Ficool

Chapter 10 - 7e Echo : Souffrance & Réincarnation

Chaque nouvelle torche,

chaque nouvelle lueur,

semblait une confirmation qu’il devait suivre cette route,

qu’il n’avait pas d’autre choix que d’avancer.

Est-ce un piège ? Une manipulation ? Ou… est-ce ma seule chance de trouver ce que je cherche ?

Une peur sourde monta en lui,

mais elle était mêlée à une sorte de curiosité.

Le doute grandissait,

mais l’inquiétude de se perdre sans cette lumière

le forçait à avancer.

Un sentiment étrange d’urgence.

Que faire si j’arrête ?

Si je ne suis plus cette lumière ?

L’obscurité, tout autour,

continuait de se tordre,

de se fondre,

d’évoluer à mesure qu’il avançait.

C’était comme si l’espace lui-même

se modifiait à son passage.

Comme si l’obscurité était vivante,

consciente de sa présence

et de son besoin de direction.

Il n’avait plus d’autre choix.

Il fallait avancer.

Suivre cette lumière.

Suivre ce guide.

Même si tout en lui criait que ce n’était pas naturel.

Que ça ne faisait aucun sens.

À chaque pas,

il était moins maître de lui-même,

emporté par un flot d’émotions contradictoires.

L'incertitude l'étouffait,

mais l'envie de comprendre,

d'atteindre une réponse,

d’aller là où l’obscurité semblait le mener,

restait plus forte.

À mesure qu'il approchait de la flamme bleutée,

la lumière semblait se renforcer.

L’obscurité reculait un peu plus,

comme si elle le laissait passer.

Puis, soudainement,

une série de torches s'alluma d’un coup,

dans un rythme presque hypnotique,

comme si elles étaient tombées en cascade,

l'une après l'autre,

formant un cercle autour de lui.

Chaque flamme flottait,

suspendue dans le vide,

sans aucune source apparente.

Leurs éclats vacillants

dessinaient une forme étrange,

une silhouette qui prenait peu à peu forme devant ses yeux.

Là, en plein centre du cercle,

se tenait un escalier.

Mais pas n'importe quel escalier.

Non.

Il semblait composé de trois cercles,

superposés les uns sur les autres,

formant trois marches imposantes.

Comme un escalier en spirale

mais divisé en sections concentriques.

Au cœur de cette étrange scène,

un cube noir captait toute son attention.

Il était parfaitement net,

sans la moindre aspérité,

d'une surface d'une lisse irréelle.

Et sur chacune de ses faces visibles,

le même symbole

que sur la porte en pierre noire

qu’il avait traversée.

Kael ne parvenait pas à détourner les yeux,

hypnotisé par cette chose.

Un frisson glacial parcourut son échine

alors qu'il se rendait compte

qu’il avait cessé de se soucier de tout le reste —

de son stress,

de ses peurs,

de la fatigue qui l’étouffait.

Il ne pensait plus à rien d’autre

qu’à ce cube.

Un claquement sec retentit dans le silence.

D’un coup,

une série de torches disposées en cercle autour de la plateforme

s’embrasèrent d’une flamme blafarde,

projetant une lueur spectrale sur la scène.

L’ombre du cube s’étira sur le sol,

vacillante,

comme si elle était vivante.

Kael cligna des yeux,

son souffle suspendu.

Ce qu’il avait pris pour un simple bloc noir,

parfait et impénétrable,

n’était pas ce qu’il semblait être.

À travers la surface désormais légèrement translucide,

il discerna d’abord des formes vagues, indistinctes,

comme une illusion piégée dans l’obsidienne.

Il s’avança, lentement,

les muscles tendus.

Chaque pas dévoilait un peu plus la vérité.

Ce n’était pas une illusion.

Il y avait bien quelque chose à l’intérieur.

Son cœur s’accéléra.

Des lignes taillées avec une précision surnaturelle

marquaient chaque face du cube,

gravées du même symbole que celui de la porte.

Mais ce n’était pas cela

qui lui fit soudain sentir un poids étrange dans la poitrine.

C’était la silhouette figée en son cœur.

