Le ciel d’Ashen grondait comme un monstre endormi.
Les nuages s’enroulaient autour des montagnes écarlates, tandis qu’un vent chargé d’énergie magique soufflait entre les pierres anciennes du royaume draconique.
Ryo marchait sans détourner le regard.
Il savait qu’il n’aurait pas dû être là.
Les Gardiens d’Ashen lui avaient ordonné de partir — mais il avait désobéi.
Non pas par défi, mais parce qu’il sentait quelque chose… une présence, une force qui l’attirait irrésistiblement vers le cœur du royaume.
Plus il avançait, plus la pression devenait étouffante.
Le sol lui-même semblait respirer, vibrant sous une énergie ancienne.
Et soudain, il le vit.
Au centre d’un vaste plateau, entouré de pics de cristal et de flammes flottantes, se tenait un homme à la chevelure argentée et aux yeux d’or.
Son aura draconique emplissait tout l’espace, écrasant la terre et le ciel à la fois.
C’était Azdrael, le Roi des Dragons — le souverain éternel d’Ashen.
Leurs regards se croisèrent.
Un frisson parcourut l’air.
Les flammes se turent. Les vents cessèrent.
Pendant un instant, le temps lui-même sembla s’incliner devant eux.
— « Tu n’es pas d’ici, humain », déclara le roi d’une voix grondante, profonde comme un orage lointain.
— « Je ne cherche pas d’ennuis », répondit simplement Ryo.
— « Et pourtant, tu en apportes. Ton aura… elle n’a pas de nature. Ni feu, ni glace, ni lumière. Ce que tu es… ne devrait pas exister. »
Le Roi Dragon fit un pas en avant.
Le sol se fissura. L’air se mit à brûler.
Ses bras se couvrirent d’écailles d’or, ses yeux devinrent reptiliens, et ses ailes jaillirent dans un rugissement qui fit trembler tout Ashen.
Il entra dans sa Forme de Combat Draconique — un état sacré, réservé aux souverains.
Ryo leva la tête, sans reculer.
Une admiration sincère traversa son regard.
Il enviait cette puissance tangible, cette forme forgée par la nature même.
Lui n’avait rien de cela. Aucune transformation, aucun héritage.
Seulement un pouvoir froid, silencieux, qu’il n’avait jamais demandé.
Le Roi Dragon attaqua.
Son poing draconique s’abattit comme un météore, soulevant un souffle capable d’anéantir une ville entière.
Ryo leva calmement une main, et Isolement s’activa.
Le monde s’éteignit.
Plus de vent. Plus de son. Plus rien, sauf eux deux.
— « Je t’avais dit que je ne voulais blesser personne », dit Ryo, sa voix calme résonnant dans le vide suspendu.
L’impact fut invisible, mais tout Ashen le sentit.
La terre gémit, les cieux hurlèrent.
Le Roi Dragon fut projeté en arrière, s’écrasant dans un cratère de lumière.
Son corps tremblait. Pas de douleur… mais de peur.
Jamais, en des millénaires, il n’avait ressenti une telle terreur.
Quand le silence retomba, Ryo fit un pas vers lui, l’air désolé.
— « Je t’avais prévenu. »
Azdrael, haletant, leva la tête. Et malgré la poussière, un sourire se dessina sur ses lèvres.
— « Tu es fort… bien au-delà de tout ce que j’ai connu. Et pourtant… tu ne m’as pas tué. »
Ryo détourna le regard, silencieux.
— « Je ne tue que ceux qui m’y obligent. »
Le Roi Dragon éclata d’un rire profond, un rire qui résonna dans toute la vallée.
Puis, à la surprise de tous — et de Ryo lui-même —, il s’agenouilla légèrement.
— « Alors écoute-moi, étranger. Peu m’importe d’où tu viens, ni ce que tu es. Un pouvoir comme le tien mérite respect… pas crainte. »
Ses yeux dorés brillèrent d’une chaleur sincère.
— « Ryo, fils d’aucun monde… acceptes-tu mon amitié ? »
Ryo resta un moment silencieux, observant ce roi à genoux devant lui.
Puis, lentement, il tendit la main.
— « Si cela peut éviter une autre guerre… alors oui. »
Leurs mains se serrèrent.
Et à cet instant, une amitié venait de naître — entre un roi ancien et un homme sans passé.
Un lien que le monde n’était pas prêt à comprendre.