Ficool

Chapter 18 - Chapitre 18

En rentrant chez moi, une sensation de légèreté m'envahit, comme si l'on m'avait débarrassée de tous mes soucis d'un seul coup. Je ferme la porte derrière moi et inspire profondément, savourant ce moment de calme qui m'enveloppe. C'est comme si la journée s'était effacée, ne laissant place qu'à une douce tranquillité. Après une douche chaude et un repas rapide, je me glisse dans mon lit. Le sommeil vient vite, réparateur, et m'offre la promesse d'un lendemain plus doux.

Au matin, je me réveille pleine d'énergie, avec cette impression agréable que tout est possible. La lumière s'infiltre à travers les rideaux, caressant ma peau et me tirant doucement du sommeil. Je prends mon temps pour me préparer : choisir mes vêtements, ajuster mes cheveux, et me donner ce petit sourire d'encouragement dans le miroir. Enfin prête, je sors, déterminée à affronter la journée de travail qui m'attend.

À peine arrivée au bureau, je croise Sandy près de l'imprimante multifonction. Son visage s'illumine en me voyant.

— Lidjy ! C'est toi ?

— Bonjour Sandy ! Oui, c'est moi. Comment vas-tu ?

— Ça va bien, merci. Et toi ?

— Très bien, merci. Comment a été ta nuit ?

— Oh, ça a été, pas mal du tout.

Je hoche la tête avec un sourire complice.

— D'accord, alors je vais monter à l'étage pour rejoindre mon bureau.

— D'accord, vas-y !

Je fais un pas vers les escaliers, mais Sandy m'interpelle brusquement. Sa voix trahit un mélange de curiosité et d'amusement.

— Hé, Lidjy !

Je me retourne, intriguée.

— Oui ?

Son regard s'attarde sur mon cou. Je remarque dans ses yeux une étincelle d'étonnement.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? lui demandé-je, un peu déconcertée.

Elle hésite, puis laisse tomber la question avec un ton suspect :

— Dis-moi, où es-tu allée hier soir ?

Je fronce les sourcils.

— Nulle part… pourquoi tu me demandes ça tout à coup ?

— Es-tu vraiment sûre de ne pas être sortie ?

Je sens mon incompréhension grandir.

— Quoi ? Il y a un problème ?

Un sourire malicieux se dessine alors sur son visage.

— Tu es allée voir ton petit ami, n'est-ce pas ? Waw… si intense !

Je reste bouche bée, incapable de comprendre où elle veut en venir.

— De quoi parles-tu ?

Elle s'avance d'un pas, baisse légèrement la voix et me lance avec un air taquin :

— Des ecchymoses sur ton cou !

Je me fige. Ma main se porte instinctivement à l'endroit qu'elle fixe. Mon cœur rate un battement, et une chaleur brûlante monte à mes joues. Comment avais-je pu ne pas m'en rendre compte avant ? Mon esprit se brouille. Faut-il que je trouve une excuse ? Que je nie ?

Sandy, elle, éclate de rire en voyant ma réaction.

— Ne me dis pas que tu n'étais même pas au courant !

Je détourne légèrement le regard, incapable de trouver les mots justes. Un silence s'installe, seulement rompu par son amusement. Finalement, je choisis d'esquisser un sourire faible, une esquive muette, laissant planer le doute. Peut-être est-ce mieux ainsi.

Elle esquisse un sourire, amusée, et moi, un peu timide et réticente, je m'éloigne jusqu'à mon bureau. Je m'installe à peine que mon téléphone vibre. L'écran affiche appel inconnu. Mon cœur se serre : qui peut bien m'appeler de façon anonyme à cette heure ? Un instant, j'hésite. Devrais-je décrocher ou ignorer l'appel ? Finalement, je choisis de répondre, la curiosité l'emportant sur ma prudence.

— Allô ? dis-je d'une voix hésitante.

À l'autre bout du fil, une voix grave et menaçante me répond, glaçant mon sang :

— Ta mère est entre mes mains. Viens la chercher dans le vieux bas-fond, derrière la ville, dans une demi-heure. Si tu veux la revoir vivante, n'appelle pas la police.

Mes doigts tremblent autour du téléphone. Mon souffle se bloque dans ma gorge.

