Ficool

Chapter 15 - Chapitre 15

Après un long moment d'attente, le résultat tant redouté sort enfin. Le silence s'abat sur la pièce lorsque l'enveloppe s'ouvre. Tous les regards convergent vers le rapport, mais dès les premières lignes lues, une gêne palpable s'installe. Les visages se figent, les expressions changent. Ce n'est pas la joie attendue, mais plutôt de la surprise, de la confusion... et de la déception.

Le grand-père de Rensley, M. Dupont, rompt le silence, abasourdi :

- C'est impossible... Ce gamin te ressemble tellement, comment pourrait-il ne pas être ton fils ?

Mme Dupont, la mère de Rensley, s'avance à son tour. D'un geste vif, elle arrache le rapport des mains de Mr Dupont le grand-père de Rensley. le lit à son tour, les yeux écarquillés. Son visage passe du choc à la colère, puis au désespoir.

- Impossible... C'est absolument impossible ! répète-t-elle, les mains tremblantes.

C'est alors que Carline, jusqu'ici silencieuse dans un coin de la pièce, s'avance fièrement, presque avec arrogance.

- Qu'est-ce qui est impossible ? Tout le monde sait que cette femme a une vie privée chaotique. Vous êtes juste choqués parce que la vérité éclate au grand jour. Mais moi, je ne suis pas surprise.

Rensley se retourne brusquement, le regard enflammé, la mâchoire crispée.

- Toi, tu la fermes !

Mais Carline, loin de se laisser intimider, tente de parler à nouveau, la voix vibrante :

- Rensley, je suis...

- C'est une affaire privée, ça ne te concerne pas ! l'interrompt-il violemment, ne lui laissant pas le temps d'aller plus loin.

Mais Carline, blessée mais décidée, serre les poings et rétorque avec fierté :

- Bien sûr que c'est une affaire privée ! Un homme aime une femme, l'élève sur un piédestal, la prend comme petite amie, l'adore... Et cette femme ? Elle le trahit, elle le trompe. Elle lui cache un enfant qu'elle a eu avec un autre homme. Et lui, pauvre idiot, reste là, aveuglément à ses côtés, croyant en ses beaux discours, sans jamais douter !

Un silence lourd suit ses paroles. Tous retiennent leur souffle. La vérité tombe, tranchante comme une lame.

Plus furieux que jamais, Rensley crie encore :

- Tu n'as pas entendu ? TAIS-TOI !

Mais Carline, refusant de reculer, insiste avec une hargne presque provocante :

- Tu la crois tellement ? Alors vas-y, demande-lui ! Demande-lui clairement : de qui est cet enfant ? Allez, Rensley, pose la question ! De qui est cet enfant ?

Rensley ne répond pas. Il reste là, figé, les mâchoires serrées, les poings tremblants. Et moi... moi aussi, je reste silencieuse. Honteuse. Incapable de dire un mot. Incapable de faire un choix. Comme si parler allait tout faire exploser, tout détruire.

Je suis paralysée par la peur. Peur des conséquences. Peur du regard des autres. Peur de le perdre. Pourtant, au fond de moi, je le sais. Rensley Luc Dupont est bel et bien le père de Sleydjy Bijoux. Et moi, Maylidjy Bijoux, je suis sa mère. Mais comment l'avouer, alors qu'une ombre plane sur cette vérité ? Quelqu'un dans cette famille ne veut pas que Rensley sache. Quelqu'un agit dans l'ombre pour étouffer ce lien. Mais qui ? Je l'ignore encore. Et tant que je ne le sais pas, je ne peux pas révéler la vérité. Pas maintenant.

Comment pourrais-je faire face à Rensley ? Est-ce qu'il croit encore en moi ? Me fera-t-il confiance après tout ça ? Rien n'est sûr. Pas avec ce rapport entre ses mains. Pas avec tous ces regards sur moi. Pas avec des "preuves" qui disent le contraire. Il doit penser que je l'ai trahi. Que je lui ai menti. Que j'ai caché un enfant qui n'est pas de lui.

Je n'ai pas le choix. Il faut affronter. Il faut encaisser.

C'est alors que Mme Dupont s'avance. Sa voix tremble légèrement, mais elle tente de garder son calme :

- C'est impossible... Ce rapport doit être faux.

Carline, toujours aussi sûre d'elle, réplique aussitôt :

- Pourquoi tu penses qu'il est faux ? Tu as des preuves, peut-être ?