Un squelette noir,

assis en position de lotus,

enfermé dans la matière obscure du cube.

Raide.

Immobile.

Presque trop parfait

pour être un simple vestige mortuaire.

Ses os semblaient faits

d’un matériau à la fois mat et profond,

comme s’ils absorbaient la lumière

au lieu de la refléter.

Un frisson le parcourut.

L’image aurait dû inspirer la peur,

ou au moins une méfiance viscérale.

Pourtant,

il n’y avait pas que cela.

Une sensation étrange.

Dérangeante.

Un infime frémissement.

Une impression indéchiffrable de proximité.

D’un lien ténu mais indéniable.

Comme s’il connaissait déjà ce squelette.

C’était plus fort que lui.

Un mélange de fascination

et d’impulsion irrépressible

le poussait à avancer,

à tendre la main vers le cube.

Son esprit curieux

résonnait avec cet étrange artefact,

même si chaque pas

accentuait une sensation de malaise.

Son cœur battait plus vite.

Beaucoup plus vite.

Il ne le remarqua pas immédiatement.

Était-ce parce que son esprit

était happé par l’énigme du cube ?

Était-il dans un état second,

trop absorbé

pour écouter les signaux d’alarme de son propre corps ?

Nul ne l’aurait su.

Mais le son était là.

Un battement sourd,

comme un tambour lointain.

Débutant à peine perceptible,

puis s’intensifiant.

Frappant encore et encore.

Régulier.

Solennel.

Un rythme d’annonce.

D’avertissement.

Ou peut-être…

de consécration.

Kael n’aurait su dire pourquoi,

mais ce tempo l’enveloppait,

l’absorbait,

comme s’il faisait partie

d’un rituel dont il ne connaissait

ni l’origine

ni le but.

Les pulsations devenaient puissantes.

Brutales.

Presque envoûtantes.

Puis,

son doigt effleura une arête du cube.

Un murmure inexistant.

Une exhalation silencieuse…

Et tout se désintégra.

Le cube se volatilisa

comme s’il n’avait jamais existé,

réduisant en néant

sa présence tangible.

Kael ne comprit pas.

Il n’avait rien fait.

Rien provoqué.

Et pourtant,

il était là,

un genou à terre,

face au squelette noir.

L’instinct le tiraillait entre deux réactions opposées.

Une part de lui voulait fuir,

prendre ses distances

de cette chose dont il ignorait tout.

Une autre…

était fascinée.

Puis, sous ses yeux écarquillés,

les extrémités du squelette commencèrent à s’évaporer.

La matière noire qui composait les os

se dissolvait, lentement, dans l’air ambiant,

se mêlant à l’atmosphère

d’une manière irréelle.

Kael n’avait jamais rien vu de tel.

Son esprit de mortel

ne pouvait qu’observer,

analyser,

absorber chaque détail

avec un émerveillement enfantin.

Un scientifique

découvrant un phénomène inexplicable.

Les battements devinrent plus forts.

Plus pressants.

Des chants résonnèrent,

d’abord discrets,

puis s’élevant dans un crescendo d’hymnes indistincts,

comme une chorale invisible

scandant une vérité qu’il ne comprenait pas.

Puis…

il le sentit.

Quelque chose d’étrange dans l’air.

Une gêne.

Il pouvait respirer,

mais l’air semblait plus dense.

Plus lourd.

Un frisson lui parcourut l’échine.

L’atmosphère devenait oppressante,

comme si un poids invisible

s’abattait sur son être.

Et soudain,

une douleur fulgurante.

Son bras gauche.

Un craquement ignoble

résonna dans son propre corps.

Son humérus se brisa

en une multitude d’éclats.

Un souffle coupé.

Un hoquet de douleur.

Il n’eut même pas le temps de réagir

que son coude explosa sous une force invisible,

pulvérisant ses os en miettes.

Le choc était insoutenable.

Son avant-bras suivit.

Le radius.

Le cubitus.

S’effritèrent.

Se désagrégèrent

dans une souffrance innommable.

Sa main…

Ses phalanges…

Il voulut crier.

Mais aucun son ne sortit.

Puis,

son autre bras subit le même sort.