— Qui es-tu ? demandai-je, paniquée, la voix saccadée.

Mais le silence me répond. L'homme a déjà raccroché.

Je reste figée quelques secondes, le téléphone collé à mon oreille, comme si j'espérais encore entendre un bruit, un souffle, quelque chose. Puis, prise de panique, je compose aussitôt le numéro de ma mère. Une fois. Deux fois. Trois fois. Rien. Son portable sonne dans le vide, sans réponse. Une boule d'angoisse monte dans ma poitrine.

Je tente d'appeler Luc, le seul en qui j'ai confiance, mais, au moment précis où il décroche, mon écran devient noir : batterie à plat.

— Non, non, non… pas maintenant !

Je bondis hors de mon siège et cours dans le parking jusqu'à ma voiture, celle que Luc m'a offerte. Je monte à bord en haletant, branche mon téléphone au chargeur et attends les précieuses secondes que l'écran s'allume à nouveau. Mes mains tremblent sur le volant. Je démarre aussitôt, direction l'endroit indiqué.

Le trajet me paraît interminable. Chaque feu rouge est une torture, chaque seconde un fardeau. Mon esprit s'embrouille : et si ce n'était qu'un piège ? Et si ma mère n'avait rien à voir là-dedans ? Mais comment prendre le risque de ne pas y aller ?

Quand j'arrive enfin au lieu mentionné, un terrain vague à l'arrière de la ville, le silence règne. Pas un chat. Pas une voiture. Le vent soulève la poussière et fait grincer une vieille tôle rouillée. Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que j'ai l'impression que tout le monde peut l'entendre.

Soudain, une silhouette émerge de l'ombre. C'est Carline. Elle avance vers moi avec assurance, suivie de plusieurs hommes. Certains tiennent des cordes, d'autres brandissent des armes à feu, et je distingue dans leurs sacs des accessoires dissimulés que je n'ose même pas identifier. L'air se fige autour de moi.

Carline sourit d'un air moqueur. Sa voix résonne, teintée de mépris :

— Yooo, Maylidjy ! Tu es là ? Comment ça se fait ? Ne devrais-tu pas être dans la chambre et sur le lit de monsieur Luc ? Pourquoi es-tu ici ? Après tout, tu es une princesse, une enfant gâtée. Se pourrait-il que ton maître t'ait déjà larguée ?

Elle éclate de rire, un rire froid qui fait monter la chair de poule le long de mes bras.

Je la fixe, perplexe, le cœur battant à tout rompre.

— Pourquoi es-tu ici ? Comment se fait-il que tu sois dans cet endroit ?

Elle secoue la tête et lève un doigt, faussement menaçante.

— Relax, ma chère. Tu es bien trop pressée. Dans la vie, il faut savoir être patiente.

Elle fait un signe de la main et, aussitôt, deux hommes s'approchent de moi. Pris de panique, je recule d'un pas, mais leurs bras puissants m'attrapent sans ménagement.

— Que veux-tu ? Que vas-tu faire de moi ? dis-je en me débattant.

Carline s'avance, les bras croisés, et m'adresse un sourire cruel.

— Comme je viens de te le dire… sois patiente, ma belle.

Les hommes me ligotent les mains derrière le dos avec une corde rugueuse qui me brûle la peau. Je me débats, mais c'est inutile : leurs prises sont fermes comme du fer.

— Où est ma mère ? Qu'as-tu fait d'elle ? criai-je, la voix tremblante mais emplie de colère.

Carline s'approche encore, son regard brille d'une lueur inquiétante.

— Il va y avoir quelque chose d'intéressant. Tu vas avoir le privilège d'assister à une scène qui restera gravée dans ta mémoire.

Ses mots résonnent comme une menace. Mon estomac se noue, la peur s'insinue dans mes veines.

— Que veux-tu dire par là ? Explique-toi clairement, Carline !

Avant que je puisse ajouter un mot de plus, sa main s'abat violemment sur ma joue. La gifle résonne dans le silence et ma tête bascule sur le côté. Une douleur brûlante se répand sur ma peau.

— Tais-toi, ordonne-t-elle d'une voix glaciale. Ne gâche pas l'ambiance, et encore moins ma bonne humeur.

