce bruit métallique, sec, comme une transmission inhumaine.
Richard, pâle, osa murmurer :
— « C'est moi… ou bien ce cadavre envoie des signaux radio ? »
Le grésillement continua. Oui. Il venait bien de ce corps.
En s'enfonçant plus loin, ils découvrirent une vision d'horreur. Des dizaines de corps. Hommes, femmes, enfants, même des nourrissons. Tous entassés les uns sur les autres. Pas cachés. Exposés. Comme une œuvre d'art macabre.
Leur dernier souffle avait été la peur. Et moi, leur bourreau, j'en avais fait un tableau.
J'ai filmé chaque supplice. Chaque cri. Chaque convulsion.
C'était la fin de la grotte, mais pas de mon spectacle.
> Si vous n'avez jamais tué pour prouver votre amour, alors vous n'avez jamais aimé.
Moi, j'ai pris plaisir à violer, égorger, briser. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis senti vivant.
Loïc, la voix serrée, souffla :
— « Nous avons atteint la fin de la grotte… »
Dans la tente, Rory écoutait à distance.
— « Ok. La zone est sécurisée ? »
— « Oui… aucun danger immédiat. »
Ils ne savaient pas encore.
Dans le corps de Bolofner — un de mes préférés — j'avais laissé un enregistrement. Un cadeau. J'avais tant aimé l'écouter hurler… Mais tout se casse, tout pourrit. Alors je garde mes souvenirs.
Plus de 4 500 vidéos. Des milliers de photos.
C'est mon trésor. Mon excitation.
Je n'ai jamais joui autant que face à un visage qui s'étouffe sous mes mains. Ligoté. Secoué. Le dernier souffle étranglé sous une corde que je serre en lui volant jusqu'à la dernière goutte de vie.
Et vous, mes amis, au moins vous comprenez.
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13 (Zarah)
La médecin légiste, Zarah, attendait les résultats ADN d'un cheveu retrouvé dans le ventre de mon père. C'était leur seule vraie piste. Mais ici, dans cette ville reculée, les analyses prenaient du temps. Trop de temps.
— « Oh… vous êtes encore là ? Je croyais que vous étiez partis. » dit-elle en voyant Bradford.
— « Et vous ? » répondit-il, un sourire vague.
Elle insista :
— « Vous savez que le dossier est maintenant aux mains du S.H.A.R.D ? »
— « Oui, mais je crois que cette affaire est bien plus vaste. Mon rôle est d'apporter des éléments solides… pour que le tueur tombe au plus vite. »
Ils savaient que si ce cheveu appartenait bien au criminel, alors une seule question resterait : comment avait-il pu pénétrer dans cette ville sans être remarqué ?
Ici, tout le monde se connaît. Un étranger est visible au premier regard.
Zarah fronça les sourcils.
— « C'est comme si on touchait du doigt un secret. Proche… mais insaisissable. »
Bradford détourna les yeux, évasif.
— « Peut-être. Mais il faudra attendre les résultats ADN. »
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14 (Maya et Grey)
De mon côté, Maya était revenue. Elle avait fait un long chemin pour me retrouver. Elle savait que la famille ne me soutiendrait pas.
— « Grey ! »
— « Oui ? »
— « Pourquoi tu refuses de chercher qui tu es vraiment ? »
— « Je suis lucide. C'est ma nature. »
— « Non… tu fuis. Depuis toujours. »
Elle me regardait comme dans notre enfance. Son regard perçait.
Je serrai la main gauche sur la table, l'autre sur ma cuisse. Vide de mots. Vide d'émotions.
— « Tu es partie, Maya. Et maintenant tu viens me dire que tu t'inquiètes ? » dis-je d'un ton sec.
Elle ne répondit pas. Juste ce regard.
Nous avons passé la soirée sans rouvrir les plaies.
À la fin, j'ai soufflé :
— « Je suis heureux que tu sois là. »
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15 (Équipe des drones)
L'équipe de Moh, Tyler et Luca — décorés du S.H.A.R.D — avançait dans un autre secteur. Les drones les guidaient vers ce qui ressemblait à un cimetière.
En creusant, ils mirent au jour un squelette.
Un homme, une vingtaine d'années. Les orbites arrachées. Des marques de couteaux incrustées jusque dans les os.
Luca murmura, la gorge serrée :
— « Qui… qui peut faire ça ? »
Tyler serra les poings :
— « Peu importe. On l'abattra. »
Moh, les yeux sombres :
— « Ce qui me fait peur… c'est que ça pourrait être n'importe qui. Même l'un de nous. »
Un silence lourd.
Puis Luca tenta :
— « Impossible… Mais oui, terrifiant. »
Tyler hocha la tête :
— « On a déjà des corps. Ce n'est qu'une question de temps. »
Moh fixait le squelette.
— « Moi, je veux juste voir ce monstre mourir. »
Et dehors, la presse filmait. Les corps exhumés s'alignaient. Le monde entier découvrait, horrifié, ce que je laissais derrière moi.