— L'Empire… hein ?
Un sourire en coin s'étira sur ses lèvres.
— Voyons voir quel chaos m'attend là-bas.
Soudain, Khaevar fut frappé par une pensée fulgurante.
— « Attends une seconde… Le rite est terminé mais… j'habite où exactement ?! »
Il se prit la tête à deux mains, paniqué.
— « Comment je vais faire ?! Je ne connais personne ici ! Enfin… je veux dire, je ne connais personne que Khaevar connaissait !Comment je vais faire ?! COMMENT JE VAIS FAIRE ?!
Une idée lui traversa l'esprit.
— « Peut-être que je peux aller parler à des barbares au hasard. Avec un peu de chance… »
Scénario imaginé dans sa tête :
→ Si le barbare me connaît :
Khaevar : « Salut mec, ça va ? »
Inconnu : « Oh ! Salut Khaevar, fils de Lokhzel ! Ça fait un bail ! »
— Et je lui demande de m'accompagner chez moi. (même si ça fait bizarre mais bon…)
→ Si le barbare ne me connaît pas :
Inconnu : « Salut mec, moi c'est… »
— Bon… Je passe au suivant jusqu'à trouver quelqu'un qui me connaît.
Il soupira profondément.
— « Ok, allons-y… Je sens que je vais regretter. »
FLASH.
Une soudaine impression l'envahit, comme une mémoire qui lui était naturellement revenue.
— « Hein ? Attends… Je sais. Je sais où j'habite. »
Sans même comprendre pourquoi, il s'élança dans les rues animées du village.
Les habitations en pierre et en bois formaient une architecture brute, typique d'un village barbare. Les routes étaient en terre battue, les ruelles éclairées par la lueur vacillante des torches. Le village vivait.
Des anciens aux enfants, des guerriers aux artisans, tout le monde semblait occupé, immergé dans le tumulte joyeux des festivités.
Après quelques minutes de course, il s'arrêta devant une maison un peu isolée, en bois, au bord du village.
— « J'espère que je vis seul… » souffla-t-il avant d'ouvrir brusquement la porte.
Grincement sinistre.
La pièce était vide. Une simple chaise, une assiette et un verre posés sur une petite table, près d'une cheminée éteinte où s'accumulaient des cendres et quelques bouts de bois calcinés.
Un soupir de soulagement.
— « Ouf. Je vis seul. Heureusement… »
Il fixa la pièce silencieuse, puis son visage se crispa, entre dégoût et résignation.
— « …En fait… Même dans cette nouvelle vie, je suis condamné à être seul. »
Un sarcasme amer lui échappa.
— « Génial. Quelle promotion. »
L'aube du départ
Le matin s'était levé, paisible.
Les premiers rayons du soleil effleuraient les pierres et le bois des habitations, caressant doucement les toits du village barbare.
Au loin, les chants légers des oiseaux accompagnaient le murmure discret d'une rivière dont le courant était audible depuis la petite fenêtre en bois de la maison de Khaevar.
Mais lui était déjà debout.
Il s'équipait avec soin, comme s'il allait gravir une montagne.
Il enfila ses brassards d'acier noir, sculptés en forme de griffes courbes. Un tissu sombre masquait ses paumes et le dos de ses mains, pour mieux dissimuler ses prises et protéger sa peau.
Sur son épaule droite, une épaulette d'acier brut, ornée de crocs de bêtes, témoignait de ses origines barbares et de son clan. Ses sandales en cuire attachées solidement par des cordes, sa ceinture mêlant acier, cuir et fourrure noire, ses jambières de barbare — tout semblait taillé pour résister à la rudesse du monde.
* à part les sandales en cuire bien sûr.
[ équipements : ]
{hache-marteau de guerre (commun)} (FOR +2){brassards d'acier noir (rare)} (VIT +2 | FOR +1){épaulette d'acier brut (rare)} (VIT +3){ceinture acier, cuir, fourrure (commun)} (VIT +1) { jambières (commun)} (VIT +1)
Ces équipements… c'étaient les seules choses précieuses qu'il possédait. Il les avait trouvés soigneusement rangés dans un coffre cadenassé, probablement préparé par l'ancien Khaevar, celui dont il avait désormais hérité la vie. Ses genouillères d'acier portaient encore les marques d'anciens affrontements. Bien sûr, cet équipement a dû appartenir à son père ou un membre de sa famille.
Comme la plupart des barbares aventuriers, il était torse nu, exposant fièrement ses tatouages rituels, symboles de son clan mais aussi de tous les barbares et de son passage à l'âge d'homme.
