Le vent soufflait de manière lourde et désordonnée, secouant les drapeaux sacrés de l’Empire au sommet des citadelles. Les Chevaliers Sacrés se tenaient prêts, rassemblés sur l’immense terrasse de la Forteresse Céleste, observant l'horizon sombre de l’Empire. Chaque chevalier, vêtu de son armure d’or scintillant, se tenait droit comme une statue. L'impératrice se trouvait devant eux, son silence pesant et imposant, comme une ombre qui s’étendait sur la lumière divine elle-même.
Les tensions s’étaient intensifiées. L’Empire, dans sa quête de pureté divine, savait que l’heure de la confrontation avec Kael, le prince des hybrides, approchait à grands pas. Le sceau de Kael, désormais bien plus puissant et menaçant, était la cloche de l’extinction pour la plupart des créatures du continent. Son ascension était inévitable, et son pouvoir ne pouvait plus être ignoré. L’Empire se préparait à cette rencontre inévitable comme on se prépare à l’apocalypse.
L'impératrice, en silence, tourna lentement son regard vers les dix autres Chevaliers Sacrés. Chaque mouvement qu’elle faisait semblait être dicté par une force supérieure. Elle leva enfin la main, et tout autour de lui, le silence tomba comme un rideau sur la salle de guerre.
L'impératrice: « Le temps est venu. Kael, l'hybride maudit, croit pouvoir nous défier. Il se nourrit de la peur et de la souffrance, et il semble croire qu’il peut établir un royaume pour les impurs. Nous devons mettre fin à cette insurrection avant qu’elle n’éclate dans tout l’Empire. Pour cela, nous devons être sans pitié. »
Les chevaliers se redressèrent, la lueur d'obéissance brilla dans leurs yeux. Leurs cœurs étaient unis dans leur mission divine : détruire Kael et anéantir toute forme de divergence.
Sous l’ordre de l'impératrice, chaque ordre se mit en marche. Les Lames Sacrées prenaient position en première ligne, leur épée longue, vibrante de lumière divine, prête à fendre l’air avec une force inouïe. Les Prêtres du Feu se groupaient derrière, formant des cercles mystiques, les mains tendues vers le ciel pour appeler le feu céleste. Leurs prières se mêlaient au grondement des éléments qui semblaient se soumettre à leur volonté.
Les Archers du Ciel, positionnés sur les hauteurs, observaient l’horizon, cherchant toute silhouette menaçante. Leurs flèches enchantées pouvaient transpercer une montagne, et leur regard perçant scrutait l’horizon avec une précision absolue.
Les Gardes Divins, l’élite de l’élite, se postaient près de l'impératrice, prêts à défendre leur impératrice contre toute attaque. Leur résistance était légendaire, et leur rôle était de garder la ligne, de protéger l’intégrité du corps sacré de l’Empire.
Les Exécuteurs des Ombres, quant à eux, se fondaient dans les ténèbres. Leur mission : infiltrer, collecter des informations et frapper avec une discrétion mortelle. Ils étaient la main invisible de la déesse, et leur assaut serait rapide et impitoyable.
Un léger tremblement secoua la terre sous leurs pieds. Ce n'était pas la terreur qui venait d’un tremblement naturel, mais la présence de l’hybride. Kael s’approchait. Dans les ruines des anciennes forêts, le sceau qu’il portait laissait une empreinte irréversible sur le monde, une marque qui annonçait sa venue, une cicatrice déchirant le tissu même de la réalité.
Kael, le Prince des Hybrides
De son côté, Kael observait la forteresse impériale au loin, ses pensées divisées entre l’impulsion de lutter et la réalité du pouvoir qu’il contrôlait. Il savait que le conflit avec les Chevaliers Sacrés était inévitable. Il n’avait pas cherché la guerre, mais il savait que leur quête de purification ne s’arrêterait pas tant qu’il serait en vie. Il était désormais un danger pour leur monde parfait.
Les nouveaux pouvoirs qu’il avait acquis grâce au sceau étaient plus puissants qu’il ne l’avait jamais imaginé. Il avait le contrôle sur des éléments primordiaux : le feu, l’eau, l’ombre, la réalité elle-même. Les réalités alternatives se déroulaient devant lui comme une carte dépliée, et il pouvait manipuler le temps et l’espace à sa volonté. Pourtant, il savait que ce pouvoir était dangereux. Chaque utilisation était un pas vers la perte de son humanité, un risque qu’il était prêt à prendre, mais qu’il savait devoir contrôler.
Sa dévotion à la création d’un royaume hybride, un sanctuaire où les hybrides et toutes les races différentes pourraient vivre librement, le poussait à aller toujours plus loin dans sa quête. Mais à quel prix ? Ses pensées étaient assombries par la peur de perdre son propre être, son âme.
Un cri perça l’air : c’était le vent de la guerre. Le moment était venu. Kael, accompagné de ses fidèles, les héritiers des anciens clans, se tenait prêt à affronter l’Empire. Il n’était plus simplement un hybride, il était l’avenir, et son destin était désormais lié à la guerre qui allait éclater.
L'armée de Kael se mit en mouvement, son allure imposante sombre comme un nuage de tempête. Il menait ses troupes avec une fermeté glacée, sa silhouette presque invincible au milieu des flammes qui dansaient autour de lui. La magie élémentaire qu’il manipulait creusait des fissures dans le sol, et les éclairs de l’ombre transformaient le ciel en un mouvement chaotique.
