Ficool

Chapter 14 - Chapitre 14

Après l'essayage des vêtements, je suis rentrée chez moi, et lui aussi, pour que nous puissions nous préparer un peu. Une fois prête, je l'attends. Il ne tarde pas à venir me chercher. Dieu merci, mon fils Sleydjy et ma grand-mère ne sont pas là. Sinon, je serais dans de beaux draps.

Je descends les marches avec hâte et monte dans sa voiture. Mais à mi-chemin, au lieu de continuer la route, il ralentit et se gare devant un centre commercial.

Je fronce les sourcils.

— Pourquoi tu t'arrêtes ici ? On ne devait pas aller chez ton grand-père ? Pourquoi sommes-nous encore au centre commercial ?

Il ne me répond pas. Il détache sa ceinture, sort calmement de la voiture, contourne le véhicule, et ouvre doucement ma portière. Il me tend la main avec un léger sourire.

— Allez, viens. On descend.

Je glisse ma main dans la sienne. Il m'aide à sortir, sans dire un mot de plus. Je reste un peu confuse. Mes yeux cherchent une explication dans son regard.

— Nous sommes arrivés ? je demande, perdue.

— Non, ma chérie, dit-il vaguement.

Alors je demande encore, un peu hésitante, presque agacée :

— Alors... que faisons-nous ici ? Nous étions déjà là tout à l'heure. Tu as oublié quelque chose ?

— Cesse de poser des questions. Entrons.

Il me tient par la main, et nous avançons ensemble. Je ne ressens pas de peur, pas vraiment. Mais cette ambiance mystérieuse me met mal à l'aise. J'ai horreur des surprises. J'aime savoir à quoi m'attendre. Pourtant, je lui fais confiance. Alors je marche à ses côtés, silencieuse, comme un enfant qui se laisse guider sans comprendre.

Mais je ne peux m'empêcher de l'interpeller :

— Sley !

C'est la première fois que je l'appelle ainsi. Il s'arrête brusquement. Il ne se retourne pas, garde ses yeux droits devant lui, figé. Je ne comprends pas sa réaction. Je fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? je demande, inquiète.

Il répond d'un ton distant :

— Rien.

Puis il reprend sa marche, comme si de rien n'était. Mais je le retiens doucement par le bras, et avec une voix presque enfantine, je le supplie :

— Sley… s'il te plaît.

Il soupire doucement.

— Quoi, chère ?

— Dis-moi pourquoi nous sommes ici !

— Tu le sauras quand on y sera.

— Pourquoi pas maintenant ?

— Parce que… c'est un petit secret.

Je me fige.

— Tu m'as promis… qu'il ne devait plus y avoir de secrets entre nous.

En prononçant ces mots, mon cœur se serre. Je me rends compte de ma propre hypocrisie. Moi aussi, j'ai des secrets. De lourds secrets. Des vérités qui le concernent. Peut-être est-ce le moment… le moment de tout lui avouer ?

Je rassemble mon courage. Je lève les yeux vers lui et l'appelle, plus sérieuse que jamais :

— Luc…

Il s'arrête à nouveau. Cette fois, il se retourne. Il semble surpris par mon ton, mais attend, sans parler.

— Hmm ?

— J'ai quelque chose à te dire, je souffle.

— Je t'écoute.

Je reste figée un instant. Mon cœur bat plus vite. Je prends une grande inspiration et commence :

— En fait, j'ai eu...

Clin ! Clin ! Clin !

Le bruit du téléphone nous interrompt.

Il le sort de sa poche, jette un œil à l'écran.

— Désolé, ma chérie, c'est grand-père.

— D'accord...

Pourquoi faut-il que ce soit justement à cet instant-là ? Au moment où j'avais enfin trouvé le courage de tout lui dire… que son téléphone sonne ! Je me sens soudain gênée, presque ridicule. C'est comme si le destin voulait retarder cet aveu.

Il termine son appel en quelques secondes, puis range son téléphone dans sa poche. Je profite du silence pour lui demander :

— Quelque chose ne va pas ?

