La silhouette de Lyana restait figée.
Ses contours se brouillaient, se décomposaient en fragments instables, presque pixelisés.
Rien ici n'était réel.
Il le savait.
Mais même un mensonge peut tuer —
et cette illusion en avait le pouvoir.
Pourtant...
Il avait parlé.
Avoué ce qu'il gardait depuis trop longtemps enfoui.
Même si ce n'était pas elle,
même si tout n'était que poudre aux yeux,
cela avait arraché un morceau du poids qui lui écrasait le cœur.
Pas totalement.
Juste assez pour respirer un peu plus librement.
Malgré tout...
Il ne ressentait plus ni peur,
ni vide,
ni chagrin.
Plus rien.
Juste cette pulsation sourde,
ce battement guttural dans ses veines.
Une soif de sang.
Un désir de colère viscéral, brut, presque ancien —
comme si quelque chose de plus vieux que lui-même
s'éveillait dans ses entrailles.
Il plongea son regard dans celui de l'enveloppe qui imitait sa sœur.
Pas pour elle.
Pas pour cette façade tremblante.
Mais pour ce qui se cachait derrière.
Pour l'entité qui, à l'autre bout, tirait les fils de cette marionnette de chair.
Sa voix se fit basse, sèche.
Chaque mot tomba comme une sentence.
Lentement.
Inéluctablement.
— Toi... oui, c'est à toi que je parle.
J'espère que tu t'es bien amusée, tout ce temps.
Que tu as ri.
Que tu t'es délectée du spectacle.
Mais ne t'inquiète pas...
J'arrive bientôt.
Et je prendrai soin de toi...
autant que tu l'as fait avec moi.
Jusqu'à ce que tu me supplies d'abréger tes souffrances.
À tout de suite.
Ses doigts se crispèrent.
Un craquement sec.
La nuque se rompit — net.
Mais il ne la laissa pas s'effondrer.
D'un geste vif, il la rattrapa,
la soutint contre lui.
Puis, avec une lenteur presque cérémoniale,
il l'allongea au sol.
Ses doigts effleurèrent ses paupières.
Elles se fermèrent doucement,
scellant ce faux regard à jamais.
Un geste tendre.
Terriblement contradictoire avec la violence qui venait de précéder.
Était-ce à cause de la ressemblance ?
Nul ne le saurait jamais.
Mais le doute, lui...
resterait.
Il pivota, prêt à quitter cette coquille de décor.
Mais à peine eut-il fait deux pas
qu'une douleur fulgurante lui éclata derrière les yeux.
Une migraine brutale, presque assourdissante, vrilla ses tempes.
Le vertige le prit comme une vague.
Il porta une main à sa tête...
l'autre à sa bouche.
La toux le secoua.
Des gouttes sombres éclaboussèrent ses doigts.
Du sang.
Épais.
Amer.
Sans chercher à se maintenir debout,
il recula d'un pas incertain
et s'adossa à un pilier éventré,
vestige silencieux du carnage qu'il venait de laisser derrière lui.
Ses yeux se fermèrent à demi.
Le souffle court.
Il força son esprit à passer en revue chaque sensation,
chaque point de douleur,
comme pour cartographier les dégâts.
Son cœur battait lourdement,
comme s'il devait réapprendre à porter son propre corps.
Le système venait de se réactiver.
Il ferma les yeux,
s'immergeant dans cet état de concentration absolue.
Peu à peu,
il dissocia chaque sensation —
traçant une frontière entre les douleurs fantômes nées de l'illusion
et celles bien réelles, imprimées dans la chair.
Les signaux étaient clairs, implacables.
Vaisseaux éclatés,
saignements diffus dans plusieurs zones.
Côtes fissurées, certaines brisées,
compressant les organes internes.
Foie et rate meurtris,
tissus partiellement déchirés.
Perforation légère de l'intestin,
libérant une brûlure acide dans la cavité abdominale.
Hémorragies internes lentes mais multiples.
Inflammations nerveuses irradiant le long de la colonne.