Les Chevaliers de l'Empire furent les premiers à se mettre en position. L’affrontement était imminent.
Le premier choc des armées se fit entendre comme le rugissement d’une bête sacrée. Les Lames Sacrées, des Chevaliers sous ordre direct des Chevaliers sacrés fondirent sur Kael avec une violence sans égale, leurs épées de lumière frappant l’air avec une rapidité fulgurante. Mais Kael esquiva chaque coup avec une fluidité presque surnaturelle, utilisant la manipulation de la réalité pour faire apparaître des boucliers d’ombre qui déviaient les attaques.
Un des Prêtres du Feu tenta d’invoquer un déluge de flammes sacrées, mais Kael, avec un simple mouvement, créa une vague d’eau glacée qui éteignit les flammes avant qu'elles n’atteignent son armée. La force élémentaire qu’il maîtrisait semblait balayer toute opposition, mais les Chevaliers Sacrés n’étaient pas des ennemis ordinaires. Leur lumière était une force d’une pureté divine, capable de dissiper l’ombre, même la plus puissante.
La bataille faisait rage, les forces des Chevaliers et des hybrides s’affrontant dans une danse de magie, d'épées et de flammes. Mais au-delà de cette guerre physique, une question plus profonde se posait dans l'esprit de Kael. Quel prix paiera-t-il pour la victoire ? Et à quel point son propre âme serait-elle emportée dans ce tourbillon destructeur ?
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Le champ de bataille s'était tu.
Un silence lourd et pesant s’était abattu sur la terre meurtrie, comme si le monde lui-même retenait son souffle. Les flammes s’éteignaient lentement, les corps des combattants — amis comme ennemis — jonchaient le sol, témoignages sanglants d’une confrontation titanesque. Dans ce tumulte éteint, Kael se tenait droit, le souffle profond, le regard fixé sur l’horizon.
Il n’avait pas encore affronté l’un des Douze dans cette nouvelle bataille et aucun des 12 n'a prit part au combat. Ce n’était qu’un avant-goût, un éclat mineur du véritable orage à venir.
Kael : « Ils testent mes limites… Ils me provoquent… »
Ses mots étaient amers. Il avait vaincu, mais à un coût. Beaucoup des siens étaient tombés. L’Empire n’avait pas encore sorti ses armes ultimes, mais ce qu’il avait vu, la puissance brute des troupes sacrées, prouvait que l’heure n’était plus à la retenue.
Une pluie fine commença à tomber, lavant doucement le sang de ses mains. Autour de lui, ses compagnons se regroupaient, soignaient les blessés, enterraient les morts. Mais tous partageaient la même expression : celle de la détermination fanatique. L'Empire ne les poursuivit pas pour autant dans leur repli.
Kael leva les yeux vers le ciel. Son sceau pulsait sous sa peau, irradiant une lumière pâle et changeante. Depuis son évolution, il avait l’impression qu’il « respirait » avec lui. Qu’il sentait ses peurs, ses colères, et les amplifiait. Il ne contrôlait plus seulement la magie… le pouvoir l’appelait. Il devait apprendre à le dompter, ou être dévoré.
Guidé par une vision envoyée par le sceau, Kael se mit en route, seul, laissant ses hommes se replier dans une grotte fortifiée. Il voyagea à travers une vallée oubliée, envahie par la brume et les murmures des esprits du passé. C’est là qu’il le trouva.
Un ancien. Un être hors du temps.
Un homme voûté, vêtu d’un manteau tissé d’ombres mouvantes. Ses yeux, pourtant éteints, semblaient voir à travers Kael.
L’Ancien : « Te voilà enfin, porteur du Sceau.»
Kael, méfiant mais fasciné, resta silencieux.
L’Ancien : « Ce que tu portes n’est pas un don, Kael. C’est une clé… et une prison. Peu peuvent en déverrouiller les portes sans perdre leur âme. Mais je peux t’y préparer. »
Ce fut le début d’un entraînement hors du temps, dans une dimension alternative, façonnée par la volonté de l’Ancien. Kael affronta ses propres peurs, ses échecs, ses colères refoulées. Il dut revivre la mort de ses proches, entendre les cris de ceux qu’il avait échoué à protéger. Ce n’était pas un combat de force… c’était un combat de volonté.
Des jours, ou peut-être des semaines, passèrent dans cet espace suspendu. Et peu à peu, Kael apprit. Il ne s’agissait pas de dominer le Sceau, mais de fusionner avec lui. Ne plus lutter contre sa nature, mais l’embrasser sans se perdre.
Et puis… une nuit, alors que la lune brisait enfin la brume dans le monde réel, Kael rouvrit les yeux.
Son aura avait changé.
Il était devenu le maître de l’œil : un état où les flux de réalité, de magie et de temps lui apparaissaient dans une clarté insoutenable. Il pouvait voir les fils invisibles qui reliaient les événements, percevoir les futurs possibles, et même y intervenir — dans certaines limites.
Une nouvelle étape avait été franchie. Mais il savait que cela ne suffisait pas encore à vaincre un seul des Chevaliers sacrés restants. Pas encore.
Kael : « Ce pouvoir... je ne l’utiliserai pas pour détruire. Je l’utiliserai pour bâtir. Mais s’ils veulent la guerre... alors je leur donnerai l’orage. »
Il repartit, plus seul que jamais, mais plus fort que jamais aussi.
L'œil du cyclone s'était calmé. La tempête, elle, était encore à venir.