L’os de son épaule implosa,

envoyant une vague de douleur

parcourir son corps.

Puis son coude.

Son poignet.

Chaque doigt…

Tout s’effondrait.

Se réduisait en cendres.

De l’intérieur.

Puis sa colonne vertébrale.

Vertèbre après vertèbre.

Méthodiquement.

Une à une.

Un cauchemar d’agonie.

Son dos s’effondra sur lui-même,

chaque disque se brisant tour à tour,

du coccyx jusqu’à la base de son crâne.

Ses côtes se disloquèrent.

Son corps s’effondrant

dans une lente procession funèbre.

Son bassin…

Ses jambes…

Ses chevilles…

Ses pieds…

Il n’avait plus de support.

Et enfin…

son crâne.

Une onde glaciale l’envahit,

tandis que sa boîte crânienne

se fracturait,

se disloquait

sous la même force implacable.

Mais alors que son corps entier

était réduit en miettes,

un seul instinct primal le traversa :

S’il tombait inconscient maintenant… il mourrait.

Puis vint la glace et le feu.

Deux sensations opposées

mais indissociables

envahirent son être,

se superposant,

se confrontant

dans une danse infernale.

Un froid glacial,

mordant,

s’enfonça dans sa chair inexistante.

Il n’avait plus de corps,

plus d’os,

mais il ressentait encore.

Et avec ce froid…

la brûlure.

Pas une chaleur réconfortante.

Non.

Un incendie dévorant.

Un brasier sous sa peau disparue.

Un feu coulant dans ses veines

qui n’étaient plus là.

Cela commença par son crâne.

Il sentit quelque chose se reformer.

Au départ,

ce n’était qu’une impression.

Une sensation abstraite,

comme si un tissage invisible

s’opérait dans le néant

qu’était devenu son être.

Puis…

un craquement.

Une matière nouvelle

se tordit,

se comprima,

se modela.

Une douleur fulgurante

fusa à l’arrière de sa tête

alors que son crâne

reprenait forme.

Il vit.

Il se vit.

Son regard tomba

sur ce qu’il était devenu :

un tas de chair flasque, informe,

effondré sur lui-même

comme un vêtement abandonné.

Mais ce corps perdu

se reconstruisait.

Ses vertèbres.

Une à une,

elles renaissaient.

Il les sentit s’étirer,

se resserrer,

fusionner

dans une architecture plus dense,

plus rigide,

plus résistante

que tout ce qu’il avait connu auparavant.

Sa colonne vertébrale

se reformait dans un mouvement ascendant,

remontant lentement

jusqu’à sa nuque,

tandis que la sensation de froid et de feu

l’accompagnait à chaque instant.

Ensuite,

ses côtes.

Des tiges solides

se projetèrent hors du néant,

se connectant les unes aux autres

dans un alignement parfait.

Elles se pliaient,

se tordaient dans l’invisible,

fusionnant avec son sternum

qui reprenait peu à peu forme.

Puis vint son bassin.

Il sentit ses hanches se reconstruire,

les os s’imbriquer avec précision

dans une symétrie parfaite,

s’adaptant à son corps

en pleine transformation.

La sensation était indescriptible.

Ce n’était plus simplement

un corps humain

qu’il récupérait…

… c’était autre chose.

Ses bras.

Son humérus prit forme

d’un seul coup,

s’étirant comme s’il était forgé

à partir d’une matière plus robuste

que tout ce qu’il avait connu.

Son coude se reconnecta.

Son avant-bras s’aligna.

Puis vinrent ses doigts,

s’articulant avec une fluidité

étrangement parfaite.

Il referma le poing.

La douleur était là,

toujours là,

mais comparée à ce qu’il avait subi avant…

elle était presque supportable.

Ses jambes.

Le fémur.

Le tibia.

La rotule…

Tout se reconstitua

dans une logique impitoyable.

Enfin,

il sentit ses pieds retrouver une base.

Un ancrage.

Et alors que la dernière pièce

s’imbriquait…

Kael comprit.

Ce n’étaient plus ses os.

C’était autre chose.

Quelque chose de différent.

De supérieur.

Et il en ignorait encore

le prix.

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