Micro-fractures aux phalanges,
muscles déchirés aux avant-bras.
Poumon gauche congestionné,
comme noyé de sang.
Et, derrière tout ça,
une migraine lancinante,
signe qu'il avait aussi forcé sur ses connexions Spirit.
Chaque douleur n'était plus seulement une alerte.
C'était un état des lieux précis...
et un rappel qu'il avait déjà franchi ses limites bien avant la fin.
Par réflexe,
il attaqua l'hémorragie en premier.
Canaliser le Magia dans les zones lésées,
refermer les micro-déchirures,
colmater ce qui pouvait encore l'être.
Puis, méthodiquement,
il remonta la chaîne des priorités :
stabiliser les organes,
réduire la pression interne,
réancrer les structures nerveuses endommagées.
Chaque geste,
chaque impulsion de volonté,
suivait un ordre précis...
instinctif.
Et c'est là que la pensée surgit,
aussi tranchante qu'inattendue.
Comment pouvait-il savoir tout ça ?
D'où venait cette maîtrise,
ces gestes qu'aucun entraînement ne lui avait jamais appris ?
Un souffle trembla dans sa gorge.
Sur sa joue,
une larme noire coula lentement,
traçant une ligne épaisse jusqu'à son menton.
Elle ne venait pas de la douleur.
Elle venait d'ailleurs.
Elle venait de l'oubli.
D'une chose enfouie si profondément
que même lui ne s'en souvenait plus...
Mais il savait qu'il le devait.
Parce qu'il le ressentait — viscéralement.
Et il savait que toutes les douleurs actuelles ne seraient rien...
Rien face à ce qui l'attendrait
s'il osait ignorer ce sentiment.
En chassant toute pensée superflue,
il concentra son esprit
jusqu'à atteindre une intensité presque douloureuse.
Peu à peu,
il entra en phase avec lui-même...
et avec ce qui sommeillait dans son subconscient.
Là,
au milieu d'un néant dévorant toute lumière,
se tenait une silhouette noire.
Fine.
Élancée.
Petite.
D'une corpulence proche de celle de sa sœur...
en plus frêle encore.
Impossible de distinguer un visage,
ni le moindre détail.
Rien...
hormis cette ombre dressée, immobile,
dont la seule présence définissait la forme de l'être.
Une seule question lui vint.
Qui es-tu ?
Mais ses lèvres restèrent closes.
Aucun son ne franchit sa gorge —
comme si le vide lui-même étouffait toute tentative de parole.
Et d'un coup...
Un pincement brutal.
Là, juste au niveau du cœur.
Était-ce le cœur de mana ?
Ou le cœur... normal ?
La forme ombreuse, immobile jusqu'ici,
commença à tenter de communiquer.
Chaque mot, chaque phrase...
n'était qu'un amas de brouillage.
Un bruit blanc écrasé dans un orage.
Un grondement saturé, insupportable pour l'ouïe.
Puis, soudain...
Une ouverture.
Une petite fenêtre apparut près de la silhouette.
Noire.
Sombre comme l'obsidienne.
Pourtant, elle émettait juste assez de lumière
pour rester visible...
même sans la moindre source autour.
Ce qu'il put lire au loin...
J'ai peur.
J'ai froid.
Je me sens seul.
Il fait noir.
De courtes phrases.
Succession haletante, l'une après l'autre.
Et, à chacune d'elles,
le cœur de Kael se serrait jusqu'à l'écarteler.
Puis s'afficha...
On était une famille...
Sur ces mots,
la douleur explosa.
Pas seulement dans sa poitrine.
Dans sa tête.
Dans tout son être.
Comme si quelque chose en lui tentait de briser
une barrière ancienne,
scellée à double tour.
Des éclats surgirent.
Des images.
— Un temple oublié.
— Sa chambre, baignée dans une lumière lointaine.
— L'interface du Système, marquée M.A.J..
Et toujours cette voix...
J'ai failli t'oublier.
J'ai failli t'abandonner...
Alors que je t'avais promis...
... de rester avec toi.
Un sanglot, étranglé.
