Ficool

Chapter 7 - L’Épreuve du Feu

Le village d’Eran n’avait connu que quelques jours de paix.

Pour Ryo, ces jours s’étaient écoulés comme un rêve fragile — paisible, éphémère, presque irréel.

Il avait aidé à reconstruire les clôtures, transporté de l’eau, partagé des repas simples avec les villageois.

Pour la première fois depuis sa renaissance, la vie semblait… douce.

Et pourtant, au plus profond de lui, le vide murmurait.

Quelque chose approchait.

Cette nuit-là, la paix vola en éclats.

Un cri perça le silence — puis un autre.

Le sol trembla, et l’air se remplit de l’odeur du bois brûlé.

Des ombres surgirent de la forêt — des formes monstrueuses, aux yeux rouges luisants, les crocs dégoulinant de sang et de rage.

> « Des monstres ! Tous aux barricades ! » cria Eran, serrant sa lance.

Le cœur de Ryo battait à tout rompre.

Il les sentait — leur présence, leur faim, leur fureur.

Ses instincts lui hurlaient de se battre, mais son esprit hésitait.

Il n’était pas prêt.

Eran se tourna vers lui.

> « Ryo ! Aide-moi à sortir les blessés ! Vite ! »

Ryo obéit. Il tira un enfant de sous un toit en flammes, le protégeant des décombres.

Partout, les villageois luttaient — avec des lames rouillées ou leurs simples mains.

Ce n’étaient pas des soldats. Juste des gens qui refusaient de mourir.

Et Ryo le vit — le « faible » Maître dont Eran avait parlé.

Il se tenait en première ligne, épée levée, hurlant des ordres alors que les monstres affluaient.

> « Tenez la ligne ! Protégez les portes ! Nous nous battrons jusqu’à l’aube ! »

Ryo resta figé.

Même en sachant qu’il ne pouvait pas gagner, cet homme se battait encore.

Sa force ne venait pas du pouvoir… mais de sa volonté.

Ryo serra les poings.

Les villageois saignaient, criaient, mouraient… pendant qu’il restait là, impuissant.

> « Si seulement j’étais assez fort pour les protéger… »

Alors, la voix retentit — profonde, résonnante, familière.

> « Si tu utilises ton pouvoir ici, Ryo… »

La voix de Gabriel résonna comme un tonnerre dans son esprit.

« Tu pourrais tout détruire. Tu ne le maîtrises pas — pas encore.

Si tu perds le contrôle maintenant… ce village entier disparaîtra. »

Le sol trembla sous ses pieds.

Il sentait cette énergie en lui — infinie, sauvage, affamée.

Le pouvoir d’un dieu… enfermé dans le corps d’un homme trop effrayé pour s’en servir.

> « Pas maintenant, » murmura-t-il. « Pas ici… »

Il refoula cette puissance dans le vide, attrapa une lance tombée à terre et courut rejoindre Eran.

Ils combattirent côte à côte — non pas avec la force divine, mais avec la détermination d’hommes refusant de céder.

Le temps devint flou.

Quand l’aube se leva enfin, le village demeurait silencieux.

Des cendres, de la fumée et la mort flottaient là où, autrefois, régnait le rire.

Ryo se tenait parmi les ruines, tremblant.

Il avait survécu — encore une fois.

Mais pas parce qu’il était fort.

Parce qu’il avait eu peur.

Eran s’approcha en boitant, le corps couvert de sang mais toujours debout.

> « On a tenu bon… grâce à notre Maître. Il est peut-être le plus faible du continent, mais c’est lui qui nous a gardés en vie. »

Ryo observa l’homme qui soignait les blessés, apaisait un enfant en pleurs.

Voilà ce qu’était la vraie force — non pas le pouvoir, ni la domination, mais le cœur.

Il leva les yeux vers le soleil levant.

> « Je dois devenir plus fort, » dit-il doucement.

« Assez fort pour protéger ceux qui me sont chers. »

Et dans le silence du vide, Gabriel ne répondit pas.

Mais Ryo le sentit — une présence calme, approbatrice, veillant sur lui.

Le chemin vers la puissance venait de commencer.

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