Son regard, maintenant, était plein de détermination. Il fixa la porte.
Son cœur battait à toute vitesse.
Il attrapa son arme, l'attacha dans son dos d'un geste sûr, pris un sac rapiécé trouvé dans la maison, puis poussa la porte avec force.
L'air vif du matin le frappa, comme pour le réveiller une seconde fois.
— « Bien. Il est temps. » souffla-t-il.
Il jeta un dernier regard à sa maison vide.
— « Je dois rejoindre les autres sur la place publique… Là où, hier encore, se déroulait le rite de passage. »
Sans se retourner, Khaevar s'élança dans les rues du village de Varkrog, prêt à entamer son voyage vers l'Empire d'Aurélion.
Arrivés sur la place publique, ils attendirent quelques instants avant d'entamer la marche vers l'Empire.
Le voyage fut long. une demi-journée de marche, rythmée par les pas lourds des jeunes guerriers, jusqu'à atteindre enfin les portes d'Aurélion.
L'Empire d'Aurélion.
L'un des dix plus grands empires du monde d'Ætherion. Un territoire vaste, puissant, mais surtout neutre, tout comme six des autres empires existants.
Aurélion était un carrefour, un lieu où les six races jouables cohabitaient et formaient les fondations même de ce monde : les Humains, les Elfes, les Nains, les Thérianthropes, les Barbares et les Technomorphes.
Cet empire, bien que cosmopolite, était gouverné par des Humains. À sa tête se trouvait Valerius Lionheart, l'Empereur au Cœur de Feu, souverain respecté et redouté de tous.
La famille impériale des Lionheart résidait dans le prestigieux Palais Impérial, situé au cœur de Nétherion, la capitale d'Aurélion.
Enfin, ils arrivèrent en vue de Nétherion, la cité impériale.
La capitale était protégée par une immense muraille de pierre qui semblait toucher le ciel. Ses remparts massifs inspiraient respect et admiration.
Autour de la porte principale, l'agitation battait son plein : des charrettes chargées de marchandises, des marchands aux voix criardes, des paysans venus des villages alentours… Tous allaient et venaient dans un ballet chaotique mais familier.
Deux sentinelles gigantesques, vêtues d'armures gravées de l'emblème impérial, gardaient l'entrée avec une prestance implacable. Leur regard perçait la foule, prêt à repérer le moindre intrus.
Khaevar et les autres traversèrent l'imposante porte.
Dès qu'ils pénétrèrent dans la ville, le brouhaha devint assourdissant : forges en activité, discussions vives, enfants courant entre les étals, musiciens de rue, éclats de voix et odeurs de pains frais et d'épices…
Un monde nouveau, grouillant de vie.
Un monde dans lequel Khaevar allait devoir trouver sa place.
Crépuscule sur Nétherion
Le soleil déclinait lentement à l'horizon, teintant les murailles de Nétherion d'un rouge cuivré.Les jeunes barbares étaient accompagnés d'un vétéran, un aventurier aguerri chargé de les guider jusqu'à la Place du Portail des Abysses, point d'entrée du redouté Grand Labyrinthe.
— « BIEN ! ÉCOUTEZ-MOI, TOUT LE MONDE ! » Sa voix tonna, imposante, couvrant le tumulte de la place.
[Identité : Enrik ]
Race : Barbare
Rang : D | Niveau : 38
Classe : Gardien | Rôle : Guide
— « NOUS SOMMES DÉJÀ À NÉTHERION. MAIS LE PORTAIL DES ABYSSES N'APPARAÎT QU'À DIX-NEUF HEURES. IL EST ACTUELLEMENT DAN LES ENVIRONS DE SEIZE HEURES.
VOUS ÊTES LIBRES DE FAIRE CE QUE VOUS VOULEZ D'ICI-LÀ… MAIS NE VOUS PERDEZ PAS DANS CETTE VILLE. DANS TROIS HEURES, NOUS NOUS RETROUVONS ICI. APRÈS DIX MINUTES D'ATTENTE, NOUS PARTIRONS. CELUI QUI N'EST PAS LÀ ? C'EST SON PROBLÈME.
SOYEZ PRUDENTS !! »
Dès ses derniers mots, les barbares se dispersèrent sans gêne à travers la cité. Riant, criant, chantant, bousculant… Khaevar, lui, resta en retrait, observant le groupe se fondre dans la ville avec toute la subtilité d'un troupeau de sangliers.
