Assis sur la proue du navire, Alexander, les jambes croisées et le poing gauche sur son menton, regardait à l’horizon d’un air absent.
Trois mois s’étaient rapidement écoulés depuis la grande guerre céleste, comme il aimait l’appeler.
De nombreuses pertes et de nombreux blessés s’étaient fait recenser dans la tribu.
Beaucoup de choses s’étaient passées durant ces trois mois, autre que l’entraînement et l’amélioration de la force de l’équipage.
Actuellement, lui, Abdul et Delilah pouvaient utiliser les deux types de haki aisément. Alger et Crocus n’ont malheureusement pas pu le faire en six mois, même si la guerre a aidé à s’améliorer grandement.
Alger était plus spécialisé dans le haki de l’observation, à tel point que, dans l’équipage, personne ne lui arrivait à la cheville, bien que ça soit encore à prouver dans un combat. Et en parlant du haki, Alger avait un corps qui, malheureusement, n’était pas encore assez fort pour accueillir le haki de l’armement.
Évidemment, dans le futur, il le fera, mais ça, c’est dans le futur.
Crocus, lui, a débloqué son haki de l’armement, mais il était malheureusement trop faible et se brisait à chaque impact. Sans parler de son haki de l’observation…
Tap –
Tap –
Entendant des bruits de pas claquer sur le sol du pont, Alexander releva légèrement la tête et se retourna avec nonchalance.
« Alger ? »
Alger avança et se mit à l’extrémité de la barrière, sur la droite de la proue du navire, et la caressa de sa main droite d’un mouvement circulaire.
« Le navire a beaucoup changé. »
Alexander hocha la tête en regardant autour de lui.
« Ils ont fait du bon travail. »
Durant ces trois mois, autre que l’entraînement, deux autres choses très importantes s’étaient produites pour l’équipage dans sa globalité.
La première étant que, pour récompenser la participation de l’équipage d’Alexander, la tribu a décidé d’améliorer leur navire et de l’agrandir.
Maintenant, le navire, le Super Briseur de Vague Céleste Noir et d’Or qui finira Grand Line très facilement en un rien de temps, un nom décidé par Alexander après avoir gagné au bras de fer avec le reste de l’équipage, a été complètement métamorphosé.
Il fait maintenant plus de trois fois ses dimensions passées, de nouvelles chambres ont été ajoutées, la salle de stockage agrandie, la cuisine améliorée, et la salle de contrôle agrandie elle aussi.
Au-delà des chambres, certaines technologies des hommes des cieux ont été adaptées au navire, telles que des propulseurs pour booster la vitesse et d’autres choses dont Alexander n’avait pas pris la peine de comprendre.
« C’est le travail du timonier et du charpentier de savoir tout ça. » avait dit Alexander quand le constructeur lui expliquait, clairement par paresse et ennui de l’écouter parler sans arrêt.
Et la deuxième chose importante qui s’était produite a été trois nouvelles recrues qui les avaient rejoints via Imrân.
Un timonier, un charpentier et un combattant… ou plutôt une combattante.
« Comment les recrues se comportent-elles ? » demanda Alexander en se curant le nez. Il semblait qu’un trésor y soit caché au plus profond, au vu de ses efforts.
Alger ferma les yeux sur son comportement et répondit calmement :
« Plutôt bien, certains ont encore des hésitations, mais ça va passer. »
« Je vois. » souffla Alexander avec satisfaction en regardant son petit doigt. Il avait trouvé le trésor.
« En parlant de voir… » D’une voix hésitante, Alger regarda le visage d’Alexander.
« Je n’arrive toujours pas à m’habituer au fait que tu aies perdu un œil. »
Alexander se tourna lentement vers Alger, laissant son visage pleinement en vue. Ses cheveux, n’ayant pas été coupés, avaient grandi et se laissaient emporter sur ses épaules, mais au-delà de ça, sur son œil gauche, un cache-œil noir était posé, camouflant complètement son œil.
