Ficool

Chapter 2 - 2- Fractures silencieuses

Chapitre 2 : Fractures silencieuses

Le silence dans la maison était presque pesant ce matin-là. Camille observait Adrian du coin de l’œil, attablé devant son café. Il feuilletait distraitement un magazine, mais elle voyait bien qu’il n’y lisait rien. Il ne l’avait même pas embrassée en se levant.

— Tu dors mal ces temps-ci ? demanda-t-elle, brisant le silence.

— Juste un peu fatigué, répondit-il sans la regarder.

Camille hocha la tête doucement, masquant l’agitation qu’elle sentait monter en elle depuis plusieurs jours. Quelque chose n’allait pas. Elle le ressentait dans chaque geste d’Adrian, chaque soupir retenu, chaque regard évité. Leur complicité, autrefois naturelle, semblait avoir été remplacée par une routine polie et mécanique.

Elle termina son café lentement, les yeux posés sur lui. Il avait changé. Ou peut-être était-ce elle qui voyait enfin les choses telles qu’elles étaient. L’amour ne disparaît pas en un jour. Il s’effrite, il glisse en silence, jusqu’à ce qu’un matin, on se réveille en se demandant : Où sommes-nous passés ?

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Plus loin, dans un café baigné de lumière, Maya relisait ses messages avec Adrian, le sourire au coin des lèvres. Elle adorait ce jeu d’équilibre entre interdit et attirance. Leur dernière rencontre dans sa voiture, tard le soir, résonnait encore dans son corps. Il l’avait regardée comme s’il avait besoin d’elle pour respirer. Elle l’avait caressé longuement, guidé lentement vers ce qu’ils savaient tous les deux être une frontière qu’ils n’auraient pas dû franchir… mais qu’ils avaient franchie quand même.

Maya n’était pas amoureuse. Du moins, pas encore. Mais elle sentait que quelque chose de plus profond commençait à naître. Était-ce l’adrénaline ? Le plaisir de séduire un homme marié ? Ou un besoin de combler un vide qu’elle n’avouait pas ?

Elle soupira, sirota son latte, puis sortit son carnet. Elle y griffonna un mot : « S’il ment si bien à sa femme, que me cache-t-il à moi ? »

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Ce soir-là, Adrian rentra plus tard que d’habitude. Camille, sur le canapé, fit semblant de lire un roman, mais ses pensées étaient ailleurs. Quand il entra, elle leva les yeux, sourit doucement, et demanda :

— Tu étais encore au bureau ?

Il marqua un temps d’arrêt.

— Oui… J’ai eu une réunion imprévue.

Elle nota l’hésitation, le ton. Et le parfum léger qui ne lui appartenait pas.

Elle aurait pu éclater. Poser des questions. L’obliger à avouer. Mais elle choisit autre chose : se lever, le regarder dans les yeux, et l’embrasser. Lentement. Longuement.

Adrian fut surpris. Gêné. Presque coupable. Elle sentit son corps se tendre sous le sien, et son esprit ailleurs.

— Je t’aime, Adrian, murmura-t-elle au creux de son oreille.

Il ne répondit rien. Son silence criait plus fort que tous les mots qu’il aurait pu prononcer.

Cette nuit-là, Camille ne dormit pas. Elle resta allongée, les yeux ouverts vers le plafond, consciente que quelque chose était en train de s’effondrer. Mais elle n’avait pas encore décidé si elle allait se battre ou fuir.

À suivre...

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