Le vent hurlait à travers les arbres noirs.
La lueur étrange dans la paume de Ryo s’éteignit, ne laissant qu’un frisson glacial parcourir son corps.
Un bruit sec brisa le silence.
Crac.
Une branche venait de se briser.
Ryo se retourna brusquement, le souffle court. Ses instincts — forgés dans les ruelles sanglantes de son ancienne vie — criaient l’alerte.
« … Je n’aime pas ça. »
Les hautes herbes s’écartèrent. Une créature surgit des ténèbres. Son corps était monstrueux : des écailles vert sombre, des crocs luisants, et des yeux jaunes brûlant de faim.
Un gobelin.
Ryo recula, la mâchoire serrée.
« Non… Je ne veux pas ça… pas encore… » murmura-t-il en fermant les poings.
La bête grogna et se jeta sur lui avec une vitesse brutale.
Chaque fibre de son être lui hurlait de fuir. Mais une autre voix résonna en lui.
La voix.
Gabriel : « Tu hésites ? Face à la mort, il n’existe qu’un seul choix. Survivre… ou disparaître. »
Le gobelin bondit, brandissant un poignard rouillé.
La main de Ryo se leva d’instinct.
Une lumière jaillit.
La même lueur qu’auparavant — mais plus vive, plus féroce — s’échappa de sa paume. Le temps sembla se ralentir.
Son corps bougea seul. Une vague de force invisible explosa, projetant le gobelin contre un arbre avec un fracas sourd.
Silence. Puis le monstre s’effondra, sans vie.
Ryo resta figé, haletant.
Ses mains tremblaient.
« … J’avais juré de ne plus jamais me battre. » Sa voix se brisa.
« Mais si je ne fais rien… je mourrai. »
La réponse de Gabriel fut glaciale, implacable :
Gabriel : « Tu n’as pas choisi ce monde. C’est ce monde qui t’a choisi. Et ici… seuls les forts dictent la paix. »
Ryo ferma les yeux, ses poings se serrant davantage.
Une tempête de rage, de peur et de lucidité grondait en lui.
Il inspira profondément.
« … Très bien, » murmura-t-il enfin, d’une voix basse mais résolue.
« Je ne tuerai que si je n’ai pas le choix. Mais jamais… je ne me laisserai écraser à nouveau. »
Le vent se leva, emportant ses mots dans l’obscurité.
Ryo fit un pas en avant, laissant derrière lui le cadavre du gobelin.
Le survivant venait de faire son premier choix.