Mme Dupont, prise au dépourvu, cherche une réponse :

- On ne sait jamais... Les tests peuvent se tromper.

Carline insiste :

- Tu veux dire que ce gamin est bel et bien le fils biologique de Rensley ?

- Je...

Mme Dupont hésite. Elle baisse les yeux, ouvre son sac à main, fouille nerveusement à l'intérieur, comme quelqu'un qui cherche un document crucial, une échappatoire, une vérité différente. Mais au bout de quelques secondes, elle referme le sac, le visage vidé d'espoir.

- C'est impossible, répète-t-elle, avec plus de doute que de certitude.

Carline, triomphante, enfonce le clou avec un sourire moqueur :

- Qu'est-ce qui est impossible, hein ? Qu'est-ce que tu cherchais tout à l'heure ? Un test caché ? Une lettre anonyme ? Une preuve que ce "bâtard" est bien l'enfant de Rensley ? Ou alors tu cherchais des preuves d'infidélité contre cette garce pour salir un peu plus sa réputation ? Hein ? Tu veux encore prouver à tout le monde à quel point sa vie privée est chaotique ?

— Dit Carline avant de rire.

Mais Mme Dupont s'avance rapidement vers elle et, sans la moindre hésitation, lui donne une gifle bien méritée.

— Garde ta bouche propre ! s'exclame-t-elle. Si tu ne parles pas, personne ne dira que tu es muette. Alors contente-toi de rester silencieuse. Et rappelle-toi : tu n'as pas le droit de me parler ainsi. N'oublie pas que je suis ton aînée !

Carline, surprise, porte aussitôt sa main à sa joue.

— Tu… tu m'as giflée ?! demande-t-elle, choquée.

Mme Dupont, toujours calme mais ferme, répond :

— Qu'y a-t-il de mal à te gifler ?

Carline recule, les larmes aux yeux, et va se réfugier près de M. Dupont en se plaignant comme une enfant :

— Grand-père ! Regarde… tout le monde me déteste ici. On me blâme juste parce que j'ai dit la vérité. Ce n'est pas grave… je comprends. C'est de ma faute si j'ai osé ouvrir les yeux de tout le monde.

M. Dupont se tourne alors vers sa fille, la mère de Rensley.

— Pourquoi l'as-tu giflée ? demande-t-il, contrarié. Elle est la belle-fille de cette famille. Et honnêtement, elle n'a rien dit de mal. Pourquoi l'avoir frappée ?

Mais Mme Dupont ne baisse pas la tête. Elle répond calmement, le regard franc :

— Je l'ai giflée parce qu'elle ne sait pas comment s'adresser à une aînée. Je l'éduque, papa. Je lui rends service. Elle devrait me remercier au lieu de pleurnicher comme une enfant d'un an. Après tout, tu n'es pas toujours là pour la défendre. Elle doit apprendre à être indépendante, à faire face, sinon elle finira par se faire écraser par d'autres.

M. Dupont soupire, fatigué de ces querelles :

— D'accord, d'accord. Assez maintenant. Cessez de vous disputer. Nous sommes une famille.

Mais Mme Dupont, piquée, rétorque :

— Qui est sa famille ? Moi, je ne la reconnaîtrai jamais comme ma belle-fille ! Tous les autres, je pourrais les accepter… mais elle ? C'est impossible.

Bouleversée, Carline lève un doigt accusateur vers elle, puis se jette à nouveau dans les bras de M. Dupont.

— Grand-père ! Toi, au moins, tu m'acceptes, pas vrai ?

— D'accord, d'accord, ne panique pas, tente-t-il de la calmer.

Mais Carline, fière, saisit le bras de Mme Dupont avec un sourire faussement tendre.

— Maman, je sais que tu ne m'aimes pas. Mais ce n'est pas grave. On pourra apprendre à se connaître lentement…

Mme Dupont la repousse vivement.

— Ne m'appelle pas "maman" ! Je ne suis pas ta mère. Si je l'étais, ce serait un cauchemar. Qui sait si je ne serais pas déjà morte de rage à cause de toi !

Elle poursuit, plus durement encore :

— Depuis quand est-ce à toi de prendre des décisions dans la famille Dupont ? Qui es-tu exactement ? Tu crois pouvoir devenir ma belle-fille ? Tu rêves ! Même avec dix vies, tu n'en serais jamais capable. Alors range tes petites pensées indécentes et reste à ta place !