Alexander tendit son petit doigt et le relâcha férocement droit sur le visage d’Alger.
Une petite boule noire accéléra à toute vitesse vers le visage d’Alger.
Alger pencha légèrement la tête sur le côté et la petite boule passa sans le toucher.
« C’est assez impoli, capitaine. » déclara Alger d’une voix enrouée.
« Tch. » Alexander claqua de la langue avant de se lever de la proue du navire.
Il portait une chemise blanche boutonnée et complètement fermée. Au-dessus, drapé sur ses épaules, était son long manteau avec ses manches lâchées dans le vent.
Un pantalon noir et ample et une paire de bottes noires et gris foncé suffisaient pour le bas.
« Est-ce que tout est prêt ? »
Alger hocha la tête calmement, comme si sa remarque et les événements précédents ne s’étaient jamais produits.
« Oui, on peut y aller à tout moment. »
« Bonne nouvelle ! Mais avant ça, je vais aller voir Imrân et je reviens très vite. » Alexander tendit les jambes, prêt à se propulser vers la zone où il sentait Imrân.
« Oh, et je n’ai pas perdu mon œil, on me l’a volé ! Ok ? Volé ! Pas perdu ! »
Avant de se propulser en avant et de disparaître du champ de vision direct d’Alger, bien qu’il le sentît encore avec son haki.
« Volé ? Un œil perdu reste un œil perdu. » murmura Alger d’un air dérisoire avant de s’en aller.
…
Pouf –
Atterrissant sur le sol d’un air contrôlé, Alexander souffla légèrement.
Repensant à sa discussion avec Alger, Alexander fronça les sourcils et posa sa main sur la partie gauche de son visage, face au cache-œil qui couvrait son œil gauche.
« Je le récupérerai, tu verras, satané piaf de merde. » se dit-il en grimaçant comiquement.
Après ça, Alexander se changea les idées et chercha Imrân avec son haki dans les profondeurs de la forêt.
C’était un endroit qu’il avait rarement visité ; toutes les bêtes les plus coriaces étaient placées ici par les membres de la tribu, et le bétail, lui, pouvait donc se promener dans les alentours sans avoir à disparaître subitement.
« N’empêche, ils sont plutôt coriaces. »
Le poing fumant, Alexander avait « éduqué » plus d’une dizaine de bêtes qui recherchaient la mort. Bien qu’il aurait pu les effrayer avec son Haki, Alexander avait quand même décidé de les éduquer.
« C’est pour leur bien », se disait-il.
Quelque temps s’était encore écoulé et Alexander fut enfin arrivé à l’endroit où Imrân était.
Une cabane était là, en plein milieu de la forêt. Elle était petite, à peine plus grande qu’un abri de chasse, faite de vieilles planches brutes noircies par l’humidité et très certainement par le temps aussi.
Son toit en tôle rouillée était cabossé, couvert de feuilles mortes et de branches cassées. Une mince cheminée tordue émergeait sur le côté, prête à s’écrouler au moindre souffle.
Les fenêtres, étroites, étaient étonnamment propres et en bon état. La porte, lourde et déformée, pendait légèrement de travers sur ses gonds rouillés.
Autour, les ronces et les racines avaient gagné du terrain, encerclant la cabane comme pour l’étrangler.
C’était très atypique de trouver une cabane seule au milieu d’un monde hostile, mais Alexander n’y réfléchit pas énormément en sentant Imrân à l’intérieur.
Mais il semblait qu’il ne soit pas seul.
« Hein ? Papi Hussein ?! Ça faisait longtemps ! »
Se réjouit Alexander en voyant la figure qui le saluait depuis la fenêtre.
Sans perdre de temps, Alexander entra dans la cabane.
L’intérieur était modeste, il n’y avait qu’une seule pièce.
