Ficool

Chapter 18 - 18- Fractures au retour

Chapitre 18 — Fractures au retour

Le silence pesait dans la voiture. Seuls le moteur et le frottement régulier des pneus contre l’asphalte rompaient le calme tendu qui s’était installé depuis le départ de la plage. Camille, assise à l’avant, rayonnait encore d’un éclat discret. Le vent avait légèrement séché ses cheveux, et sa peau, encore salée, conservait un éclat doré.

Adrien, au volant, gardait une main sur sa cuisse, ses doigts dessinant des cercles lents. Elle tournait de temps en temps la tête vers lui, lui glissant un regard complice ou un sourire discret, tandis que leurs mains se frôlaient, se retrouvaient.

À l’arrière, Maya fixait obstinément la route qui défilait. Loris, assis à côté d’elle, essayait en vain de capter son attention. Il avait compris. Tout, ou presque. Son regard s’était arrêté plusieurs fois sur Adrien et Camille. Et plus encore sur les non-dits de Maya. Cette crispation dans sa mâchoire. Ce regard éteint.

— Tu veux qu’on s’arrête boire quelque chose sur la route ? proposa Adrien, rompant le silence.

— Oh oui, une petite terrasse avec vue sur le coucher de soleil, souffla Camille.

— Bonne idée, répondit Loris sans conviction.

Maya, elle, resta muette. Elle n’avait envie de rien. Rien d’autre que de rentrer, s’isoler, effacer de son esprit les images de Camille glissant dans les bras d’Adrien, leurs peaux mouillées, leurs rires dans les vagues, leurs regards.

Ils s’arrêtèrent finalement dans un petit bar en bord de route. La terrasse donnait sur la mer, dont les vagues s’assombrissaient au rythme du soleil couchant. Camille se posa près d’Adrien, leurs jambes se touchant sous la table. Maya choisit un coin à l’ombre. Loris se plaça à ses côtés, mais garda un peu de distance.

— Une piña colada pour moi, dit Camille avec entrain. Et pour vous ?

— Mojito, répondit Adrien.

— Rien pour moi, murmura Maya.

— Maya… insista doucement Loris.

— J’ai dit non.

Le ton était sec. Assez pour qu’Adrien relève les yeux. Camille, elle, ne dit rien, mais son regard glissa brièvement vers Maya. Elle observait, notait chaque mouvement, chaque fissure.

Quand les verres arrivèrent, Camille trinqua avec Adrien, puis se pencha vers lui pour murmurer quelque chose à l’oreille. Il rit doucement, les yeux brillants. Maya détourna le regard, le cœur tordu.

— Tu devrais essayer de te détendre, glissa Loris.

— Et toi, tu devrais arrêter de croire que je suis capable d’oublier.

— Oublier quoi ? lâcha-t-il, la voix plus basse.

Elle ne répondit pas. Pas ici. Pas maintenant. Elle le fixa, les yeux brillants de colère contenue.

Camille s’était levée. Elle proposa une petite marche sur la plage, juste en contrebas de la terrasse. Adrien accepta aussitôt. Ils s’éloignèrent tous deux, leurs ombres se projetant sur le sable encore tiède.

Maya les regarda partir. Et ce fut plus fort qu’elle. Elle se leva aussi.

— Maya… laisse-les, soupira Loris.

Mais elle ne l’écouta pas. Elle descendit la pente sablonneuse, lentement, les yeux fixés sur les deux silhouettes enlacées. Ils marchaient, bras autour de la taille, s’arrêtant de temps en temps pour échanger quelques mots, quelques caresses.

Elle les observa de loin. Puis s’approcha encore. Elle voulait entendre. Comprendre.

Elle les vit s’arrêter, face à la mer. Adrien se plaça derrière Camille, l’enlaçant par la taille. Elle pencha la tête contre son épaule.

— Tu te souviens, ici ? murmura Camille. On était venus il y a deux ans, avant même que tout devienne compliqué.

— Je m’en souviens, répondit Adrien. C’était une belle journée.

— Comme aujourd’hui.

Il l’embrassa dans le cou. Maya sentit sa gorge se nouer. Elle recula, le cœur au bord de l’explosion. Une larme coula sur sa joue. Puis une autre.

Loris la retrouva quelques minutes plus tard, assise sur un rocher, loin derrière.

— Tu ne peux pas continuer comme ça, Maya.

Elle ferma les yeux.

— Je le sais.

— Tu dois faire un choix. Parce que lui, il semble l’avoir déjà fait.

Ces mots furent une gifle. Elle hocha lentement la tête.

— Je sais, répéta-t-elle.

Le retour fut silencieux. Camille s’était endormie contre Adrien, paisible. Maya, elle, regardait la nuit tomber. Elle comprenait enfin. Il ne reviendrait pas.

Et elle n’avait plus qu’à faire semblant… ou à brûler tout ce qu’elle avait construit.

À suivre…

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