Ficool

Chapter 2 - chapitre 2

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Je m'occupais des plantes dans le jardin, savourant la tranquillité de la fin d'après-midi. L'air était doux, et l'eau de l'arrosoir glissait doucement sur les feuilles, nourrissant la verdure autour de moi. C'était un moment paisible, jusqu'à ce qu'une sensation étrange me traverse. Un frisson. Je levai les yeux, et c’est là que je le vis.

L’homme aux yeux bleus se tenait derrière la fenêtre du bureau de Papa, son regard perçant fixé sur moi. Ses yeux, d’un bleu profond et inhabituel, captèrent les miens. Un instant, je restai figée, sentant mon cœur battre plus vite. La chaleur monta à mes joues et je détournai le regard, troublée par l’intensité de son attention. Pourquoi ce simple échange me mettait-il dans cet état ?

À l'intérieur, l'homme détourna lentement son regard d'Esther pour se tourner vers Aaron Adom, le père de la jeune fille. Aaron sentit une tension inhabituelle dans l'air. L'homme se redressa, l'expression sérieuse, et déclara d'une voix grave :

— Vous savez, monsieur Adom, il n'y a pas que les affaires qui m'intéressent ici.

Aaron fronça légèrement les sourcils, surpris par cette déclaration. Le silence s'épaissit tandis que l'homme jetait un dernier coup d'œil par la fenêtre, où Esther reprenait son activité, feignant l’indifférence.

— J'imagine que vous avez remarqué l'attention que je porte à votre fille, continua l'homme, ses yeux bleus clairs et déterminés.

La surprise envahit le visage d'Aaron. Il connaissait bien cet homme pour ses affaires prospères et ses manières directes, mais aborder ce sujet si soudainement le laissait sans voix. Après quelques secondes, il répondit, un peu raide :

— Oui, j'ai… remarqué.

L'homme esquissa un léger sourire avant de poursuivre :

— J'aimerais être franc, monsieur Adom. J'aimerais faire d'Esther ma femme. Pas maintenant, mais lorsqu'elle aura terminé le lycée. Je suis prêt à attendre et à garantir qu'elle suive son parcours académique. En plus, je m'engage à vous soutenir et à offrir à votre famille des conditions de vie meilleures : une dot généreuse, l'inscription d'Esther dans une université prestigieuse, et des opportunités d'études pour ses frères.

Aaron serra discrètement les poings, le cœur lourd. Il pesait l'ampleur de cette proposition. Bien sûr, les promesses étaient alléchantes, et l'avenir de sa famille pouvait changer du tout au tout, mais il n’était pas question de précipiter une décision aussi importante. Esther était encore jeune, et il ne voulait pas que sa vie soit dictée par les ambitions d’un autre.

— Elle est encore si jeune, dit-il enfin, sa voix marquée par une hésitation contrôlée. Je ne peux envisager cela sans réfléchir profondément.

L'homme aux yeux bleus resta impassible, son regard persistant.

— Je comprends vos réserves, monsieur Adom, mais sachez que je m'engage à respecter le temps nécessaire et à offrir tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir un avenir radieux à Esther et à votre famille.

Le silence retomba, Aaron cherchant encore ses mots. Finalement, il se redressa et déclara, le ton plus ferme :

— Laissez-moi en discuter avec ma femme. Nous vous donnerons notre réponse après mûre réflexion, et c’est moi qui en parlerai à Esther.

L’homme hocha la tête, un sourire satisfait effleurant ses lèvres. Il serra la main d’Aaron avant de partir, laissant derrière lui une atmosphère pesante.

Une fois que l’homme aux yeux bleus fut parti, Aaron Adom resta quelques instants immobile dans son bureau, tentant de digérer l’ampleur de la proposition qui venait de lui être faite. Son esprit bourdonnait de questions et de doutes. La maison, d’ordinaire bruyante avec la présence de ses enfants, semblait soudain plus silencieuse. Il se passa une main sur le visage, prit une profonde respiration et se dirigea vers la chambre conjugale où sa femme, Clara, l’attendait.

Les enfants, assis dans le salon, étaient absorbés par une émission télévisée et ne remarquèrent pas le passage de leur père. Il entra dans la chambre et referma la porte derrière lui, attirant l’attention de Clara, qui s’empressa de poser son ouvrage pour le regarder.

— Aaron, quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle, voyant son visage préoccupé.

Il s’assit au bord du lit, soupira et commença à expliquer la rencontre. Chaque mot, chaque détail de la proposition de l’homme, semblait rendre Clara de plus en plus attentive. Lorsqu’il termina, ses yeux brillaient d’une lueur d’émerveillement.

— C’est incroyable ! Je n’aurais jamais imaginé cela, dit-elle, presque en chuchotant. Dieu nous a vraiment fait grâce, Aaron. Toutes nos prières ont été entendues.

— Clara, calme-toi un instant, répliqua Aaron, sa voix marquée d'une pointe de frustration. As-tu bien entendu ce qu’il veut ? Il souhaite épouser Esther dès ses dix-huit ans. Je ne peux pas forcer cela sur elle. Comment penses-tu que nous pouvons lui annoncer une telle chose sans la choquer ?

Clara posa une main rassurante sur son bras.

— Mon chéri, ne t’inquiète pas. Ce ne sera pas un mariage forcé. Je sais qu’Esther ressent peut-être quelque chose pour cet homme, même si elle n’ose pas en parler. Je vais lui expliquer la situation en douceur, lui laisser le choix. Si elle dit non, nous respecterons sa décision. Mais je pense qu’elle comprendra les opportunités que cela pourrait offrir, pour elle et pour nous.

Aaron baissa les yeux, partagé entre la responsabilité paternelle et la tentation de voir l’avenir de sa famille changer du tout au tout. Il hocha finalement la tête.

— Très bien, mais choisis bien tes mots. Elle doit savoir que nous la soutiendrons, peu importe sa réponse.

Clara acquiesça avec un sourire tendre, puis se leva et se dirigea vers la chambre d’Esther. Elle frappa doucement et entra, refermant la porte derrière elle. Esther, qui était allongée sur son lit, se redressa en voyant l'expression sérieuse de sa mère. Son cœur se serra, pressentant que cette conversation allait être importante.

— Ma fille, commença Clara avec un ton doux, tu es devenue une si belle jeune femme. Je te dis souvent qu'avec tes formes, tu pourrais déjà…

— Maman, arrête ! répondit Esther, les joues rouges, gênée par cette remarque familière.

Clara sourit, reconnaissant la gêne de sa fille, mais reprit rapidement un air sérieux.

— Écoute, tu te souviens du client de ton père dont tu m'as parlé ? Eh bien, il a fait une proposition de mariage… pour toi.

Esther écarquilla les yeux, le choc peignant chaque trait de son visage. Les mots se répétaient dans sa tête, mais elle peinait à les comprendre.

— Une proposition de mariage ? Pour… moi ? murmura-t-elle, abasourdie.

Clara hocha la tête et continua, expliquant les termes du mariage, les avantages, la dot généreuse, la promesse de continuer ses études et les opportunités pour ses frères. Malgré le flot d'informations, Esther sentit une pression s’installer dans sa poitrine.

— À la fin de tes études secondaires, il voudrait t’épouser, reprit Clara avec douceur. Mais sache que tout repose sur toi. Si tu refuses, ton père et moi ne t’en voudrons jamais. La décision t’appartient.

Un silence s’installa dans la pièce. Esther, encore sous le choc, cherchait ses mots. La réalité de cette proposition, avec tout ce qu’elle impliquait, pesait sur elle comme jamais auparavant.

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