Le sol était en bois brut, un peu bosselé mais sec et solide. Contre un mur, une table en bois grossier avec trois chaises dépareillées, dont deux occupées.
Un petit poêle à bois occupait un coin, avec une pile de bûches rangée juste à côté. Il y avait une étagère fixée au mur, contenant quelques boîtes métalliques, une lampe à pétrole, et des objets utiles comme une corde, une épée rangée dans son fourreau et un ensemble de vêtements noir et blanc.
Un lit simple était installé contre le mur du fond, recouvert d’une couverture en laine épaisse. Près de la porte, un seau, un balai usé et une paire de bottes boueuses. L’unique fenêtre laissait passer une lumière pâle, filtrée par le verre sur les vitres. L’endroit sentait le bois sec et la fumée, mais cela ne semblait pas déranger Alexander.
S’asseyant sur l’une des chaises libres, Alexander salua Imrân et Hussein.
Et sans perdre de temps :
« Je vais partir. »
La main d’Imrân qui tenait une bouteille de vin se figea quelques instants avant qu’il ne l’amène à sa bouche et s’en abreuve.
« C’est donc enfin l’heure ? » s’exclama Imrân en s’essuyant la bouche.
Alexander hocha la tête d’un air sérieux.
« Pas la peine d’en faire tout un plat, sur ces mers, rien n’est absolu, nous nous reverrons, Alexander-san. » Hussein, qui était jusque-là muet, décida de parler.
Hussein était un vieil homme de plus de 70 ans qui vivait en reclus au fin fond de la forêt interdite.
Il avait les cheveux blancs tombant en masse sur ses épaules et une barbe bien garnie d’une blancheur immaculée.
Les yeux vert clair et les sourcils épais, le visage de Hussein était marqué d’une vilaine cicatrice courant le long de sa joue jusqu’à son front.
Vêtu d’un simple ensemble de vêtements de fermier, Hussein ne semblait pas avoir la carrure d’un homme fort, et pourtant, dans cette pièce, il l’était.
« En effet, papy ! Bien dit ! »
La relation entre Alexander et Hussein était assez spéciale, car après la guerre, ce n’était plus Imrân qui l’entraînait mais Hussein.
Pris d’attachement pour lui, il décida de l’entraîner, chose qu’Alexander avait presque rejetée, mais un simple regard de sa part l’avait complètement vaincu à l’époque.
Et bien qu’Alexander ne veuille pas l’admettre, il avait un faible pour les personnes âgées : rien de romantique, mais Alexander les respectait et les appréciait plus que les autres.
Imrân soupira légèrement avant de prendre trois tasses et de les remplir de saké.
Il en prit une pour lui-même, et donna une à Hussein et une autre à Alexander.
« Alors c’est une promesse. Quand nous nous reverrons, je te combattrai, et sache que je ne ferai pas preuve de pitié, Alexander », déclara Imrân, souriant et regardant droit dans l’œil rouge d’Alexander.
Alexander hocha la tête vigoureusement.
« Ça sera plutôt moi qui ne vais pas me retenir, vieil homme. »
Avant de prendre sa tasse et de la boire en une gorgée.
« Vieil homme ? » Une tique se forma sur le front d’Imrân avant qu’il ne prenne sa tasse et la boive à son tour.
« J’ai hâte d’y être », s’exclama Hussein en prenant sa tasse.
Une bonne dizaine de minutes passa dans la discussion en se remémorant le bon vieux temps qu’avait connu Hussein quand il était plus jeune, avant qu’Alexander ne décide de se lever.
« Il est temps ? » demanda Imrân en prenant une gorgée de sa boisson.
Alexander hocha la tête, les joues rougies par l’alcool. Durant son séjour sur l’île, il avait trouvé pour passe-temps de se saouler avec Imrân.