Pardonne-moi, Thana.
Pardonne-moi... Je viens te chercher.
Dans le noir abyssal,
les sanglots de la silhouette se calmèrent.
Juste un sourire.
Timide. Fragile.
Éphémère.
Avant de se dissoudre
comme une brume happée par la nuit.
Kael vit la silhouette se dissoudre dans les ombres de son inconscient.
Et soudain — un sursaut.
Ses yeux s'ouvrirent.
Il n'était plus là où il pensait.
Tout avait changé.
Une chape de chaleur lourde lui écrasait la poitrine.
L'air vibrait, épais, saturé d'humidité brûlante.
Chaque inspiration avait le goût d'une flamme tiède qui s'enfonçait dans sa gorge.
Sa peau collait, comme recouverte d'une sueur étrangère.
Une odeur âcre flottait dans cet espace :
le mélange étrange d'un bois trempé par la pluie,
et d'un bois réduit en cendres noires.
Un parfum qui oscillait entre la pourriture humide et l'incendie étouffé.
Parfois, une lame de soufre passait,
si vive qu'elle lui piquait les narines
et brouillait sa vision.
Le sol...
Partout, il était zébré de fissures.
Certaines à peine visibles, luisant comme de simples veines de braise.
D'autres béantes, profondes, crachant par intermittence des vagues de chaleur rougeoyante.
Elles pulsaient.
Comme si la terre respirait.
Comme si elle possédait son propre cœur,
caché dans ses entrailles de magma.
Il leva les yeux, croyant voir tomber... de la neige.
De petits fragments légers, virevoltant dans l'air.
Pendant une seconde, l'illusion l'attrapa.
Puis la vérité éclata : ce n'était pas de la neige.
C'étaient des cendres.
Des cendres volcaniques, qui flottaient lentement,
comme des flocons morts, ternes et brûlants,
déchirant le contraste avec cette chaleur suffocante.
Et alors, son regard accrocha ce qui se dessinait devant lui.
Un lac.
Noir.
Immobile.
Mais son eau n'avait rien d'eau.
À sa surface s'étendait une brume épaisse, mouvante.
Semi-opaque.
Elle roulait par vagues,
se gonflait et se rétractait comme une poitrine qui respire.
Vivante.
Un frisson lui traversa l'échine.
Ce voile ne l'effrayait pas.
Il l'appelait.
Comme une main invisible tendue vers lui.
Comme une voix muette,
l'invitant à franchir la limite.
Elles pulsaient.
Comme si la terre respirait.
Comme si elle possédait son propre cœur,
caché dans ses entrailles de magma.
Il leva les yeux, croyant voir tomber... de la neige.
De petits fragments légers, virevoltant dans l'air.
Pendant une seconde, l'illusion l'attrapa.
Puis la vérité éclata : ce n'était pas de la neige.
C'étaient des cendres.
Elles flottaient, muettes, comme des flocons morts.
Elles se déposaient sur sa peau brûlante,
se dissolvaient aussitôt, avalées par la chaleur.
Le contraste en devenait presque obsédant,
comme une berceuse visuelle, lente et répétitive.
Kael cligna des yeux.
Il se redressa.
Ses jambes bougèrent d'elles-mêmes,
comme guidées par une pulsation plus profonde que sa volonté.
Un pas.
Puis un autre.
La surface du lac l'attendait.
Il franchit la limite sans y penser.
Ses semelles effleurèrent l'eau noire...
mais il ne s'enfonça pas.
La brume s'écarta,
comme une poitrine qui se dilate pour accueillir une respiration nouvelle.
À chaque foulée, le rythme du monde s'accordait au sien.
Les craquelures du sol vibraient,
le souffle du magma se faisait écho de ses pas.
Tout s'effritait autour de lui.
Comme si chaque mètre parcouru fissurait le décor,
prêt à céder sous la vérité.
Il avançait.
Lentement.
Inéluctablement.
Son esprit flottait, engourdi par une harmonie étrangère.
Une part de lui... vibrait avec ce décor.
