Ficool

Chapter 6 - ch6: les cendres du silence

Des semaines ont passé depuis la dernière cérémonie. Clara et Thomas ont repris une vie plus calme, mais l'ombre d'Élise plane encore sur eux. Les lettres anonymes continuent d'arriver, chacune décrivant un lieu abandonné et des phénomènes similaires.

Un matin, une enveloppe scellée par un étrange symbole arrive. À l'intérieur, une photo ancienne d'une ancienne mine de charbon, accompagnée de ces mots :

> « Là où les cendres murmurent, les vivants peuvent entendre les cris du passé. »

Clara : (regardant la photo)

"Cette marque… c'est le même symbole que dans le grimoire."

Thomas :

"Alors ce n'est pas fini. On dirait qu'Élise nous guide encore."

Ils décident de se rendre sur place. La mine, située à plusieurs kilomètres de la ville, est en ruine, encerclée par une forêt dense. Dès leur arrivée, l'air devient plus lourd, presque chargé d'électricité

En explorant les tunnels effondrés, ils entendent des murmures indistincts. Des voix, comme étouffées, résonnent dans les parois.

Clara : (frissonnant)

"Tu les entends, toi aussi ?"

Thomas :

"Oui... comme si elles étaient coincées entre deux mondes."

Au fond d'un couloir, ils découvrent un autel improvisé, entouré de masques de mineurs noircis par la suie. Une silhouette floue apparaît brièvement : une femme aux yeux brillants, semblable à Élise… mais différente.

Apparition :

"Vous avez brisé une chaîne… mais d'autres restent."

La silhouette disparaît, mais laisse derrière elle un pendentif identique à celui qu'Élise portait autrefois.

Dans une salle secrète, ils trouvent un deuxième grimoire, plus ancien, relié en cuir craquelé. Il contient des cartes, des noms oubliés, et une prophétie :

> « Quand l'ombre tombera sur les foyers silencieux, seuls les porteurs de mémoire pourront rétablir l'équilibre

Thomas :

"Ce que nous avons vécu n'était qu'un fragment. On nous a choisis pour quelque chose de plus grand."

Clara :

"Nous allons continuer. Pas seulement pour Élise, mais pour tous ceux qui n'ont jamais été entendus."

Guidés par les indications du nouveau grimoire, Clara et Thomas se dirigent vers un petit village industriel abandonné, Valacier, niché au creux d'une vallée brumeuse. Autrefois centre de production métallurgique, le site est aujourd'hui rongé par la rouille et le silence.

À leur arrivée, les habitants du village voisin les observent avec méfiance. Une vieille femme les interpelle.

Vieille femme :

"Vous ne devriez pas être ici. La forge murmure encore aux vivants… et elle réclame les siens."

Malgré les avertissements, Clara insiste pour entrer dans l'ancienne Forge Lefèvre, mentionnée dans le grimoire. Le lieu est figé dans le temps : outils, chaînes, fourneaux, tout semble prêt à redémarrer.

La nuit tombée, des bruits métalliques résonnent. Des silhouettes sombres apparaissent entre les murs, leurs corps comme fondus dans l'acier. Les ombres ici sont différentes : elles portent des chaînes, symboles de souffrance et de captivité.

Clara : (à voix basse)

"Ils ne cherchent pas à nous faire peur. Ils veulent qu'on les entende."

Thomas découvre une inscription gravée sur un pilier :

> « L'espoir est forgé dans le feu de la mémoire. »

Ils comprennent qu'une offrande doit être faite : une mémoire, un souvenir réel, doit être transmis pour briser les chaînes

Clara utilise un objet personnel d'Élise : une photo d'enfance qu'elle gardait dans son carnet. Elle la place dans le fourneau de la forge, suivant les indications du grimoire.

Thomas :

"Tu es sûre ? C'est tout ce qu'il nous reste d'elle."

Clara :

"Justement. C'est en partageant sa mémoire qu'on prolonge sa présence."

En brûlant la photo, une lumière chaude envahit la pièce. Les ombres s'approchent, puis se dissolvent lentement. Leurs chaînes tombent au sol, une par une, dans un bruit métallique assourdissant.

Une silhouette apparaît dans la lumière. Ce n'est pas Élise, mais un vieil ouvrier, dont les yeux brillent d'un éclat paisible.

Esprit de forgeron :

"Merci. Vos flammes ravivent notre nom. Mais le plus sombre reste à venir. La source approche."

Le grimoire change. De nouvelles pages apparaissent, révélant l'existence d'un ordre ancien, les Veilleurs du Néant, qui cherchaient à utiliser les souffrances des travailleurs pour atteindre l'immortalité.

Leur but : ouvrir une faille entre les mondes, utilisant les usines et mines comme des points d'ancrage rituels. Et l'un d'eux serait encore vivant.