Il secoue doucement la tête, puis, d'un air rassurant, me répond avec tendresse :

— Non, t'inquiète pas, chérie. Grand-père me presse juste d'arriver. Il ne veut pas qu'on soit en retard.

Je fronce un peu les sourcils.

— Mais… ce n'est pas une fête, non ? Pourquoi être en retard serait un problème ?

Il rit doucement, puis répond avec un sourire :

— Grand-père est simplement pressé de te voir. C'est pour ça qu'il me rappelle autant.

— Tu ne penses pas qu'il pourrait être aussi en colère ?

Il hésite, puis répond honnêtement :

— Peut-être… oui.

— Alors pourquoi tu ne m'as rien dit plus tôt ?

— Je n'avais aucune certitude, chérie. Je vois juste qu'il agit un peu différemment. Mais je ne sais rien de précis pour le moment.

Je hoche lentement la tête, puis baisse les yeux. Une pensée me traverse soudain l'esprit, une angoisse légère. Je relève les yeux vers lui, nerveuse.

— Est-ce que tu me trouves jolie ? Ma tenue est-elle convenable ? Il ne manque rien ? Est-ce que tu crois… qu'il aimera cette tenue ?

Il rit doucement en m'attrapant les mains.

— Tu es parfaite, comme toujours. Très splendide ce soir, et tout à fait présentable. Alors respire un peu et détends-toi.

Ses mots me rassurent. Je sens sa douceur à travers son regard. Il m'embrasse doucement sur le front. Je recule aussitôt, un peu paniquée.

— Qu'est-ce que tu fais ? On est dehors, Luc ! On pourrait être photographiés ! Et si ça devenait public, tu imagines le scandale ?

Il hausse les épaules, avec un air calme et désarmant.

— Je te l'ai déjà dit. Je n'ai peur de rien… tant que c'est à propos de toi. Je suis prêt à tout assumer, les yeux fermés.

Ses mots me touchent en plein cœur. Si doux, si sincère, si rassurant. Il est si attentionné, si aimable. Il incarne exactement le genre d'homme dont tant de femmes rêvent. L'homme que je n'osais même pas espérer.

Je le fixe sans dire un mot, perdue dans mes pensées. C'est à ce moment qu'il me caresse doucement la joue. Ce geste tendre me ramène à la réalité.

— Allons-y, dit-il avec un sourire. Je vais te faire maquiller ici.

— Quoi ? Maquiller ? Ici ?

Il hoche la tête, amusé.

— Fais-moi confiance.

— Non, ce n'est pas nécessaire, Rensley… C'est...

— Allez, viens !

— Je te dis que ce n'est pas nécessaire !

— Ce n'est pas une question, ni une proposition. Alors assieds-toi ici.

Je cède, sans discuter davantage. Je m'assois doucement. Il s'accroupit devant moi, ses yeux dans les miens. Je le regarde timidement, presque gênée par toute cette attention. D'un ton bas, presque murmuré, je lui dis :

— Tu n'as vraiment pas besoin de faire tout ça…

— Comment je pourrais ne pas le faire ? Tu es ma femme, Lidjy. Tu mérites toutes les meilleures choses.

Je le fixe, sans voix. Aucun mot ne sort. Je suis touchée par sa sincérité. Les maquilleuses s'approchent, discrètes, et commencent leur travail pendant que je garde les yeux sur lui.

Une fois maquillée, nous reprenons la route pour aller chez son grand-père. En arrivant, je tiens son bras, un peu nerveuse. Il m'offre un regard rassurant. Ensemble, nous entrons.

À l'intérieur, son grand-père, Monsieur Dupont, s'avance vers nous. Nous le saluons respectueusement, mais son visage est fermé. Il s'adresse à Rensley d'un ton sec :

— Tu sais encore venir, toi ?

Rensley garde son calme.

— N'est-ce pas toi qui m'as demandé de venir, grand-père ?

— Si je ne te le demande pas, je ne saurais même pas que tu as affaire avec ce genre de femme !

Je reste figée. Rensley aussi, surpris.

— Grand-père ! De quoi parles-tu ?