Comme si une essence enfouie, ancienne,
se réjouissait en silence de retrouver son élément.
Il atteignit presque le centre.
Alors, dans un coin invisible à ses yeux,
une fenêtre obscure s'ouvrit, suspendue au-dessus des cendres.
Écrite en lettres pâles, tremblantes,
elle indiquait :
Système — Notification
??? Princesse des Enfers observe la scène fascinée.
Elle clignota une fois... puis disparut,
avalée par la brume.
Kael, lui, continua d'avancer,
hypnotisé,
comme porté par un rythme que lui seul percevait.
À chaque pas, la surface du lac vibrait
d'un écho sourd,
semblable à un tambour lointain.
Un battement ancien.
Un rituel oublié.
L'air s'effritait autour de lui.
Les fissures du sol s'étendaient,
craquaient plus fort,
comme si l'univers retenait son souffle.
Même les cendres volcaniques
avaient ralenti leur chute,
oscillant paresseusement,
suspendues dans une gravité hésitante.
Puis tout se figea.
Un battement sourd dans sa poitrine.
Premier impact.
Le temps s'arrêta.
Plus de vent.
Plus de sons.
Juste le vide.
Deuxième impact.
Les couleurs s'effacèrent.
Tout devint gris cendré,
à l'exception des veines rouges
qui pulsaient sous ses pieds
et dans le ciel craquelé.
Troisième impact.
Un grondement muet éclata.
Comme un écho abyssal
qui balaya la brume,
traçant une ligne invisible
jusqu'au centre du lac.
Kael s'accroupit.
Lentement.
Devant lui, la surface n'était plus de l'eau.
C'était un miroir noir, parfait.
Son reflet le fixait,
droit, immobile.
Mais de l'autre côté...
elle.
Thana.
Figée, inversée, prisonnière d'un monde renversé.
Il murmura, d'une voix grave, rauque :
— Tu ne mérites pas de rester là. Pas toi.
Alors, sans la moindre hésitation,
il plongea son bras dans l'obscurité liquide.
Un froid absolu le transperça,
lui glaçant les os.
La surface éclata en ondes sombres,
comme un miroir qui se brise.
Ses doigts se refermèrent sur une chair glacée.
Et d'un coup sec,
il l'extirpa de l'abîme.
Elle ouvrit les yeux.
Totalement trempée.
Kael l'avait redescendue.
Et aussitôt, elle s'agrippa à lui.
Ses doigts se crispèrent contre son dos, désespérés, comme si elle craignait qu'il disparaisse d'un souffle.
Nue.
Tremblante.
L'eau ruisselait encore le long de ses cheveux, dégoulinant en mèches sombres sur ses épaules.
Elle cligna des yeux.
Une fois.
Deux fois.
Sa vue restait floue, brouillée, déformée par l'eau.
Il fallut un moment pour que les contours cessent de trembler, pour qu'une netteté se forme.
Mais avant même que l'image ne s'ancre... elle sut.
C'était lui.
Était-ce son odeur, ce parfum mêlé de fer et de cendres ?
Était-ce sa chaleur, brûlante et rassurante ?
Était-ce l'aura qui vibrait autour de lui, lourde et obsédante ?
Ou bien simplement le rythme de son souffle, qu'elle reconnaissait entre mille...
On ne le saura peut-être jamais.
Mais ce qui est sûr...
C'est qu'elle n'eut pas la moindre hésitation.
C'était lui.
Alors ses yeux s'embuèrent.
Des larmes jaillirent, glissèrent le long de ses joues trempées, se confondant avec l'eau du lac.
Puis les sanglots éclatèrent.
Pas ceux d'une entité infinie.
Pas ceux d'un Absolu.
Mais les sanglots d'une enfant.
Une enfant arrachée trop longtemps à la lumière, enfermée dans un noir glacé.
Kael l'enveloppa de sa tenue, l'enserra d'un pan de tissu pour recouvrir son corps fragile.
Et ses bras se refermèrent autour d'elle.
Fort.
Protecteurs.
Brûlants.