Devant l'escalade des tensions, M. Dupont rentre dans sa chambre en silence. Mme Dupont, elle, quitte la pièce, se dirige vers le jardin pour retrouver un peu de calme. Carline, elle, sort dehors pour répondre à un appel. La colère me serre encore la gorge, mais je la suis discrètement.

Et là… je l'entends.

— Allô ? dit-elle au téléphone. Bien joué. Ils y croient tous. Ce faux rapport a marché ! Mais ce que je n'arrive vraiment pas à comprendre… c'est comment cette garce a pu réussir à donner naissance à l'enfant de Rensley.

Après quelques échanges au téléphone, Carline raccroche et, sans remarquer ma présence, lâche d'un ton ferme et glacial :

— Maylidjy ! Rensley ne peut être qu'à moi. Moi seule suis digne d'être Mme Dupont. Tu veux devenir la maîtresse de cette maison ? De la famille Dupont ? Tu rêves, ma chère. Ce rôle, ce nom, ce pouvoir… ne peuvent appartenir qu'à moi !

Elle fait volte-face, décidée à rejoindre sa chambre. Mais à peine s'apprête-t-elle à franchir le couloir que Mme Dupont surgit et lui bloque le passage.

— C'est toi qui as fait ça, n'est-ce pas ? dit-elle froidement.

Carline reste figée, perplexe, mais ses yeux trahissent une once de panique. Elle tente de garder son calme.

— De quoi parles-tu ? répond-elle nerveusement, feignant l'ignorance.

Mme Dupont s'avance, menaçante :

— Tu ne vois pas de quoi je parle ? Tu veux que je te le dise ?

Carline recule légèrement, tremblante, la voix instable :

— Je ne sais pas… Je ne comprends pas ce que tu dis.

— Vraiment ? murmure Mme Dupont, un sourire froid aux lèvres. Alors je prendrai tout le temps qu'il faut pour te le faire comprendre. Lentement. Très lentement. Et crois-moi, tu vas apprendre.

Elle poursuit, le regard dur :

— Je me fiche de ce que tu fais, avec qui tu couches ou ce que tu manigances dans ton coin. Mais si tu oses toucher à ma famille, à ceux que j'aime… je n'hésiterai pas une seule seconde à sacrifier celle qui leur veut du mal.

Carline, frustrée et prise de panique, s'effondre au sol sans même qu'on la touche. Mme Dupont, impassible, tourne les talons et s'éloigne, la laissant là, tremblante.

Moi, après avoir entendu tout ce qu'elle a dit au téléphone, je suis encore secouée. Je me dirige lentement vers le salon, les jambes faibles. J'ai besoin de m'asseoir, de reprendre mon souffle. Mais à peine ai-je posé un pied dans la pièce que Rensley m'attrape violemment par le bras. Il ne me laisse pas parler, me tire jusqu'à sa chambre, claque la porte derrière nous et me fixe, les yeux pleins de colère.

— De qui est cet enfant ?! crie-t-il. C'est comme ça que tu me traites ? Tu m'avais dit que tu m'aimais… C'est ça, ton amour ?! Tu joues avec moi ? C'est amusant pour toi de te moquer des autres ?

Il ne me laisse pas répondre. Les questions fusent, douloureuses, cassantes. Sa voix monte. Il tourne en rond. Moi, je suis figée, incapable de parler, incapable de l'arrêter. Il ne m'écoute pas. Il ne m'entend pas. Et moi, je ne sais plus par où commencer…

— Je ne veux plus te voir, finit-il par dire. Tu peux partir.

Je le regarde, choquée. Les mots résonnent comme des coups dans mon cœur.

— Notre relation est-elle vraiment si fragile ? Tu vas rompre avec moi pour ça ? Pour quelque chose que tu ne comprends même pas encore ?

Il détourne le regard.

— Mais tu m'as trahi… dit-il à voix basse.

— Tu ne me fais plus confiance ? soufflé-je.

Les larmes commencent à couler sur ses joues. Il les essuie maladroitement du revers de la main. Puis, évitant toujours mon regard, il murmure :

— Je ne sais pas.

Un silence terrible s'installe. Mon cœur se serre. Je veux lui dire la vérité, mais je n'ai plus la force… pas maintenant. Pas dans cet état.