Il pointe vers moi, sans retenue.

— Je parle de cette femme. J'ai appris qu'elle voit d'autres hommes. Elle fréquente les boîtes de nuit et couche avec des mannequins masculins !

Je sens mon cœur tomber. Ma gorge se serre. Mais avant que je n'aie le temps de parler, Rensley répond fermement :

— Grand-père, ce que tu dis est totalement faux ! Ce sont des rumeurs ! Et je connais très bien ma petite amie. Elle n'est pas ce genre de femme.

— Idiot de garçon ! Tu lui fais tellement confiance. Je me demande quel genre de sort elle t'a jeté pour t'aveugler à ce point.

— Grand-père ! Moi et Lidjy sommes venus te voir aujourd'hui, mais si elle n'est pas respectée comme il se doit, alors nous allons partir.

Le silence tombe un instant. Puis le grand-père explose :

— Toi… Comment peux-tu parler ainsi à ton grand-père ?

— Je t'aime, et je te respecte, mais si ma femme est traitée injustement, alors je n'ai aucun intérêt à rester.

Monsieur Dupont le fixe longuement, puis soupire, vaincu.

— D'accord, d'accord… Comme tu veux.

Voyant l'atmosphère pesante, je décide d'intervenir pour apaiser les tensions.

— Rensley… ce n'est pas la peine de te disputer avec ta famille à cause de moi. Je peux partir…

— Non, tu ne partiras pas, dit-il aussitôt, d'un ton doux mais ferme.

— Je comprends, tu sais. Ton grand-père ne me connaît pas encore. C'est normal qu'il doute de ton choix, surtout après avoir entendu toutes ces rumeurs. Il a le droit d'avoir des réserves.

Je me tourne vers Monsieur Dupont et ajoute :

— Je ne cherche pas à vous diviser, au contraire. Je suis venue dans l'intention de vous rencontrer avec respect.

Le vieil homme me regarde, un instant surpris par ma réaction. Il prend une grande inspiration et finit par dire :

— Entrons. Allons à table pour manger.

— D'accord, grand-père, répondons-nous en chœur, moi et Rensley.

Nous le suivons dans la salle à manger. Rensley tire doucement la chaise pour moi, me fait signe de m'asseoir, et je m'installe, reconnaissante pour son soutien.

Je m'assois à table, et Rensley prend place à côté de moi. Tout semble vouloir se calmer, mais soudain, une silhouette descend les escaliers. Je reconnais aussitôt Carline. Lorsqu'elle me voit, elle s'arrête net, figée devant la table, le regard écarquillé. Surprise, elle lance :

— Maylidjy ! Que fais-tu ici ?

Je fronce les sourcils, étonnée à mon tour.

— Que fais-tu ici, toi ?

Elle descend avec assurance, et d'un air confiant, elle répond :

— Bien sûr que je suis ici pour voir mon grand-père !

Je reste bouche bée un instant, puis, incrédule, je demande :

— Ton grand-père !?

— Évidemment !

— Comment ça ?

Elle croise les bras, fière, et déclare sans hésitation :

— Rensley est mon fiancé, mon futur mari. Son grand-père deviendra forcément le mien un jour. Je ne vois pas où est le problème à lui rendre visite !

Mon cœur fait un bond. J'essaie de garder mon calme, mais ma voix trahit ma confusion.

— Tu es vraiment sa fiancée… ?

Avant même qu'elle ne réponde, la voix sèche de Mr Dupont retentit dans la pièce :

— Bien sûr !

Je le regarde, choquée. Mon regard croise le sien, mais il ne cille pas. Il poursuit, froidement :

— Carline est la seule belle-fille qui sera reconnue par la famille Dupont !

Je reste figée. Un pas en arrière m'échappe malgré moi. Mon premier rendez-vous avec la famille de Rensley… se transforme en humiliation. C'est une véritable déception.

Mais avant que je n'aie le temps de respirer, la porte s'ouvre. Mme Dupont entre dans la maison… avec Sleydjy.

Lorsqu'il me voit, son visage s'illumine et il court vers moi en criant :

— Maman !