Il la serrait comme pour lui transmettre sa chaleur,
son souffle,
sa présence entière.
Le contraste était saisissant.
Violent.
Un paradoxe impossible.
Car cet être qu'il tenait contre lui...
Cet être avait autrefois le pouvoir de rayer des mondes entiers de l'univers,
d'un simple battement de volonté.
Et pourtant...
Là, en cet instant...
Elle n'était que Thana.
Une silhouette recroquevillée.
Le visage enfoui dans son cou.
Étouffée dans ses sanglots.
Blottie dans les bras de Kael.
« S'il te plaît... promets-moi.
Je ne veux plus jamais être seule.
Plus jamais.
Ni dans le noir.
Ni dans le froid.
Plus jamais...
Promets-moi... que tu ne m'abandonneras jamais. »
Kael, sous ces mots, entra dans une fureur incontrôlée.
L'espace lui-même commença à trembler.
On aurait dit que la dimension était liée à son esprit.
Chaque vibration, chaque frisson du sol, résonnait avec sa colère.
Mais cette colère n'était pas dirigée uniquement contre la garce qui lui avait pris Thana et l'avait enfermée dans le lac.
Non...
Il était en colère contre lui-même aussi.
Il s'était juré, avec Lyana, de ne plus jamais refaire cette erreur.
Et pourtant...
Il l'avait répétée.
Encore une fois.
Avec Thana.
Kael, le cœur en morceaux, vraiment mal, formula alors sa promesse.
« Alors je te promets...
que je serai toujours là.
Même si le monde s'écroule autour de nous.
Même si les dieux eux-mêmes se dressent contre nous...
Je serai toujours là ! »
Mais une chose étrange se passa.
Kael ne l'avait pas prévu.
Pas même envisagé.
Thana... sourit.
Légèrement.
Un sourire fragile, né de sa promesse.
Elle ressentait la chaleur sincère de Kael.
Sa détermination brute.
Mais, en même temps...
Il y avait autre chose.
Une trace de tristesse.
De colère.
D'amertume.
Sans qu'elle en comprenne d'abord l'origine.
Jusqu'au moment où ses yeux croisèrent ceux de Kael.
Alors, à travers ce contact, quelque chose se brisa.
Comme si elle avait pénétré au plus profond de son esprit.
Et ce qu'elle vit...
Elle le comprit immédiatement.
Les souvenirs récents.
Les heures écoulées.
Les jours qui l'avaient consumé.
Humiliation.
Douleur.
Fracture.
Tout.
Son expression changea.
D'un battement de cils.
Elle n'était plus la fille vulnérable, fragile, en sanglot.
Elle devint... immobile.
Figée.
Kael fronça les sourcils.
Il ne comprit pas tout de suite cette réaction.
Avait-il dit quelque chose de mal ?
Fait un faux pas ?
Puis, soudain...
Des bulles éclatèrent à la surface du lac.
Une, puis deux, puis des dizaines.
Comme si les abysses elles-mêmes retenaient leur souffle.
L'eau se mit à bouillir.
La brume, lourde et mouvante, se condensa brutalement.
Elle tourna sur elle-même.
Un vortex s'éleva, les encerclant, rugissant comme une tempête vivante.
Et Kael comprit.
Dans les yeux de Thana, il lut la vérité :
elle était hors d'elle.
Il n'en connaissait pas encore la cause exacte.
Mais une chose était sûre.
La cible de son courroux...
ne sortirait pas de ce monde illusoire en un seul morceau.
« ... Elle a osé. »
Sa voix claqua.
Froide. Implacable.
Elle se redressa.
Ses larmes avaient séché.
Son regard n'était plus humain.
Un voile d'ombre jaillit.
Il l'enveloppa.
Ondulant.
Vivant.
Sa main se leva.
L'air vibra.
Se plia.
Grinça.
La brume recula.
Comme si elle avait peur.
Et d'un seul geste...
Elle déchira l'espace.
Un bruit sec.
Un cri muet dans le noir.
Derrière la faille...
Une silhouette.
Floue.
Tremblante.
Pétrifiée.
