Ficool

Chapter 20 - 20- Deux dimanches

Chapitre 20 – Deux dimanches

Le soleil filtrait à travers les rideaux du salon, traçant des lignes dorées sur le tapis. Camille, jambes repliées sous elle, tenait une tasse de chocolat chaud entre les mains. Adrien, en short et t-shirt, était affalé à côté d’elle sur le canapé, la télécommande à la main.

— Tu veux qu’on regarde quoi ? demanda-t-il.

— Quelque chose de léger, pas de drame. Je veux rire ce matin.

Il parcourut les options et lança une comédie romantique. Les premières notes joyeuses envahirent la pièce, et bientôt, leurs rires vinrent ponctuer les dialogues absurdes des personnages à l’écran.

— Tu te rends compte, dit Camille en posant sa tête sur son épaule, qu’on n’a pas passé un dimanche comme ça depuis… je sais même plus.

— Depuis toujours, répondit-il en glissant ses doigts dans les siens. Et tu sais quoi ? J’ai envie que tous nos dimanches soient comme ça.

— Moi aussi.

Ils restèrent là, l’un contre l’autre, à se raconter des souvenirs, à commenter le film, à s’échanger des regards complices. Le temps s’étirait doucement, comme si le monde extérieur n’existait plus.

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À quelques rues de là, Maya était allongée sur son lit, les yeux rouges et les draps en désordre. La lumière de la matinée traversait à peine les volets entrouverts, dessinant sur ses murs des ombres pâles. Le silence pesait. Elle n’avait pas quitté son lit depuis la veille.

Des mouchoirs froissés s’accumulaient sur la table de chevet. Ses yeux fixaient le plafond sans vraiment le voir. Son cœur, lui, battait trop fort. Ou parfois plus du tout. Elle avait pleuré toute la nuit, et même si les larmes s’étaient taries par moments, les sanglots restaient accrochés à sa gorge, comme une présence constante.

Adrien.

Elle avait cru pouvoir supporter son absence. Mais le simple fait de l’imaginer, là, quelque part, en train de sourire à Camille… la détruisait à l’intérieur. Elle aurait pu l’appeler. Lui écrire. Le supplier. Mais à quoi bon ? Elle savait qu’elle n’avait plus sa place dans sa vie.

Et surtout, elle savait qu’elle n’aurait jamais dû y entrer.

Maya se redressa lentement, marcha pieds nus jusqu’à la cuisine. Une boîte de céréales vide traînait sur le comptoir. Elle ouvrit le frigo : vide aussi. Comme elle.

Elle retourna s’asseoir dans le salon, une couverture sur les épaules, sans allumer la télé. Elle resta là, à fixer le vide, le menton posé sur ses genoux. Son esprit ressassait tout ce qu’elle avait fait. Toutes ces fois où elle avait cru que briser les autres ne comptait pas tant qu’elle avait ce qu’elle voulait.

Elle repensait aux regards fuyants. Aux silences coupables. À cette chambre d’hôtel où elle s’était sentie puissante. Aujourd’hui, cette même chambre lui apparaissait comme un caveau.

Elle était seule. Seule avec ses souvenirs. Avec ce cœur qui battait trop fort pour quelqu’un qui ne l’aimait plus.

Elle voulait appuyer sur pause. Ou même revenir en arrière. Effacer. Réparer. Mais il n’y avait pas de retour en arrière.

Il n’y avait que ce dimanche. Ce long, cruel, insupportablement vide dimanche.

Elle prit son téléphone, ouvrit la galerie de photos. Une image d’Adrien apparut. Il souriait. Il portait une chemise claire. C’était un selfie. Il était heureux. Il ne l’avait plus jamais été ainsi avec elle.

Elle effaça la photo. Puis une autre. Et encore une. À chaque suppression, une larme roulait.

— Je suis une horrible personne… murmura-t-elle.

Et pour la première fois, Maya ne pleura plus pour Adrien.

Elle pleura pour elle-même.

Et vous, avez-vous déjà ressenti ce poids du regret, si lourd qu’il vous empêche de respirer ?

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