Thomas :

"Quelqu'un a entretenu les rituels. Peut-être même qu'il les relance."

Clara : (résolue)

"Alors ce n'est plus seulement une mission de mémoire. C'est une lutte contre quelque chose de plus ancien… et de plus dangereux."

Alors qu'ils quittent la forge, Clara rêve d'Élise. Elle lui parle dans un murmure :

Élise (voix éthérée) :

"Ne doute jamais. Là où la souffrance fut cachée, la vérité éclaire. Mais attention… il y a une ombre qui te suit."

Clara se réveille en sursaut. Sur sa main, un nouveau symbole est apparu, gravé dans la peau comme une brûlure légère. Il ne ressemble à aucun autre vu jusqu'ici.

Thomas : (inquiet)

"Clara… et si cette marque venait de celui qui nous observe

Clara et Thomas poursuivent leur quête. Depuis la dernière cérémonie, Clara est hantée par des visions nocturnes — mais cette fois, ce ne sont plus seulement les esprits des anciens ouvriers… C'est Élise elle-même, ou du moins, quelque chose qui lui ressemble.

Élise (dans une vision, voix plus grave) :

"Tu as ouvert la voie, Clara. Mais certains souvenirs ne doivent jamais être réveillés. Il y a une raison pour laquelle le monde les a oubliés."

Clara se réveille en sueur, la respiration haletante. Le symbole sur sa main pulse, comme un cœur.

En explorant une vieille centrale électrique désaffectée, ils rencontrent un homme masqué, vêtu d'un manteau noir usé. Il dit s'appeler Le Gardien du Néant.

Gardien :

"Vous croyez sauver des âmes ? Vous ne faites que libérer des chaînes... pour en forger de nouvelles."

Clara :

"Les esprits souffrent. Nous leur offrons la paix."

Gardien : (avec froideur)

"La paix est une invention humaine. Ce que vous appelez souffrance... certains l'ont choisie pour éviter l'oubli. Brisez les chaînes, et vous les effacez."

Thomas reste figé.

Thomas :

"Tu veux dire… qu'en les apaisant, on pourrait les faire disparaître à jamais ?"

Gardien :

"Oui. Et certains ne veulent pas être oubliés. Ils veulent être vénérés. Craints. Transcendés."

Clara est de plus en plus troublée. Chaque rituel pourrait être une libération… ou une destruction de l'identité.

Clara :

"Et si on effaçait leur histoire ? Leur rage ? Peut-on parler de paix si on les prive de leur voix ?"

Thomas :

"Alors que faire ? Les laisser souffrir pour qu'on se souvienne ? C'est une forme de cruauté."

Clara : (les yeux baissés)

"Ou une forme d'honnêteté."

Dans un souterrain oublié sous la centrale, ils découvrent une fresque gravée à même la roche : La Loi de l'Écho, une règle ancienne des Veilleurs du Néant :

> « Toute douleur oubliée renaît sous une autre forme. Pour purifier une mémoire, un vivant doit s'y lier. »

Un passage attire l'attention de Clara :

> « Lorsque l'un des vivants se lie à l'ombre, il n'est plus un humain. Il devient une balance. Un pont. Ou un abîme. »

Clara comprend que le symbole gravé dans sa peau est une liaison spirituelle. Elle n'est plus une simple enquêtrice. Elle est devenue une mémoire vivante, une entité hybride entre les vivants et les morts.

Dans un rêve de plus en plus réel, Clara rencontre Élise… mais son regard est vide, sa voix résonne comme une incantation.

Élise (sombre) :

"Tu portes en toi les fragments de trop d'âmes, Clara. Tu crois les sauver, mais tu t'effaces toi-même."

Clara :

"Je ne peux pas les abandonner. Si on ne le fait pas… qui le fera ?"

Élise :

"Alors sois prête. Car la fin de la souffrance… c'est aussi la fin de l'innocence."

Au matin, Clara ressent les pensées des lieux hantés avant même d'y entrer. Elle entend les souvenirs comme des voix faibles, des chansons incomplètes. Elle peut désormais choisir quoi écouter… et quoi ignorer.

Mais chaque usage de ce pouvoir affaiblit son humanité.

Thomas :

"Tu changes, Clara. Tu ressembles de plus en plus à… eux."

Clara : (calmement)

"Parce que je les comprends. Et je me demande parfois… s'il y a encore une différence entre eux et moi."

Ils découvrent enfin une carte complète des sites rituels. Au centre : une ancienne chapelle industrielle, enterrée sous les fondations de la ville.

Thomas fixe Clara, inquiet.

Thomas :

"Ce dernier lieu… c'est là que tout a commencé, pas vrai ?"

Clara : (hésitante)

"Et peut-être là que tout doit finir. Ou recommencer."

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