Je ferme les yeux un instant pour retenir mes larmes. L'air semble manquer autour de moi. Ligotée, humiliée, piégée, je comprends que ce cauchemar ne fait que commencer.

Elle se redresse sur sa chaise, un sourire cruel aux lèvres, et lance d'une voix triomphante :

— Que le beau spectacle commence !

Un des hommes s'approche, sort un téléphone et compose un numéro. Chaque tonalité me semble durer une éternité. Quand la voix répond, un frisson me traverse : c'est Rensley. Mon cœur se serre. Les ravisseurs prennent la conversation à leur compte, parlant d'une voix dure et ferme, comme pour écraser l'espoir qui pourrait naître à l'autre bout du fil.

— Monsieur Luc, ta fiancée et ta petite amie sont entre nos mains, annonce le téléphone. Si tu veux les revoir vivantes, viens dans quinze minutes, au vieux quartier, derrière la ville. Tu n'as que quinze minutes. Une minute de plus ou de moins, et elles seront mortes.

Ma poitrine se comprime. Quinze minutes. Le monde autour de moi rétrécit à la taille de ce délai. Rensley, de l'autre côté de la ligne, répond d'une voix étonnamment calme.

— Qui êtes-vous ?

Un rire, long et froid, s'élève parmi les hommes. Ils se répondent en écho, comme s'ils s'amusaient d'un jeu cruel. Celui qui tient le téléphone reprend, narquois :

— Tu ne nous crois pas ? Tu es l'homme le plus riche de la ville. Tu sais très bien qu'on ne rigole pas avec ce genre de chose. On ne joue pas à cache-cache.

Rensley garde son sang-froid et réplique, ferme :

— Allez jouer ailleurs.

La réplique provoque un nouvel éclat de rire, plus méprisant encore. Le ravisseur, se délectant de la panique qu'il suscite, menace de prouver ses dires. Il rapproche le téléphone de la bouche de Carline, qui se met en scène avec une intensité calculée. Sa voix tremble volontairement et elle pousse un cri perçant, parfaitement mis en scène :

— Rensley ! Sauve-moi ! J'ai peur, Rensley, sauve-moi !

Le spectacle est grotesque ; sa plainte sonne vrai, assez pour troubler même les cœurs les plus durs. Je sens mes yeux brûler, mais je ne pleure pas. La mise en scène des ravisseurs est millimétrée : ils savent comment manipuler les sons et les silences pour semer la terreur.

Puis l'un d'eux ajoute, avec un sarcasme qui m'écorche :

— N'oublie pas ta belle secrétaire est là… Oh non, devrais-je dire ta petite amie ? Ton amoureuse ?

Ils éclatent de rire à nouveau, leur hilarité se répercute contre les murs du lieu désert. Ce rire collectif me glace plus que tous leurs gestes. Il contient la promesse d'une cruauté exercée pour le plaisir, et la certitude que nous ne sommes que des pions sur leur plateau.

Je serre les dents, chaque fibre de mon corps appelle au secours, mais la corde qui me lie empêche tout geste. Autour de moi, le monde paraît se dissoudre en une succession de sons : la respiration rauque d'un homme, le froissement d'un vêtement, les rires qui claquent. Le téléphone grésille encore entre leurs mains, porte-voix d'une menace écrite au couteau dans le temps limité qu'ils nous laissent. Quinze minutes. Quinze minutes pour que tout bascule.

Les ravisseurs s'approchent en traînant Carline avec eux. Leur chef, un homme à l'air dédaigneux, se plante devant Rensley et lance d'une voix mielleuse :

— Tu es assez charmant, je l'avoue. Faire tomber amoureuses deux beautés rien que pour toi, il faut avouer que tu as du talent. Mais dis-moi, qu'est-ce qui les intéresse vraiment chez toi, à part ton argent ? Après tout, les femmes ne veulent que la richesse : l'or, l'argent, les voitures, les villas, le pouvoir… Pour toi, qu'est-ce qui motive ces deux-là ? Elles veulent seulement ton argent et puis partir ?

Rensley serre les poings, les muscles de sa mâchoire se contractent. Il réplique d'un ton sec :

— Mêles-toi de tes affaires.

Le ravisseur sourit, comme s'il venait de gagner un pari. Il joue de la provocation, calme et patient.