Je le regarde droit dans les yeux, la gorge nouée, la voix tremblante mais déterminée :

— Regarde-moi dans les yeux. Tu sais très bien que lorsque tu me parles, tu ne détournes jamais le regard. Tu me fixes toujours. Alors pourquoi tu évites mes yeux maintenant ? Ça veut dire que tu me mens… n'est-ce pas ?

Il serre les dents.

— Je ne mens pas !

Je m'avance d'un pas.

— Alors prouve-le. Regarde-moi dans les yeux… et dis-moi que tu ne m'aimes plus.

Un silence pesant s'installe. Il hésite. Il baisse légèrement les yeux. Et moi, je le sens… il lutte intérieurement. Il ne peut pas me dire ça. Il ne peut pas me le dire parce que ce n'est pas vrai. Alors je murmure, blessée :

— Tu vois ? J'avais raison, n'est-ce pas ?

Soudain, il se retourne brusquement, me fixe avec froideur, et crache ses mots d'un ton dur :

— Je ne t'aime plus.

Le sol semble se dérober sous mes pieds. Mon souffle se coupe. Je promène mes yeux autour de moi, comme si je cherchais une issue, un espoir. Puis je murmure, les larmes au bord des cils :

— Tu… tu me mens, pas vrai ? Dis-le-moi… Tu dois me mentir. Tu veux juste me faire fuir.

Mais il me saisit violemment par les épaules, son regard brûle d'une colère brutale, presque cruelle.

— Je ne t'aime pas, répète-t-il. Et je ne te mens pas. Comment une femme comme toi pourrait-elle croire qu'un homme comme moi s'intéresserait réellement à elle ? Je ne faisais que jouer, Maylidjy. Tu l'as pris au sérieux ? T'es vraiment naïve. Pourquoi tu ne vas pas plutôt rejoindre le père de ton enfant ? Tu adores jouer, n'est-ce pas ? Alors pourquoi ça te dérangerait qu'on ait juste joué, toi et moi ?

Ses mots me lacèrent le cœur. D'un geste violent, je lui donne une gifle qui résonne dans toute la pièce. Il ne bronche pas. Il reste là, figé, les yeux pleins d'ombres. Moi, les larmes roulent sur mes joues. Je le regarde encore une fois, une dernière fois, avant de reculer lentement.

Il fait un geste, comme s'il voulait me rattraper. Sa main se lève, hésite… puis redescend. Il me tourne le dos.

Je n'attends pas. J'ouvre la porte, sors sans me retourner, prends mon sac, récupère mon fils, et quitte la maison des Dupont.

Chez moi, le silence me serre la gorge. Je suis blessée, humiliée, déçue. Mon cœur hurle mais je n'ai plus la force de pleurer. J'écris une lettre de démission. Je ne retournerai plus dans cette entreprise. Je n'en ai pas la force. Pas après ce qu'il m'a dit.

Et pourtant, malgré tout… je comprends.

Il croit que je l'ai trahi. Il croit aux mensonges. Et je ne peux pas le blâmer entièrement. Moi-même, je suis restée silencieuse. J'ai laissé le doute grandir, j'ai permis à la manipulation de s'installer.

Mais n'avait-il pas dit un jour qu'il savait quel genre de femme j'étais ? Pourquoi maintenant, tout semble-t-il lui échapper ? Pourquoi son regard sur moi est-il si différent ?

Je pensais pouvoir me rattraper, effacer mes erreurs, réunir notre famille. Je croyais encore qu'on pouvait reconstruire quelque chose, malgré tout. Mais maintenant… ça me semble impossible.

Et pourtant… non. Ce n'est pas moi la cause de tout ça. C'est Carline.

Elle a semé le doute, la discorde, la colère. C'est elle qui l'a retourné contre moi. C'est elle qui a falsifié ce rapport, qui a manipulé chaque mot, chaque regard. Elle veut prendre ma place, elle veut ce que j'ai. Elle veut Rensley.

Mais elle ne sait pas encore à qui elle a affaire.

Je ne referai pas la même erreur deux fois. Je n'abandonnerai pas cet amour comme je l'ai fait autrefois. Je me suis tue trop longtemps. Maintenant, c'est terminé. Cette fois, je vais me battre.

Carline… attends-moi. Je viens.

Et crois-moi…

Tu vas goûter à ta propre médecine.

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