— « Allez les amis, si on allait voir du côté des armureries un peu plus loin ? »
— « GÉNIAAAAAL ! Et nous, on va à la taverne juste à côté pour fêter notre arrivée ! »
— « OUAIS !! À LA TAVERNAAA !! »
Des exclamations en cascade, bruyantes et désorganisées.
Non loin de là, des habitants râlaient :
— « Pff… Encore eux. »
— « Ces barbares ne peuvent donc pas se comporter comme des gens normaux ? »
— « Toujours bruyants… c'est insupportable. »
Khaevar, honteux, se crispa intérieurement.
— Hrrraa… pourquoi fallait-il que je sois un barbare, moi ? Je dois me coltiner une bande d'abrutis incontrôlables.
— « Hé, Khaevar fils de Lokhzel, tu viens avec nous ? » lança Floki, depuis le groupe.
— « Je… j'arrive. » répondit-il en se forçant à sourire.
Un peu plus loin, à l'écart du tumulte, une femme barbare aux cheveux blancs argentés, le visage dissimulé sous un masque pâle et par une cape encapuchonné, observait le groupe de Khaevar s'éloigner.
Il s'agissait de la mystérieuse Danseuse Valkyrie, celle qui exécutait les danses du rituels lors des rites de passage barbares.
Sans bouger, elle murmura intérieurement :
— « Ces idiots vont se perdre. »
Le groupe part explorer la ville, bourse en main.
Chaque nouvel aventurier avait reçu 10 pièces d'or (l'équivalent de 10 000 pièces de cuivre) pour s'équiper. Une fortune pour des débutants.
Ils commencèrent par une armurerie choisie… totalement au hasard.
— « HÉ LES GARS, REGARDEZ CE CASQUE, ON DIRAIT UN CASQUE D'ABRUTI ! Hahaha ! »
— « Hahaha !! » ricanaient les autres.
Le propriétaire, nerveux, transpirait à grosses gouttes.
Khaevar soupira intérieurement. — « Ha… c'est toi l'abruti. »
Un peu plus loin, dans une boutique d'alchimie :
— « RENDS-MOI CETTE POTION, C'EST MOI QUI L'AI VUE EN PREMIER ! »
— « NON, C'EST À MOI ! SI T'ES UN HOMME, SORS TON ARME, ON VA RÉGLER ÇA COMME DES VRAIS BARBARES ! »
— « OUAIS, BASTON ! »
— « MESSIEURS, CALMEZ-VOUS, VOUS ALLEZ TOUT CASSER ! » supplia le marchand, blême.
Khaevar se frotta les tempes :
— « Si seulement je pouvais devenir invisible… »
Et dans une taverne, choisie après un simple chi-fou-mi :
La scène était… chaotique.
Des chants avinés, des bras levés, des bagarres éclataient au moindre regard de travers.
— « QUOI, TU VEUX MA PHOTO ?! »
— « VIENS, SI T'ES UN HOMME ! »
— « BAGAAAAARRE GÉNÉRALE !! »
Le tavernier, lui, se frottait les mains :
— « Ah… rien de tel qu'une bonne baston pour faire grimper les mises sur les paris. »
Khaevar, désespéré :
— « Je veux rentrer chez moi… »
Soudain, Floki grimpa sur une table et hurla :
— « HÉ LES GARS ! LES GAAARS !! »
Les autres arrêtèrent un instant leur grabuge.
— « J'AI VÉRIFIÉ L'HEURE… ON EST EN RETARD POUR LE RENDEZ-VOUS ! »
Un barbare gloussa :
— « Tu sais lire ce truc, toi ? Hahaha… AOUTCH ! »
— « Tais-toi, espèce d'idiot ! » lança un autre en lui tapant la tête.
— « Merde, je me suis laissé distraire… » pensa Khaevar.
Aussitôt, tous sortirent précipitamment de la taverne, trébuchant les uns sur les autres, en direction du point de ralliement. Soudain, une barbare — car oui, il n'y avait pas que des hommes dans le groupe — lança d'un ton sec :
— « Les gars… vous pouvez me dire où on va exactement ? »
Un silence de plomb tomba sur le groupe. Tous baissèrent la tête d'un air penaud. — « Je crois qu'on est perdus… » murmura l'un d'eux.