Un silence de choc traverse la pièce. Tous les regards se tournent vers moi. En écho, presque d'une seule voix, les membres de la famille répètent :

— Maman !?

Seule Mme Dupont reste sereine.

Je m'agenouille, enlace doucement Sleydjy, et lui demande, troublée :

— Comment se fait-il que tu sois ici ? Où est grand-mère ? Avec qui es-tu venu ?

Il répond joyeusement :

— Avec grand-mère Dupont !

Je lève les yeux vers Mme Dupont, choquée. Elle me sourit tendrement, mais je sens la tempête autour de moi. C'est alors que Mr Dupont explose de nouveau, s'adressant à Rensley :

— Tu vois ? Cette femme au passé chaotique a même un enfant dehors ! Et toi, tu continues à être éperdument amoureux d'elle ! Elle t'utilise, elle t'aveugle !

Mais Rensley ne prête aucune attention à son grand-père. Son regard est fixé sur Sleydjy, puis sur moi. Il s'approche, me saisit par les épaules et me demande d'un ton plus dur, plus froid, presque dominateur :

— À qui est cet enfant ? Dis-moi !

Je ne dis rien. Le silence s'installe, pesant. Mais soudain, Sleydjy tourne légèrement la tête. Rensley le fixe. Mr Dupont aussi.

Leur visage se fige.

Choqué, Mr Dupont s'avance brusquement et s'écrie :

— Quoi ? Rensley ! Mais c'est ton portrait craché, cet enfant !

Rensley reste figé.

— Tu crois ? murmure-t-il.

— Bien sûr ! Il te ressemble exactement quand tu étais petit !

Rensley se tourne vers moi, les yeux grands ouverts, bouleversés. Il me saisit par les bras, cette fois avec une angoisse mêlée d'espoir.

— Est-ce mon fils ? Cet enfant est-il à moi ?

Je reste silencieuse, les yeux baissés. Mon cœur bat trop fort. Je sens le poids de chaque regard sur moi, mais je n'ose pas répondre. Si je dis la vérité, peut-être qu'ils m'enlèveront Sleydjy. Ils diront que je suis une menteuse, une manipulatrice. Je peux supporter leur haine, mais pas qu'ils me prennent mon fils.

Mais si je mens, je brise Rensley. Il pensera que je l'ai trahi, que je l'ai exclu de sa propre histoire.

Je suis piégée dans mon propre silence. Je ne peux pas parler. Je ne peux pas fuir. Et soudain, Rensley crie, pour la première fois, avec une voix blessée que je ne lui connaissais pas :

— RÉPONDS-MOI !

Je continue de ne pas répondre. Les mots restent bloqués dans ma gorge, lourds comme des pierres. Il fait trop froid autour de moi, ou est-ce seulement le poids de leurs regards ? Mon cœur bat fort, mais je garde le silence. Je sens leur méfiance, leur suspicion, leur envie de me faire avouer quelque chose… mais je ne peux pas. Je n'ai plus la force.

C'est alors que Grand-père dit brusquement :

— Allons faire un test de paternité !

Je lève lentement les yeux vers lui, sans savoir quoi penser. Est-ce que les choses vont vraiment aller jusque-là ? Est-ce qu'il doute autant de moi ?

Rensley le regarde, un peu tendu, puis dit :

— Cela prendra trop de temps avant que les résultats seront prêts !

Mais Grand-père ne lâche pas, son ton est ferme, tranchant comme une lame :

— Fais-le en urgence, dans les plus brefs délais !

— D'accord !

Répond Rensley. Il sort aussitôt son téléphone, compose un numéro sans hésiter, appelle son assistant.

L'assistant arrive très vite, comme s'il était juste dans les environs. Il entre, silencieux, professionnel, et on lui explique la situation. Il reçoit l'ordre clair de faire le test de paternité en urgence, et il repart avec les deux échantillons nécessaires.

Je ne peux plus rien y faire maintenant. Tout m'échappe. Peut-être que la vérité sera révélée aujourd'hui.

Je ferme les yeux. Je me sens seule. Je laisse alors le destin décider.

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