Prologue — Sous le sceau d'Asteria
On raconte que le monde fut sauvé la première fois non par l'acier, mais par un chant.
Depuis, à Solarys, les arts sont magie. Chaque note, trait, vers et image porte une force ancienne que l'on mesure en dix niveaux — dix marches vers l'Autonomie Magique. Les plus doués quittent leurs foyers pour franchir les portes étoilées de l'Académie Asteria, où l'on apprend à transformer un talent en serment.
Le Royaume s'élève en quartiers nobles : Hivernis la glaciale, Aurémir la dorée, Verdelune la vivante, Lexoria la savante. Au pied des hautes tours, la Terre respire dans ses villages : Floréa et ses champs parfumés, Clairroche taillée dans la lumière et sculptée dans la roche, Cendreval relevée des braises après les batailles et guerres ardentes, Ombreclo blottie dans les collines, Ventclair ouverte aux souffles, Aubevive gardienne des levers. Là, vit le Bas Peuple, où parfois, par caprice du destin, naît l'étincelle.
Mais la magie n'est plus seule. Des créatures venues d'autres cieux maîtrisent une science si fine qu'elle frôle le miracle. Certaines tendent la main et unissent science et art pour soigner, protéger, comprendre. D'autres tordent cette science en armes muettes qui dévorent la couleur du monde. Les anciennes chroniques murmurent qu'un jour, l'équilibre rompra — et que Solarys devra choisir entre l'harmonie et le bruit du vide.
Cette année, sous la voûte d'Asteria, cinq signes se sont levés comme des constellations nouvelles.
Simon Black, dont le crayon taille le réel comme un burin invisible.
Mitsunaoko, qui tisse l'ombre et la lumière en images qui respirent.
Delmas, dont la voix plie les vents et réveille les mémoires.
Akane Shakira, qui chorégraphie l'énergie jusqu'à lui donner forme.
Kouokam Hector, dont la ligne n'écrit pas : elle ordonne.
Ils ne se connaissent pas encore. Ils ignorent que leurs pas convergent déjà vers la même porte — celle qui s'ouvre rarement, et ne se referme qu'après dix hivers d'épreuves. Bientôt, un souffle étranger glissera entre les pierres d'Aurémir, un reflet anormal traversera les bibliothèques de Lexoria, un froid sans neige tombera sur Hivernis, et une fleur s'ouvrira de nuit à Verdelune.
Alors, les cloches d'Asteria sonneront non pour célébrer, mais pour avertir.
Et quelque part, dans un atelier, un studio, une scène ou un carnet, quarante-quatre étincelles se prépareront — car dans ce royaume, créer n'est pas un loisir.
C'est un devoir. Une arme.
Et bientôt, une guerre polie par la science frappera à la porte de l'art.