— « Vu l'heure qu'il est, ça sert plus à rien d'essayer de retrouver le point de ralliement. Autant se diriger directement vers le portail des Abysses. Les autres doivent déjà y être. »
— « Le souci… c'est qu'on sait pas où c'est. »
C'est alors que Floki, les mains sur les hanches, bomba fièrement le torse :
— « Ne vous en faites pas, les amis ! Laissez-moi être votre leader, et je vous guiderai jusqu'au portail avec mon instinct de barbare ! »
— « OUAIIII !! FLOKI ! FLOKI ! FLOKI ! » hurlèrent les autres en chœur.
Quelques minutes plus tard…
— « Heu… les gars… je crois que… je crois qu'on est perdus. »
Tous tombèrent à nouveau sur leurs têtes dans un thud collectif désespéré.
— « NOOOON !! FLOKI EST UN MAUVAIS LEADER !!! » crièrent les barbares à l'unisson.
Floki, dévasté, éclata en sanglots. Ses larmes coulaient comme des chutes d'eau.
Khaevar, silencieux, regardait l'heure sur la petite montre bon marché qu'il avait achetée plus tôt : 23 h 00. Le portail se refermait cinq heures après son apparition. Il ne restait donc qu'une seule heure.
Perdu dans ses pensées, il souffla :
— « Si on rate le portail, c'est fini pour nous… Je n'ai plus le choix. »
Il leva alors les yeux vers les autres, prit une grande inspiration et déclara :
— « Ne vous en faites pas, les amis. Laissez-moi être votre nouveau leader, et je vous conduirai au portail avec mon instinct de barbare. »
— « OUAIIII !! KHAEVAR ! KHAEVAR ! KHAEVAR ! » crièrent-ils de nouveau, remplis d'espoir.
« Heureusement qu'ils sont beaucoup trop naïfs… » pensa Khaevar en soupirant.
Khaevar leva le poing.
— Il ne nous reste plus qu'à suivre les autres aventuriers. Ils nous mèneront au portail des Abysses.
— « ALLEZ, SUIVEZ-MOI, LES AMIS !! »
Quelques minutes plus tard…
— « REGARDEZ LES AMIS !! LE PORTAIL EST JUSTE LÀ DEVANT NOUS !! »
Tous se mirent à courir, hurlant de joie en retrouvant enfin les leurs. Devant eux, l'immense portail rouge vrombissait d'une énergie inquiétante. Des aventuriers de toutes races y entraient déjà, certains le cœur vaillant, d'autres le regard tremblant.
Enrik, les bras croisés, les accueillit avec un sourire soulagé :
— « Ha ! Vous voilà enfin, vous autres ! On a cru que vous étiez perdus. »
Floki, le bras autour du cou de Khaevar :
— « C'était le cas. Mais grâce à l'instinct de Khaevar, on a pu le trouver. »
— « OUAIIII !! » cria la bande de barbares.
— « Khaevar, c'est un vrai guerrier ! Un leader né ! » ajouta une barbare avec admiration.
Un peu à l'écart, la Danseuse Valkyrie, encapuchonnée, observait en silence. Derrière son masque blanc, impossible de lire ses émotions, mais son regard était fixé sur Khaevar.
Enrik reprit, d'un ton solennel :
— « Maintenant que tout le monde est là… c'est l'heure. Vous allez entrer dans le monde des grands. C'est ici que nos chemins se séparent. Alors bonne chance… Revenez avec gloire… ou mourrez avec honneur. Que notre déesse Vayella vous guide dans votre périple. »
Les barbares hurlèrent d'une seule voix :
— « OUAAAAII !! » — « VAYELLA !! » — « À NOUS LA GLOIRE !! »
Un sentinelle, debout près du portail, parla dans un mégaphone magique :
— « IL RESTE 10 MINUTES AVANT LA FERMETURE DU PORTAIL !! »
Les aventuriers commencèrent à franchir l'arche, un à un, puis en petits groupes. Les derniers instants s'écoulaient.
— « IL RESTE 5 MINUTES !! »
Khaevar, figé devant le portail rougeoyant, sentait son cœur battre à tout rompre.
« J'ai peur… mais je sens… une part de témérité. Un appel. Le danger me parle. Ætherion… me voilà. »
Un gros plan sur son dos : arme au poing, posture de guerrier. Il fait un pas en avant.
— « IL RESTE 1 MINUTE !! »
« Ce portail descend peut-être droit vers les abysses… mais il me fera monter vers la gloire. »
— « 30 SECONDES !! »
Alors, sans un mot, Khaevar s'élança, traversant le portail d'un bond furieux, juste une seconde avant qu'il ne se referme dans un grondement sourd.
Et ainsi débute…
L'Ascension de Khaevar.
L'Ascension du Barbare.