— Allez, ne sois pas si fermé, on n'a pas forcément à se dépêcher. Nous avons du temps devant nous ; prenons-le pour discuter.

Rensley ne se laisse pas intimider. Sa voix reste froide, contrôlée :

— Je n'ai pas le temps de ricaner avec vous.

Le ravisseur ricane en retour, puis propose un « jeu » d'une voix douce comme un couperet :

— Très bien. Puisque tu refuses de boire nos sarcasmes, jouons alors. Ce sera divertissant. Tu vois ces deux beautés ? L'une est ta petite amie adorée, l'autre ta fiancée si précieuse. Choisis l'une d'entre elles.

Le piège est posé. Rensley avale difficilement sa salive. Il sent la pression monter comme un étau.

— Si je choisis l'une d'entre elles, pourrai-je partir ? demande-t-il, chaque mot pesé.

Le ravisseur hoche la tête avec fausse bonté :

— Bien sûr, je pourrais envisager de vous laisser partir.

Dans l'esprit de Rensley, une tempête d'images et de questions tourbillonne. Il jauge chaque mot, chaque respiration. Un enlèvement ne se limite pas à une mise en scène : il sait qu'un détail peut trahir un mensonge, un indice peut révéler un piège. Pense-t-il que c'en est un ? Veulent-ils le pousser à bout pour mieux connaître ses faiblesses ? Il doit réfléchir vite. Chaque seconde compte. « Je ne peux pas laisser Lidjy en danger », se répète-t-il en boucle. Que faire ? Quelle stratégie adopter ?

Avant même qu'il n'ait le temps de formuler un plan, le ravisseur pousse la provocation un cran plus loin, comme pour examiner sa réaction :

— Quoi ? Tu ne sais pas choisir ? Tu veux qu'on t'aide ?

Rensley affiche un sourire sec, amer, qui ne trompe personne. Il lâche une phrase qui sonne comme une lame :

— Ce n'est qu'un jouet. Je te la donne si tu la veux. Même si ce n'est pas encore fini de jouer, vas-y, prends-la ; j'étais presque rassasié.

À ces mots, quelque chose se brise en moi. Un poignard transperce mon cœur. Même enlevée, ligotée, je n'en veux pas à Rensley , il n'y est pour rien ,mais l'entendre prononcer ces mots me fait chanceler. Je me sens écrasée. Peut-être dit-il cela pour distraire les ravisseurs, pour gagner du temps ; peut-être joue-t-il la comédie pour préparer une contre-attaque. Mais sur l'instant, sa phrase résonne comme une trahison. Mon monde vacille ; je me sens tombée dans un gouffre.

Le ravisseur se délecte du chaos qu'il provoque :

— Alors on dirait que ces deux petites chéries viennent de se faire larguer par leurs amants. Vous vous battez pour un homme qui ne se soucie même pas de vous, n'est-ce pas ?

Carline, qui n'a jamais caché son théâtre, se met à pleurer à voix haute, basse et bruyante à la fois. Elle s'agenouille, la voix tremblante, surjouant la détresse :

— Rensley, ne me laisse pas ! Ne m'abandonne pas, je t'en supplie. Tu sais que je t'aime !

Rensley la regarde avec une froide indifférence feinte. Sa voix, quand il répond, contient peu d'émotion :

— Qu'est-ce que ça a à voir avec moi ?

Un autre ravisseur intervient, s'émerveillant presque de la scène qu'ils orchestrent :

— Oh, comme c'est touchant ! Tes mots me frappent en plein cœur ! Quelle générosité, de la part d'une personne que l'on blesse, que l'on repousse, que l'on traite de jalouse et de méchante. Tu tends la main, et on te pousse dans le gouffre. C'est la vie : le bien puni par le mal, l'amour répondant à la haine.

Il s'approche de Carline, la regarde comme on contemple un trophée. Puis il ajoute, presque philosophe :

— Tu viens jusqu'ici avec l'idée de sauver ta bien-aimée. Mais as-tu déjà envisagé, ne serait-ce qu'une seconde, que si la situation était inversée, ferait-elle de même pour toi ? Te sauverait-elle ?