« Bien, alors fais attention à toi. »
« Imrân, merci. Je veux dire, merci pour tout ce que tu as fait pour moi et l’équipage. Sans toi, nous ne serions pas là où nous sommes actuellement. Je te dois énormément. Si tu as un problème, quelle que soit l’ampleur, n’hésite pas », déclara Alexander en ouvrant la porte de la cabane et s’apprêtant à partir.
Imrân secoua la main.
« Pas la peine, même sans moi, avec ton talent et ceux de tes nakama, vous l’auriez fait. »
Alexander hocha la tête, bien qu’il en doutât.
« Oh, et un petit avertissement », dit subitement Imrân.
Alexander tendit l’oreille et regarda Imrân dans les yeux, sentant le changement d’ambiance dans la cabane.
Tout l’alcool qui coulait dans son sang semblait avoir été dissipé.
« Comme tu le sais déjà, j’étais un ancien marine, et pendant mon très long mandat, j’ai vu beaucoup de choses, Alexander », déclara Imrân très sérieusement, sa bouteille à la main, ses doigts semblant pouvoir glisser à tout moment.
« Et je peux te dire une chose, Alexander… »
Alexander gloussa en voyant tout cet air sérieux.
Avant que tout ne se brise.
CLAC —
« Vas-y, salaud ! Dis-le au lieu de prendre ton temps ! Tu vois pas qu’il est pressé ? » rugit Hussein, les joues rougies, en claquant le crâne d’Imrân.
Étant saoul, Hussein n’avait pas la même patience.
« Pas la peine de me frapper, vieille peau… » murmura Imrân en se frottant le crâne.
« Hein ? T’as dit quelque chose ? »
« N-Non ? Ahem — je disais : Alexander, fais attention au Gouvernement Mondial. Ne rentre pas en guerre avec eux avant d’avoir le pouvoir de survivre », déclara Imrân rapidement, de peur d’être interrompu une nouvelle fois.
Les coins de la bouche d’Alexander tremblèrent légèrement.
« Je vois, merci. Est-ce tout ? » demanda-t-il, plus par respect que par autre chose.
« Oh, et aussi, si tu croises l’amiral ShiroiHato, passe-lui le bonjour de ma part. »
« Si je survis à ça, je le ferai. »
Croiser un amiral de la Marine en étant un pirate était souvent synonyme de mort sans issue. Mais Alexander le ferait.
Pourquoi ?
Parce qu’Imrân le lui avait demandé, tout simplement.
« Merci. »
Le remercia Imrân avant de prendre une gorgée de sa boisson.
« Et toi, papy ? As-tu quelque chose que tu veux que je fasse ? » demanda Alexander en souriant chaleureusement à Hussein.
« Moi ? » Hussein se pointa du doigt avant de réfléchir à quelque chose. « Eh bien, chamboule le monde, et peut-être que je descendrai m’amuser avec toi ! Gwarawhahaha ! »
« Chambouler le monde ? Dahahahaha ! C’est comme si c’était fait, papy ! »
Riaient Hussein et Alexander à gorge déployée. Pris par l’action, même Imrân se mit à rire.
Et c’est dans ces rires qu’Alexander s’en alla, d’un pas confiant et ambitieux.
…
Les rires perdurèrent quelques instants avant de s’éteindre lentement.
« Ce petit va aller loin ! Il me rappelle moi quand j’étais jeune ! » déclara Hussein en prenant une goulée de sa boisson.
« Tu penses ? » Imrân regarda sa boisson en transe, essayant d’y voir quelque chose qu’il ne pouvait pas.
« Le temps nous le dira, kekeke ! »
Et dans cet cabane au milieux d’un monde dangereux , deux hommes au époque complètement différente picolèrent jusqu’à ne plus savoir qui ils étaient.
…
Je laisserai une photo d’Alexander avec les cheveux longs et le cache-œil dans les commentaires. Je laisserai aussi une photo du navire, cette fois-ci ce n’est pas moi qui l’ait fait.
J’ai dessinée Alexander avec mes propres doigts de pouilleux , donc louez-moi !