La question flotte dans l'air, lourde et vicieuse, c'est une lame qu'il tourne dans la plaie. Autour d'eux, les hommes ricanent, satisfaits d'avoir semé le doute et la détresse.

Et moi Je sens mes mains attachées me brûler tandis que l'angoisse me serre la gorge. Rensley, quel qu'en soit le jeu, cache quelque chose. Malgré la douleur et l'humiliation, une étincelle d'espoir persiste : peut-être prépare-t-il une manœuvre audacieuse, un retournement qui nous sauvera tous. Mais pour l'instant, nous restons les marionnettes de ces hommes, à leur merci, enfermés dans un théâtre macabre où chaque mot pèse plus lourd qu'une arme.

Hélas, tout cela ne semble pas être un jeu. Rensley me regarde sans ciller, la voix froide et distante :

— Je ne suis pas venu pour la sauver. Je voulais simplement voir dans quel état pitoyable elle se trouve.

Un silence glacial suit ses paroles. L'un des ravisseurs ricane, méprisant :

— « Elle » ? De laquelle parles-tu parmi tes deux petites chéries ?

Rensley hausse imperceptiblement les épaules, comme si la question lui importait peu. Sa réponse tombe, dure et nette :

— Ça n'a pas d'importance. Je me moque complètement de leur sort. Qu'elles vivent ou qu'elles meurent, cela m'est égal. Fais-en ce que tu veux. Ce ne sont que des jouets qu'on peut changer à volonté.

Ces mots me transpercent davantage que n'importe quelle gifle. Des larmes coulent, chaudes et incontrôlées, le long de mes joues ; mon monde tremble. Comment peut-il prononcer de telles choses ? Est-ce la vérité, ou une façade pour sauver nos vies ? Malgré la douleur, je choisis de lui accorder une chance. Je veux qu'il me regarde, qu'il me dise en face que tout cela est faux, que ce qu'il vient de dire n'était qu'un stratagème. Si, au contraire, il persiste, j'abandonne toute illusion.

Rensley se tourne comme pour partir, déterminé, la silhouette raide. À cet instant, un ravisseur l'interpelle, la voix coupante :

— Tu crois vraiment que tu peux partir ? Ici, ce n'est pas comme chez toi où tu viens et tu repars quand bon te semble. Tu es peut-être fort en affaires, mais ici il y a des règles. Tu as commis une grosse erreur en venant. Crois-tu que nier l'importance de ta secrétaire suffit à nous tromper ?

Le ravisseur s'approche, son sourire sardonique s'étire. Il chuchote à l'oreille de Rensley, comme pour enfoncer le clou :

— Ce ne sera pas si facile.

Un rire moqueur éclate parmi eux. Puis, au loin, des silhouettes avancent , les hommes de Rensley : son assistant personnel et ses gardes du corps. Un frisson d'espoir me traverse, mais il est aussitôt étouffé. L'un des ravisseurs réagit en un éclair : il me tire brutalement par les cheveux, m'obligeant la tête en arrière alors que la corde me retient à la chaise. Son arme se plaque contre ma tempe, froide et dure.

Il regarde Rensley avec un mélange de défi et de amusement, et prononce lentement, en articulant chaque mot pour qu'il n'y ait aucune équivoque :

— N'avance pas ou je tire. Et à ce moment-là, ta bien-aimée sera…

Il fait un geste théâtral de la main, comme un couperet qui tranche l'air, puis lâche d'un ton sinistre :

— Finie.

Mon souffle se coupe. Je sens la corde mordiller mes poignets, mes membres vibrent sous l'effort pour me dégager. Autour de nous, tout devient une attente suspendue : le claquement d'une botte, le froissement d'un vêtement, la respiration contenue des hommes qui observent la scène.

Rensley reste immobile un instant, ses yeux flous trahissant une bataille intérieure. Son visage est une île où se livrent la rancœur, la stratégie et l'amour, trois forces contraires qui se disputent la route à suivre. Que décide-t-il maintenant ? Se remettra-t-il à jouer le rôle cruel qu'il a brièvement esquissé, ou trouvera-t-il une ruse pour nous sauver ?

Je suis ligotée, tremblante, et je n'ai qu'une question qui me hante : arrivera-t-il à me sauver, ou tout ce qu'il a prononcé n'était que ce qu'il pensait vraiment ?

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